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18 novembre 2015 3 18 /11 /novembre /2015 07:58
Une histoire de tortue-poteau

… accommodable  à toutes les sauces.

 

L’actualité nous a asséné un tel coup qu’il faut bien reprendre son souffle, si l’on ne veut pas se joindre aux concerts tonitruants de la bien-pensance. Ce qui est dit et clamé partout relève de reflexes automatiques et ne donne aucune piste intéressante pour sortir les réflexions des sentiers rebattus où elles sont enlisées. 

Alors voici une petite histoire …

 

Il fut un temps, pas tellement éloigné, où les tortues banales se hâtaient lentement dans les campagnes françaises.

Un jour, un paysan se rendit chez son médecin pour se faire soigner pour toutes sortes de sérieuses contusions. Celui-ci l’interrogea sur l’origine de ses blessures. Il répondit « C’est à cause d’une tortue-poteau »

Voulant en savoir plus, le médecin lui-demanda « C’est quoi une tortue-poteau ? » Alors, voici ce qu’il en est :

 

« Si vous rencontrez dans la campagne une tortue, le plastron posé sur un poteau de clôture, vous voyez la bestiole ramer de ses quatre petites pattes, remuer la tête et la queue de droite et de gauche. De temps en temps, elle se repose, se replie dans sa carapace et réfléchit semble-t-il, à moins qu’elle pique un roupillon. Dans sa petite tête elle doit se demander « qu’est-ce je fous là ? », … et elle ne fait que ce qu’elle sait faire, essayer de s’agiter. Mettez-vous à sa place.

 

Vous allez très rapidement vous dire qu’elle n’a pas pu grimper toute seule là-haut. Alors une question va vous venir naturellement aux lèvres « quel est l’abruti qui l’a installée à cet endroit ? ».

Mais gardez soigneusement votre langue dans votre poche, ne posez pas la question à haute voix à la cantonade. Les abrutis se baladent souvent en bande. S’ils vous entendent, s’ils se sentent en force, ils vont vous faire un mauvais parti. C’est ce qui était arrivé au paysan roué de coups.

 

Ne plaignez pas trop la tortue. Même si vous ne l’aidez pas, à force de gesticuler, elle va tomber tôt ou tard de son perchoir, protégée par sa carapace. Elle va alors reprendre, à son allure de tortue, son parcours de pacage garni de salades ou autres pitances savoureuses ».

 

Nos campagnes sont encore abondamment garnies de bestioles à face humaine complètement inadaptées au piédestal statutaire imposant où elles sont installées. Ce que j’apprécie dans cette histoire, c’est qu’elle peut s’utiliser dans toutes sortes de contextes, de droite comme de gauche ou d’ailleurs : c’est paradoxal.

 

Nota : La recherche de tortues-poteaux à remettre au pacage est un moyen classique de défoulement face aux événements auxquels nous sommes régulièrement confrontés. Cela détend mais laisse les abrutis continuer de sévir.

Pour que cette petite histoire vous soit utile, je vous propose un moyen pour animer une soirée entre copains. Racontez-leur l’histoire et proposez un concours. Le gagnant sera celui qui dressera la plus longue liste de tortues-poteaux à replacer au ras des pâquerettes.

 

… à plus …

commentaires

A
Il y a une hiérarchie dans les sources de contraintes qui modèlent et dirigent nos sociétés. Les "bons sentiments" ou les valeurs, sont sans doute fondamentaux mais peu contraignants, et les lois ou réglementations, parfois incohérentes, prises par des institutions nationales ou locales, sont plus disparates. Mais toutes ces règlementations se réfèrent à des constitutions, des conventions universelles et des traités qui tentent de faire le lien entre ces réglementations et nos valeurs fondamentales. Qu'il y ait des réglementations parfois disparates prises par des majorités fluctuantes ne devrait pas faire oublier qu'il y a aussi des lois fondamentales contraignantes, cohérentes et difficilement modifiables, devant lesquelles les règlementations doivent céder, si l'on parvient à recourir à une lente justice, même si nos politiques parviennent souvent à les ignorer aussi longtemps que possible pour des raisons démagogiques. La distinction qui peut être faite entre valeurs et lois fondamentales d'une part, et " réglementations qui bougent de manière incohérente au gré des événements" d'autre part, n'est pas qu'une question d'opinion.
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A
S'il faut "souligner un point faible de vos élucubrations", relevons, pour le plaisir de la recherche de cohérence, la phrase " Ce qui est dit et clamé partout relève de reflexes automatiques et ne donne aucune piste intéressante pour sortir les réflexions des sentiers rebattus où elles sont enlisées."<br /> Nous, les irrévérencieux curieux sommes souvent en train d'explorer des sentiers nouveaux, loin des sentiers rebattus, loin des tortipotiposeurs.<br /> Mais "ce qui est dit et clamé partout" a quand même beaucoup évolué par rapport à ce qui se disait et clamait il y a moins d'un siècle. Il y a des clameurs nouvelles, généreuses, altruistes, compatissantes, universalistes, qui donnent des pistes intéressantes. Et les clameurs qui ressemblent à en frémir à celles que nous raconte notre histoire récente, sont bridées par des institutions, tribunaux, traités, conventions et règles internationales nouveaux, plus ou moins contraignants, intégrés souvent dans les législations nationales. Cela peut nous faire espérer que ces clameurs à frémir ne produiront pas les mêmes effets que du bon vieux temps des bonnes guerres qu'il nous faudrait pour tout comprendre, selon l'une ou l'autre tortue-poteau.
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E
Les "bons sentiments" diffusés de manière subliminale par des réglementations qui bougent de manière incohérente au gré des événements sont-ils suffisants pour neutraliser ceux qui les récusent ? A chacun son opinion.

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  • Ahuri par certains comportements, allergique au prêt-à-penser et narquois à l'égard du politiquement correct.

Pour en savoir plus, se reporter à la page "Le masque d'Esope";
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