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25 janvier 2016 1 25 /01 /janvier /2016 15:48
 Les abeilles et les papillons

  Information et phéromones 

 

Le billet précédent nous laissait devant une interrogation :

  • faut-il s’abandonner à des automatismes, propres à notre espèce parmi toutes les autres, en comptant sur une sorte d’intelligence commune intuitive qui se dégagerait des comportements aléatoires, par la sélection darwinienne au fil des millénaires, en fonction de leurs conséquences favorables ou non à la survie ? Faut-il donc s’abandonner à une sorte de matérialisme animal ?
  • faut-il se laisser guider par une réflexion sur le « bien ou mal », donc entrer dans un système de valeurs personnelles, mais pouvant être mises sur la place publique par le moyen d’échanges de ressentis conceptualisés, communiqués entre individus par le moyen d’un corpus de « principes communs » à toujours réactualiser, en exploitant l’originalité fondamentale de l’espèce humaine, à savoir la pensée symbolique ?

 

Il faut aussi prendre en compte que la réussite spectaculaire de l’espèce humaine tient à sa capacité de s’organiser de manière ultra-complexe, en des collectivités très structurées, indispensables pour parvenir à l’efficacité collective spectaculaire qui est la notre si l’on considère sa créativité et l’ensemble de ses multiples réalisations. L’individu humain isolé est un être extrêmement fragile.

 

Pour explorer la première branche de l’alternative, regardons les espèces animales très structurées qui perdurent depuis des dizaines de millions d’années, ce qui est la preuve incontestable de l’efficacité de leurs pratiques.

 

Quand il s’agit de symboliser un monde axé sur la production savamment organisé et dédié uniquement à la consommation, la ruche est toujours choisie. Elle est vue comme le système socioéconomique animal le plus structuré en dehors de l’espèce humaine. Ce n’est donc pas par hasard.

Regardons donc les abeilles pour observer des pratiques comportementales qui font au fil des millénaires la preuve de leur efficacité. Comme elles ont une très bonne image subliminale, espérons que personne n’y trouvera de comparaisons désobligeantes, mais je n’en suis pas si sûr que cela.

Bien sûr, il ne s’agit dans cet exercice que de typer les comportements observables, non pas les ressentis, ni les réflexions intimes, encore moins une supposée pensée métaphysique. Le mental d’une abeille n’a sûrement rien à voir avec le niveau de réflexion d’un homo sapiens, même si celui-ci se situe parfois également au ras des fleurettes.

 

Nous ne disposons pas non plus des mêmes outils physiologiques et matériels que les abeilles. Déjà, nos capacités de communication entre individus, les échanges d’information pour assurer le fonctionnement collectif sont différents. Les abeilles n’ont pas la télévision ni le web mais elles utilisent d’autres médias : les phéromones, autrement dit des signaux odorants, les tapotements d’antennes, les danses rituelles, etc. Grâce à ces vecteurs d’information, elles sont capables de se coordonner pour mener des tâches complexes. Par ailleurs elles ont aussi des comportements individuels tout à fait autonomes, mais intégrés de fait dans le fonctionnement général de la ruche.

Nous avons l’équivalent par d’autres moyens, mais avec des effets comparables.

 

Ce qui s’impose très vite à l’observateur d’une ruche, c’est le miel. Même les ours mal léchés y sont sensibles. D’abord ça colle mais c’est bon, et par ailleurs, la plus grande partie des activités observables apparaissent destinées à le fabriquer et à en faire des réserves. Une partie est consommée par les abeilles, une autre est détournée par l’apiculteur qui s’active à les faire produire. S’il se montre trop accaparateur, cet exploiteur leur fournit du sucre pour les empêcher de mourir de faim et leur permettre de continuer à travailler pour l’entretenir.

Pour un esprit narquois, un parallèle avec l’espèce humaine apparaît déjà : la ruche est l’économie réelle, le miel qui attire les envieux de toutes natures correspond aux capitaux, l’apiculteur est le monde de la finance, et le sucre est le crédit.

 

La structure sociale des ruches est très hiérarchisée. Il y a les reines, les faux-bourdons, les ouvrières et les larves.

 

Les reines ont trois activités fondamentales au titre de leur statut privilégié : la consommation de ce mets raffiné qu’est la gelée royale, l’élimination de leurs rivales potentielles, et la ponte.

Pour éliminer la concurrence, elles interdisent aux ouvrières, par le moyen de leurs phéromones, de leur élever des concurrentes. Quand les ouvrières ressentent que la reine a vieilli, n’émet plus assez de phéromones pour les dissuader de bâtir des cellules royales (la nursery des reines), quand dans les faits elle n’est donc plus à la dimension de son rôle, elles élèvent des rivales en sélectionnant quelques larves et en les suralimentant en gelée royale. Quand la relève est prête, les prétendantes se battent, les ouvrières ne gardent que la plus robuste et exécutent les autres. La nouvelle reine va batifoler avec les faux-bourdons du voisinage dans un vol nuptial pour garnir sa spermathèque puis revient au bercail. La vieille reine s’entoure de l’essaim de ses fidèles et s’en va se faire voir ailleurs avant d’être liquidée.

