… accommodable à toutes les sauces.
L’actualité nous a asséné un tel coup qu’il faut bien reprendre son souffle, si l’on ne veut pas se joindre aux concerts tonitruants de la bien-pensance. Ce qui est dit et clamé partout relève de reflexes automatiques et ne donne aucune piste intéressante pour sortir les réflexions des sentiers rebattus où elles sont enlisées.
Alors voici une petite histoire …
Il fut un temps, pas tellement éloigné, où les tortues banales se hâtaient lentement dans les campagnes françaises.
Un jour, un paysan se rendit chez son médecin pour se faire soigner pour toutes sortes de sérieuses contusions. Celui-ci l’interrogea sur l’origine de ses blessures. Il répondit « C’est à cause d’une tortue-poteau »
Voulant en savoir plus, le médecin lui-demanda « C’est quoi une tortue-poteau ? » Alors, voici ce qu’il en est :
« Si vous rencontrez dans la campagne une tortue, le plastron posé sur un poteau de clôture, vous voyez la bestiole ramer de ses quatre petites pattes, remuer la tête et la queue de droite et de gauche. De temps en temps, elle se repose, se replie dans sa carapace et réfléchit semble-t-il, à moins qu’elle pique un roupillon. Dans sa petite tête elle doit se demander « qu’est-ce je fous là ? », … et elle ne fait que ce qu’elle sait faire, essayer de s’agiter. Mettez-vous à sa place.
Vous allez très rapidement vous dire qu’elle n’a pas pu grimper toute seule là-haut. Alors une question va vous venir naturellement aux lèvres « quel est l’abruti qui l’a installée à cet endroit ? ».
Mais gardez soigneusement votre langue dans votre poche, ne posez pas la question à haute voix à la cantonade. Les abrutis se baladent souvent en bande. S’ils vous entendent, s’ils se sentent en force, ils vont vous faire un mauvais parti. C’est ce qui était arrivé au paysan roué de coups.
Ne plaignez pas trop la tortue. Même si vous ne l’aidez pas, à force de gesticuler, elle va tomber tôt ou tard de son perchoir, protégée par sa carapace. Elle va alors reprendre, à son allure de tortue, son parcours de pacage garni de salades ou autres pitances savoureuses ».
Nos campagnes sont encore abondamment garnies de bestioles à face humaine complètement inadaptées au piédestal statutaire imposant où elles sont installées. Ce que j’apprécie dans cette histoire, c’est qu’elle peut s’utiliser dans toutes sortes de contextes, de droite comme de gauche ou d’ailleurs : c’est paradoxal.
Nota : La recherche de tortues-poteaux à remettre au pacage est un moyen classique de défoulement face aux événements auxquels nous sommes régulièrement confrontés. Cela détend mais laisse les abrutis continuer de sévir.
Pour que cette petite histoire vous soit utile, je vous propose un moyen pour animer une soirée entre copains. Racontez-leur l’histoire et proposez un concours. Le gagnant sera celui qui dressera la plus longue liste de tortues-poteaux à replacer au ras des pâquerettes.
… à plus …