Un parallélisme entre le microcosme des reines et celui des politiciens qui accèdent aux plus hautes fonctions peut-être trouvé. Ceux-ci pondent des réglementations à tire-larigot puisque c’est pour cela qu’ils sont nommés, ils font tout pour éliminer leurs rivaux. Ils jouissent de privilèges grâce au travail des actifs producteurs, et ils sont courtisés par des improductifs qui les distraient et qui ont pour rôle leur insuffler de l’inspiration pour pondre leurs réglementations. 

 

La gelée royale est secrétée par les ouvrières et sert à nourrir les reines, mais aussi à nourrir temporairement les larves. Le miel, nourriture vulgaire ne sert qu’à la nourriture des ouvrières et des faux-bourdons. Ceci dit, les larves ont dans la ruche un rôle indispensable, assurer le renouvellement des générations. Une ruche est vouée uniquement à l’utilité, sans aucune considération métaphysique. Les individus sans production, tels que les faux-bourdons épuisés ou les ouvrières mortes à la tâche sont jetés dehors.

 

L’utilité des faux-bourdons est de féconder les reines. Ils les suivent dans leur vol nuptial. Ils sont également chargés de faire du vent dans la ruche. Quand ils n’ont plus d’utilité, ils sont donc expulsés et abandonnés à leur triste sort d’incapables de se nourrir seuls. Ils sont refoulés s’ils tentent de revenir à la ruche.

Ils sont en quelque sorte à la fois des érotomaniaques et des brasseurs d’air. Pour ce qui est d’un parallélisme du côté de l’espèce humaine, … c’est à voir sur le tas dans l’entourage des dirigeants suprêmes.

 

Les ouvrières font tout le reste et meurent à la tâche. Elles sont de très loin les adultes les plus nombreuses. Elles battent la campagne et récoltent nectar et pollen, puis les transforment en miel, elles fabriquent de la cire et en bâtissent des alvéoles, tant pour y stocker le miel que pour y loger les larves, elles secrètent la gelée royale, elles fabriquent du propolis pour cimenter les interstices, elles montent la garde devant la porte et au voisinage et refoulent les indésirables, elles explorent le canton pour y trouver les gisements de fleurs intéressantes et dansent pour en montrer le chemin à leurs compagnes, … et elles se sacrifient au besoin en piquant les indésirables pour sauver leur collectivité. Quand elles sont devenues hors d’usage, elles périssent d’usure ou de maladie n’importe où, sans la moindre larme de regret dans reste de leur collectivité.

Elles n’ont pas droit à une retraite et ne sont pas syndiquées.

 

Bien sûr, la créativité de l’espèce ne tient qu’à l’évolution darwinienne. Elle est très lente et nécessite des échanges de gènes, utiles ou non, entre la ruche et les ruches avoisinantes. C’est le rôle des faux-bourdons que d’aller faire la cour aux demoiselles reines qui se baladent dans la nature à l’occasion de leur vol nuptial, afin de disséminer des gènes.

 

L’intelligence collective de l’espèce, développée grâce à une vie sociale très structurée et strictement utilitaire, aboutit donc à un monde qui n’est pas sans rappeler celui de l’espèce humaine, quand celui-ci n’est réduit qu’à ses caractéristiques vouées à l’organisation/production/consommation.

 

En restant du côté des espèces animales mais sans structure sociale solide, à l’opposé des abeilles, se trouvent les papillons.

Quand ils  font œuvre collective, c’est uniquement par le fait de leurs larves, les chenilles, qui vivent là où elles sont nées et qui peuvent transformer un beau chou ou un pull de laine en une dentelle informe et inutilisable. Ce n’est pas dans le cadre d’un système coordonné mais dans celui d’un rassemblement fortuit. C’est un peu ce qui se passe chez nous si l’on observe le terrain d’ébats d’une foule de fêtards après leur passage : un champ de détritus. Ce n’est pas cela qui séduit et les foules insouciantes qui ne pensent qu’à s’éclater personnellement ne s’en soucient guère.

 

En résumé, les abeilles sont emblématiques d’un comportement strictement utilitaire avec des individus au service de la collectivité ; il n’y a qu’elle qui compte. La préoccupation individuelle n’a pas de sens.

 

Les papillons le sont des comportements irresponsables à la recherche de jouissances, sans aucune arrière-pensée collective. Ils batifolent de fleur en fleur, se gorgent de nectar, se font la cour et s’accouplent dès qu’ils le peuvent, abandonnent leurs œufs et leur progéniture dans un coin obscur, et font admirer leurs belles couleurs, quand ils en ont ce qui n’est pas toujours le cas. Certains sont mêmes de vraies teignes.

Ils font rêver les insouciants, avant de finir dans le bec d’un oiseau, dans une toile d’araignée, ou dépecés par d’autres insectes.

Chez eux non plus, l’individu n’a pas de raison d’être puisque tous, dans les mêmes circonstances, ont le même comportement automatique.

 

Butiner consciencieusement selon des automatismes strictement utilitaires figés depuis la nuit des temps, ou fleureter au gré du vent, des odeurs et des réflexes de jouissance irresponsable sans se soucier des autres, ce sont finalement les deux pôles extrêmes qui jalonnent une existence animale naturelle. Puis dans tous les cas finir misérablement. Selon le degré de structuration sociale des populations adultes de l’espèce concernée, le curseur se trouve quelque-part entre les deux.

 

Le matérialisme animal peut-il être autre chose qu’un enchaînement de comportements prédéterminés, paramétrés par le hasard des contingences ? Peut-il donner un sens à une vie personnelle ?

 

… à plus …

22 janvier 2015 4 22 /01 /janvier /2015 09:53
Economie réelle et trous dans le gruyère

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Une équation paradoxale

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Le paradoxe du gruyère est bien connu : « Plus il y a de gruyère, plus il y a de trous – plus il y a de trous, moins il y a de gruyère – donc plus il y a de gruyère, moins il y a de gruyère ».

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La vie économique est confrontée à un paradoxe comparable. Elle comporte deux natures d’activités :

  • les activités réelles, celles qui donnent de la consistance à la consommation mondiale, celles qui produisent de quoi se nourrir (nutriments, composantes du confort, de santé, de sécurité, etc.),
  • les activités annexes, activités spéculatives, activités politiques, qui n’apportent rien de tangible à la satisfaction des besoins élémentaires mais qui ont quand même une justification statutaire.

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Plus il y a d’activités au global, plus il se constate le développement d’activités annexes. Mais plus les activités annexes se développent, plus elles consomment de ressources diverses et plus elles jouent au détriment des activités productrices de l’économie réelle qui est, rappelons-le, la pourvoyeuse unique alimentant toute l’humanité.

Certains vont même penser, par analogie fromagère, que le gruyère attire les rats et que ce sont ceux-ci qui y créent des trous, pour s’y loger confortablement.

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Vous pouvez, à juste titre, considérer que comparer les activités économiques à un vaste fromage et certains acteurs à des rats est désobligeant pour eux. Tel n’est pas mon propos. Il est de fournir un exemple simple de richesses à disposition de tous et obtenues par une pratique industrieuse de production par certains d’une part, et par ailleurs de consommation par certains autres qui ne participent pas à la production mais qui ont par ailleurs un comportement très actif. Simplement ce parallélisme tentant est illustratif.

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Il n’existe pas de gruyère sans trous. Un fromage sans trous, même s’il se révèle intéressant, n’est plus du gruyère. S’il se présente d’autres fromages pour la table conviviale, ils sont « autre chose ». Les trous sont indispensables au gruyère.

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Les activités annexes des natures précitées sont tout aussi indispensables à l’économie. Les activités spéculatives servent de ferment à la créativité, les activités politiques visent à structurer économie et société afin de permettre l’efficacité collective indispensable pour faire face aux besoins évidents d’une population de sept milliards d’individus installés sur une planète inextensible.

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Pour revenir donc aux considérations fromagères, le problème est que ce fromage attire les rats (animal par ailleurs très intelligent, social, à l’utilité démontrée pour la recherche scientifique), que ceux-ci le colonisent et le rognent jusqu’à le détruire, en se nichant dans les trous existant. Par analogie, le problème de l’économie est que les activités annexes en question, unies dans une connivence consommatrice, altèrent de plus en plus les structures mêmes de l’économie réelle au point de menacer par une crise généralisée tous les fonctionnements indispensables à son existence et finalement de la faire s’effondrer.

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Vous allez me dire que le problème a une solution, c’est une question de dosage : il faut simplement veiller à ce que le rapport entre le poids des trous et celui du fromage compact soit contrôlé pour rester à un optimum. C’est essentiellement une question de doigté professionnel et d’observation chez le fromager.

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A l’expérience, la résolution d’une équation comparable en économie apparaît impossible car elle se confronte à deux difficultés très prégnantes.

D’abord, évidemment, il est très difficile de peser les trous, même si les techniques comptables fournissent à leur égard des chiffres apparemment pertinents. On ne peut guère que compter leur nombre. Idem d’ailleurs pour les rats.

Ensuite, il est impossible de mener une observation globale et objective. Les observateurs, qui essayent d’être objectifs (quand ils sont conscients du problème), sont à l’intérieur du fromage. Ils sont plutôt logés dans les trous que noyés dans la pâte car c’est là que peut exister une amorce de perspective, néanmoins très locale. Ailleurs, dans la partie tangible, la vue est complètement masquée par les contraintes contingentes. Dans leurs trous, les observateurs sont surtout perméables aux avis de leurs co-habitants sur-actifs, c’est logique.

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Le paradoxe attribué ici à Zénon est que, malgré les similitudes, l’équation existentielle du gruyère disparaît d’elle-même lors de la consommation alors que celle de l’économie résiste encore et toujours à toutes les tentatives de résolution, également par la consommation.

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Comment pourrait-on limiter au juste raisonnable la croissance démesurée des activités annexes qui tournent au parasitisme de l’économie réelle ? Celui qui trouvera la bonne réponse mériterait bien de gagner au moins son poids en gruyère.

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PS : Honnêtement, ce billet est un peu capillo-tracté. Tant-pis, faut bien se défouler de temps en temps !

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… à plus …

11 mai 2014 7 11 /05 /mai /2014 15:05

 Economie F-R 3 


Une affaire de circulations imbriquées 

 

Comme chacun le sait, pour éviter les malentendus, il faut être précis dans la formulation. Or un concept, celui d’ « économie réelle », courre les rues, mais chacun y met ce qu’il veut. Pas étonnant qu’elle patauge !

 

Dans le présent blog, ce concept a un sens très précis : il s’agit de l’ensemble des activités qui alimentent la consommation et/ou qui sont elles mêmes des activités de consommation destructrice. Elles partent de la mise en circulation de ressources initiales, dont le travail humain, pour aboutir à une consommation finale, quasiment instantanée dans le cas des services ou de la nourriture, plus étalée dans le temps dans le cas des équipements domestiques ou professionnels. 

La valeur d’usage ainsi crée a pour vocation d’être éphémère et de disparaître en fin de parcours. Pourquoi alors parler de noria ?  D’abord parce que ce flux de valeur d’usage, qui va de la « production réelle » à la consommation destructrice génère toute la dynamique de cette « économie réelle ». Elle est un cycle sans fin de création et de destruction de valeur d’usage.

Dans cette noria de valeurs d’usage, les liquidités ne jouent qu’un rôle d’outil de troc qui permet les multiples  changements de propriété nécessité par le « système de production-consommation ». Par la magie de la comptabilité en partie double, elles ne sont que de l’information qui permet de créditer un compte courant de fournisseur et de débiter un compte courant d’acheteur. L’économie réelle ne crée pas de liquidités, elle se contente de les utiliser. Sur la durée, les flux entrant et sortant sont égaux et les différences momentanées ne peuvent provenir que de stockages temporaires pour faire face aux à-coups, pour traiter les irrégularités de rythme entre production et consommation.

En fait, cette façon de présenter les choses revient à considérer l’ensemble des activités constituant l’économie réelle comme ce qu’on appelle une « boîte noire » en recherche. On ne cherche pas à savoir ce qui se passe à l’intérieur. Ce qui est intéressant, c’est de faire le bilan des entrées et des sorties d’un flux d’une nature donnée, faisant l’objet de l’étude. Par rapport à la finance, l’économie réelle est une boîte noire qui reçoit et restitue des liquidités mais qui n’en crée ni ne détruit aucune. C’est une noria qui véhicule de l’information.

Dans cette économie réelle, le besoin de liquidités supplémentaires résulte des évolutions des productions et des technologies (le progrès) qui, entre autres, conduit à des circuits de production de plus en plus fragmentés et à des investissements qui ne seront amortis qu’à terme. Elles nécessitent des transferts de propriété de plus en plus nombreux. Il existe donc une demande de la part des acheteurs pour disposer de plus de liquidités sur leur compte courant. Ils se tournent alors vers le système financier qui gère leur compte.

Si le rythme d’alimentation des comptes n’est pas adéquat, une régulation est effectuée par l’économie réelle grâce au mécanisme inflation/déflation. La déflation est préjudiciable car la pénurie de liquidités bloque les activités. Une économie saine requiert une tendance inflationniste. Voir le billet « Un temps pour chaque chose… »

http://www.zenon-elee.fr/article-un-temps-pour-chaque-chose-et-chaque-chose-en-son-temps-120764845.html

 

Parlons un peu de l’épargne. Toujours dans ce blog elle a aussi un sens très précis. Il s’agit des liquidités sortant de l’économie réelle et qui n’y sont pas réinjectées rapidement pour des achats de « richesses consommables » : produits de consommation rapide, équipements ou produits intermédiaires.

Avec cet éclairage des réalités, il devient manifeste que le surcroît de liquidités ne peut provenir que de l’économie financière. Entendons par là l’ensemble des activités de l’industrie financière, hormis celles qui permettent d’assurer le fonctionnement des comptes courants pour l’achat et la vente de richesses consommables et qui, en conséquence, font partie de l’économie réelle car  elles sont nécessaires à son fonctionnement. Ce sont en l’occurrence des services dédiés.

 

Les activités financières sont fournies pour une bonne part par les organismes financiers, mais elles sont aussi le fait des personnes, physiques ou morales, qui donnent des ordres de gestion de leurs comptes courants en dehors d’une finalité d’économie réelle. Elles font alors des « placements ».

 

L’industrie financière dispose de différents outils légaux pour augmenter le montant des comptes en banque, mais tous se ramènent à des crédits, donc à l’échange de liquidités contre des créances. Certains sont bien décrits comme tels et sont représentés par des créances en bonne et due forme, comme les obligations ou les bons du Trésor. D’autres le sont d’une manière moins apparente. Citons par exemple les actions. Elles sont des titres représentant le fait qu’une personne, physique ou morale, a fourni à une entreprise des liquidités pour constituer son capital social, charge à elle de les rembourser par des dividendes et par des activités permettant une amélioration du cours des dites actions.

A la pointe de la pyramide de titres imbriqués que manipule l’industrie financière, se situent de fait les créances sur le futur imposées par les organismes émetteurs (banques centrales) aux utilisateurs des liquidités qu’elles créent. Cette pratique, sous contrôle théorique de l’exécutif politique, est sont particulièrement sournoise car les débiteurs factuels ignorent à leur création ces dettes qu’ils auront à supporter.

 

Nous pouvons aussi considérer les activités financières, qui ne concernent pas directement l’économie réelle, comme une autre boîte noire qui communique avec les comptes courants par des flux de liquidités, autrement dit des par des échanges d’information ad hoc pour la tenue comptable en partie double de ces comptes.

Cette boîte noire financière fonctionne donc aussi en étant alimentée par une noria de liquidités. Les comptes courants servent de sas de communication entre les deux boîtes, économie réelle et économie financière.

 

L’économie financière pompe les liquidités que constitue l’épargne. C’est sa matière première. Pour pouvoir la pomper, il est nécessaire d’assurer globalement un rendement aux placements, donc de restituer aux comptes courants plus de liquidités qu’elle n’en prélève. C’est cet apport aux comptes courants qui permet le développement de l’économie réelle évoqué plus haut.

Nous avons donc ici un fonctionnement déséquilibré  de l’économie financière pour ce qui concerne les liquidités. Il faut que fonctionne un réservoir, à solde nominal négatif, pour équilibrer les comptabilités en partie double. Il est  constitué par l’accumulation d’actifs comptables sans rapports opérationnels avec l’économie réelle. Pour se constituer, il s’accroît par étages.( http://www.zenon-elee.fr/article-la-pyramide-inversee-116489095.html)

 

Dans un fonctionnement naturel de l’économie, la régulation du rapport entre pouvoirs d’achat et volume de liquidités en circuit se fait au sein de l’économie réelle grâce à l’inflation. L’industrie financière dont l’existence est liée au crédit et au pompage de l’épargne, favorise au maximum l’attribution de crédits. Le volume de liquidités en circulation facilite la constitution d’épargne. Elle se prémunit contre les risques grâce à tout un arsenal de produits dérivés qui permettent de les mutualiser entre spéculateurs et/ou de les reporter sur les épargnants et les consommateurs. Il existe un potentiel inépuisable de crédit constitué par des consommateurs, les budgets étatiques, et les investisseurs.

Normalement,  cet afflux de liquidités devrait créer une importante inflation régulatrice. Il n’en est rien car l’industrie de la finance la combat en affectant l’épargne placée à un gonflement permanent du montant nominal des actifs. Elle favorise les pratiques spéculatives qui consistent en l’achat et la revente de supports dont la valeur nominale est croissante grâce au fonctionnement de bourses dont elle contrôle, pour la plupart, le fonctionnement.

Elle le fait avec les encouragements de la généralité des acteurs de l’économie. Pour les détenteurs de patrimoine, l’inflation est, à juste titre, synonyme de catastrophe. Pour les titulaires de rentes de situation c’est aussi le cas, ainsi que pour les consommateurs (tout le monde). Pour les acteurs politiques c’est un  grave danger car elle fragilise ouvertement les effets aléatoires des promesses démagogiques.

Le résultat de ces pratiques est la constitution de bulles d’actifs artificiels, toujours plus volumineuses et fragiles, qui finissent par éclater au détriment des « encaisseurs de risques » qui jouent ce rôle à leur insu. Il se crée alors des crises financières qui bloquent la circulation des liquidités et détériorent de ce fait le fonctionnement de l’économie réelle.

 

Conclusion, il est illusoire de chercher des remèdes à la crise actuelle en se faisant le « porteur d’eau » complice de l’industrie financière. Or, c’est ce que font généralement les dirigeants politiques de tous bords et de tous pays. Mais il n’est pas plus efficace de vouloir être son « fossoyeur » sous peine de voir également l’ensemble de l’économie s’effondrer, car c’est elle qui, en tant que fournisseur de crédits bien à propos, permet de mettre en œuvre un « progrès ».  Il reste à la réguler : « Vaste programme ! » comme avait dit le Général de Gaulle en d’autres circonstances.

 

… à plus …

 

29 novembre 2013 5 29 /11 /novembre /2013 17:17

principe initialPetite pause conceptuelle dans un monde kafkaïen.  

 

Utiliser un jargon professionnel est risqué. En l’occurrence, utiliser le mot « activité » dans le sens que lui donnent les organisateurs systématiciens est ouvrir en grand la porte à des malentendus car il peut recevoir bien des interprétations. Néanmoins, si l’on veut être aboutir à un résultat logique, il faut être précis.

 

Dans tous les billets de ce blog, le mot activité a une acception très précise : une activité est la mise en œuvre de l’ingéniosité humaine en vue d’obtenir un résultat recherché.

Pour l’homo sapiens fondamental, toute dépense d’énergie vitale n’est jamais gratuite, une activité n’existe qu’en fonction d’un résultat intéressant à obtenir. D’abord, elle implique un travail humain et le mot français « travail »évoque un instrument de torture le tripalium, c’est sans ambigüité. Une activité implique aussi, très généralement, l’utilisation de ressources autres que le travail humain : fournitures, équipements, infrastructures. Ces ressources sont consommées en une fois ou progressivement (par usure ou obsolescence) lors du déroulement de l’activité concernée. Si elles sont sacrifiées, c’est en vue du résultat.

Par ailleurs, une activité nécessite une organisation particulière et une organisation générale, surtout si l’on se positionne dans une observation macroscopique. Un travail collectif doit être structuré grâce à une répartition des tâches pour aboutir à un résultat, et, dans notre système socioéconomique mondialisé, toutes les activités sont finalement interdépendantes et nécessitent factuellement une coordination générale.

 

Le résultat visé par une activité est appelé sa finalité. Celle-ci n’est pas toujours en cohérence avec ses résultats factuels pour plusieurs raisons.

La première tient à une mauvaise appréciation des moyens, compétences ou règles d’organisation et de pilotage nécessaire.

La seconde tient à ce que des résultats annexes, non envisagés a priori, viennent altérer directement ou indirectement le résultat visé et plus ou moins bien obtenu.

La troisième est que les finalités recherchées respectivement par le promoteur de cette activité, par son organisateur et par ses acteurs ne sont pas cohérents. Chacun pousse dans son sens et le résultat final déçoit tout le monde.

 

Dans une analyse des activités, comme dans n’importe quelle analyse, il est nécessaire d’être objectif.

Les déroulements factuels des activités peuvent être observés sans parti pris, de même que les tâches effectuées et les consommations de ressources diverses. Il en est de même pour les résultats constatés, même si, très généralement, les promoteurs de ces activités essayent de mobiliser l’attention sur leur composante positive (par rapport à une finalité convenue dans le cadre d’un politiquement correct), tout en s’efforçant de camoufler leurs composantes parasitaires.

Par contre, les finalités retenues respectivement par les promoteurs, les organisateurs, les pilotes factuels et les acteurs peuvent être très variables et inavouées. Elles sont généralement masquées derrière des prétextes car elles reflètent des préoccupations individuelles égocentrées et pas nécessairement gratifiantes. La seule considération objective qui puisse les concerner est le degré de satisfaction affiché par les « héritiers factuels » des différentes composantes du résultat (je n’ose utiliser le terme « bénéficiaire »).

 

Les billets de ce blog reflètent les résultats d’une activité d’analyse des processus, autrement dit des enchaînements d’activités, qui interviennent dans la vie économique. Elle débouche sur une modélisation qui offre des angles d’observation originaux par rapport aux modélisations classiques. Celles-ci reposent en effet sur l’observation de réputées « richesses » quantifiées sans aucune possibilité d’objectivité.

La méthode adoptée a été choisie pour éviter l’entorse déontologique, systématiquement ignorée par les analystes classiques, qui consiste à utiliser, pour quantifier les richesses, des instruments de mesure dont l’étalonnage est affecté par les résultats des mesures fournies par les dits instruments, les cotes et les cours des changes.

 

L’analyse macroscopique des activités m’a conduit à les regrouper par grandes familles en fonction de leur finalité classiquement retenue. Leurs résultats sont observés selon leur impact sur le degré de satisfaction de leurs parties prenantes, apprécié au travers des comportements induits chez elles par ces résultats.

Cette façon de procéder amène à inviter au débat le concept d’utilité.

 

D’après les dictionnaires, l’économie est constituée de l’ensemble des activités de création, de distribution et de consommation de richesses. Les activités de l’homo sapiens n’étant pas gratuites, la finalité de l’économie ne peut être, objectivement, que de permettre, de développer et/ou d’optimiser la consommation.

Toutes les activités qui concourent factuellement à cette finalité, dans notre acception, constituent l’économie réelle. Cette caractéristique de réalité s’apprécie en fonction des consommations sur lesquelles elles débouchent.

 

La famille des activités spéculatives est constituée uniquement de celles qui consistent à mouvementer des liquidités afin d’acheter et de revendre des « supports spéculatifs » en vue de dégager des plus-values pour faire grossir les comptes courants utilisés. Cette nature d’activité n’apporte aucune amélioration des potentialités factuelles de consommation, elle ne débouche que sur le grossissement conventionnel de bulles d’actifs d’une part et sur des changements dans les soldes de certains comptes courants d’autre part. Leur consommation de ressources est négligeable (communiquer un ordre par voie électronique). Elles ne sont donc pas retenues ici comme faisant partie de l’économie réelle

Par contre, ces activités spéculatives s’accompagnent de différentes activités annexes. Les bénéficiaires de la spéculation utilisent pour consommer une partie des liquidités créées à partir de rien par le crédit scriptural. La manipulation frénétique des liquidités nécessite des activités de gestion des flux monétaires, d’ouverture de crédits, de collecte d’intérêts, etc. Ces activités annexes permettent d’assurer par des revenus la consommation des acteurs qui s’y consacrent et s’intègrent par ce fait à l’économie réelle.

En matière de résultat global pour l’économie, les activités spéculatives engendrent indirectement des transferts de pouvoir d’achat vers les acteurs de ces activités annexes. Elles entraînent corrélativement, pour un volume donné de richesses consommables disponibles à un moment quelconque, une diminution du pouvoir de consommation pour les autres classes de population.

L’appréciation de leur utilité globale suscite un débat souvent ouvert et jamais refermé tant les avis sont contradictoires selon les points de vue.

Comme exemple typique d’activités spéculatives et de leurs annexes réelles, nous pouvons par exemple retenir en bloc toutes les activités qui se développent autour des « produits dérivés ».

 

Une autre famille fait débat, les activités de nature politique. Dans notre acception, ce sont celles qui permettent d’acquérir et de conserver un « statut socioéconomique » par un consensus suffisant. Elles se déroulent en correspondance avec tous les organismes qui nécessitent une organisation établie pour pouvoir développer leurs propres activités. C’est le cas des organismes de gouvernance étatique mais aussi, à des degrés divers, de tous les autres organismes de l’économie. Elles sont d’autant plus développées que les besoins d’organisation, donc de structuration des tâches des acteurs, sont importants. C’est le cas en particulier de toutes les grosses organisations collectives  intervenant dans l’économie réelle.

Un statut donne des droits, donc des outils de pouvoir. Les activités politiques sont également des instruments de concentration de pouvoir chez certains donc de perte de pouvoir relatif chez d’autres.

Elles ne débouchent directement sur aucune modification des potentialités de consommation globale à un instant donné mais à des transferts du pouvoir de consommer.

Je les classe dans les activités de l’économie réelle pour deux raisons. La première est que, pour permettre une efficacité collective, il est indispensable de structurer les fonctionnements collectifs. Elles répondent à un besoin avéré et existent chez tous les primates sociaux (et d’autres espèces). La seconde est que les pouvoirs en question agissent directement sur le pilotage des activités de l’économie réelle et sur leurs évolutions.

Quand elles opèrent des transferts de pouvoir factuel au point que les activités de production réelle (de richesses consommables) se trouvent concentrées sur une minorité d’acteurs qui s’épuisent, alors que les pouvoirs de consommations sont redistribués à des classes de population factuellement oisives en termes d’utilité par rapport à la nécessité de produire globalement pour consommer globalement, elles provoquent dans l’économie réelle et dans la société des dégâts collatéraux tels qu’elles deviennent parasitaires.

Ces activités politiques sont accompagnées de nombreuses activités annexes de support qui n’apportent rien au potentiel global de consommation, ni quantitativement, ni qualitativement, mais qui mobilisent des ressources qui pourraient être utilisées plus utilement.

Comme exemple du parasitisme résultant d’un activisme politique débridé, nous pouvons citer les « mille-feuilles » administratifs ou l’accumulation d’articles de réglementation tellement nombreux qu’il est impossible d’en assurer la cohérence opérationnelle.

 

Ce regard porté sur les activités de l’économie en général et de l’économie réelle en particulier me conduit à  penser que la crise multidimensionnelle où nous pataugeons résulte de l’asphyxie de cette économie réelle par des activités annexes sans utilité probante, générées dans le système socioéconomique en raison d’un développement exagéré des manœuvres spéculatives et des agitations politiques. L’individu lambda est dépassé par le système et se débat comme il peut, à l’aveuglette. Mais c’est juste mon avis.

 

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17 octobre 2013 4 17 /10 /octobre /2013 10:20

indécence 1 

Regardons dans les coins au lieu de nous boucher les yeux

 

Ce qui intéresse l’homo oeconomicus ordinaire, c’est la consommation. Elle s’organise sur la base d’une bousculade généralisée où chacun essaye de se trouver le plus près du râtelier commun. < Le râtelier >  

 

Pour consommer, il faut que les richesses à consommer aient été préalablement produites. Cela nécessite du travail humain, du travail de production. Ceci n’est pas qu’une lapalissade mais aussi un constat fondamental que beaucoup essayent de ne pas voir car produire nécessite du travail humain, ce que la plupart essayent d’esquiver en essayant de le refiler à d’autres, consciemment ou inconsciemment. C’est un réflexe inné, qui est vu en conséquence innocemment quand le système socioéconomique est suffisamment complexe pour masquer toutes les chaînes de causalités.  

Avec l’existence des monnaies, consommer demande de disposer de liquidités et toutes les sources de liquidités qui trouvent leur origine dans des activités autres que la production sont particulièrement exploitées. Elles le sont d’autant mieux en jouant habilement des différentes motivations naturelles, en exploitant simultanément activités spéculatives, activités politiques et gesticulation pseudo-productive.

La vraie production incombe aux activités des soutiers, symbolisées par la petite Cendrillon dans sa cuisine.

 

Un mot a été lâché plus haut, la gesticulation pseudo-productive. Ceci nous ramène aux notions de besoins, de pertinence et d’efficience évoquées dans le billet précédent.

 

Les besoins finals, sont les besoins de consommation des humains. L’analyse de Maslow met en évidence deux classes de besoins qui peuvent être exploitées sans être jamais saturées car le système socioéconomique donne toutes les possibilités pour cela. Ce sont les classes 3 et 4, les besoins d’appartenance et surtout les besoins de distinction. Ils sont des besoins psychologiques et il suffit de procéder à des manipulations psychologiques pour multiplier ces besoins. Sont-ils pour autant justifiés ? Oui pour les manipulateurs psychologiques qui y trouvent un intérêt. Non pour ceux qui ne tirent que des désagréments des activités mises en œuvre pour les satisfaire. Mais tout ceci est noyé dans le bruit de fond généré par l’énormité et la complexité du système socioéconomique.

Par ailleurs, il existe des besoins systémiques qui tiennent aux imperfections du système. Plus celui-ci se complique, plus il fait apparaître de nouveaux problèmes et plus il faut développer d’activités (et compliquer encore le système) pour leur porter remède. Il se constitue des monstres de complexité qui auraient très bien pu être évités en rectifiant certains aspects du système initial, mais les inerties et les intérêts à courte vue, bien installés en place, y font obstacle. Tout ceci est également noyé dans le bruit de fond.

L’existence de pseudo-besoins ne peut être ignorée et toute une pseudo-production y est affectée.

 

Prenons un exemple, il en existe partout mais la France en regorge, inutile d’aller chercher ailleurs. Ce sera ici une présentation réduite au plus simplifié et chacun peut l’enjoliver à sa guise.

La notion de « commune » est apparue très anciennement sous des appellations diverses. Il s’agissait de structurer une collectivité d’habitants occupant un territoire de subsistance à peu près autosuffisant et qui n’entretenait que des relations d’échange très épisodiques avec leurs homologues. Un responsable local servait de référent pour assurer la cohésion, souvent d’ailleurs en tant que seigneur local. Il s’est vu ensuite, pour des raisons sur lesquelles il est inutile de s’attarder, remplacé par un maire élu assisté de conseillers statutaires.

Les spécialisations des producteurs se diversifiant, les dimensions du champ de coordination administrative ont du être agrandies. La notion de canton, avec son échelon propre de représentation a émergé. Pour ne pas égratigner l’amour-propre des titulaires de statuts au niveau de la commune, la cartographie des communes est restée inchangée ce qui conduit à des aberrations telles que des communes de seulement quelques dizaines d’habitants mais avec le maintien de toutes les prérogatives statutaires, charges et activités de gestion administrative.

Par cercles successifs, d’autres échelons locaux ont été aussi mis en place, arrondissements et départements. Quand ils se sont révélés mal adaptés aux nouvelles contingences socioéconomiques, ils ont été renforcés par les régions et les communautés de communes, sans pour autant supprimer les échelons anciens, afin de maintenir la possibilité de distribuer des statuts gratifiants mais à peu près dépourvus de responsabilités réelles sinon de prébendes, et ainsi d’ouvrir un vaste terrain d’exercice aux activités politiques fonctionnant en cercle fermé.

La conséquence de ce millefeuilles administratif, où de multiple tâches administratives sont effectuées avec pour seule utilité de donner beau jeu à des joutes politiques sans issues, dédiées au désir de distinction de vaniteux compulsifs. C’est un immense gâchis de temps, d’énergie, de moyens et d’efficience opérationnelle. D’autres pays ont fait des choix différents avec des résultats concrets bien meilleurs sur le terrain mais il est malvenu de le dire. La « spécificité française », en l’occurrence, n’a rien de très reluisant. Elle sert pourtant d’étendard à des benêts en exercice de distinction.

Toutes les « petites mains » occupées à entretenir ce monstre sont pourtant convaincues d’être des « producteurs » indispensables de formalités, elles-mêmes indispensables puisqu’elles font partie du système et que leur respect est un besoin absolu des citoyens administrés respectueux des lois. Les « petites mains » en question pourraient pourtant consacrer leur conscience professionnelle et les ressources qu’elles mobilisent (dont les liquidités prélevées ailleurs à cet usage) à traiter des besoins plus cruciaux. Tout ceci doit-il être qualifié de « production » ou de « gesticulation » ?

J’ai pris ici un exemple archi-connu mais qui ne semble pas mobiliser les foules, enfermées dans leur vision réduite des réalités. Il en existe bien d’autres, moins visibles, de dimensions très variées, dans tous les grands domaines d’activités, dans tous les pays mais peut-être avec des degrés de gravité divers.

 

Une autre nature d’activités dont la pertinence peut être discutée est la création de besoins par des manipulations psychologiques, et qui peuvent donc aussi être qualifiés d’artificiels.

 

Prenons encore un exemple, le phénomène des marques dans le domaine des besoins des enfants et adolescents.

Les marques de produits sont des points de repère pour les acheteurs. Ils sont censés y trouver des indications sur le binôme qualité/prix des produits marqués.

Les marques les plus huppées correspondent à la fois à des hauts niveaux de qualité et des prix élevés. Elles sont devenues pour leurs clients des moyens de distinction, des preuves supposées de goût, de discernement et de pouvoir d’achat élevé.

Ceci a entraîné un premier phénomène. Pour développer leurs activités en exploitant l’addiction au « paraître » des plus nantis, les marques huppées ont cultivé les effets de mode car, la concurrence et la technologie jouant, elles butaient sur des plafonds en matière de qualité et de prix. Il s’agissait de ringardiser leurs produits bien avant qu’ils aient été usés (la qualité étant là) afin que leurs clients en achètent d’autres. Tout un arsenal d’outils d’action psychologique, mimétisme aidant, a été mis en œuvre à cet effet. La qualité réelle n’ayant plus guère d’impact puisque les produits étaient abandonnés très prématurément, c’est la créativité qui a pris le relai.

Du coup, d’autres marques ont enfourché la poule aux œufs d’or en misant, non plus sur la qualité, juste suffisante pour faire quelque temps illusion, mais sur une créativité ostentatoire tapageusement mise en évidence, mais avec des prix moins élevés. Les effets de mode ont subsisté comme moyen de distinction dans le très haut de gamme technologique, mais ils ont aussi envahi l’étage des besoins d’appartenance.

Les clients adultes savent généralement surveiller le contenu de leur portefeuille,  apprécier la qualité d’un produit, et faire jouer la concurrence quand ils le peuvent. Par contre, beaucoup sont complètement soumis aux caprices de leurs enfants pour qui prix et qualité sont des mots sans aucun contenu comparatif. En conséquence, grâce à un forcing de publicité directe et indirecte, les effets de mode et l’affichage des marques ont envahi les cours de récréation, à la stupéfaction de la plupart des grands-parents qui ne comprennent pas que leurs descendants trouvent indispensable d’être transformés en affichages mobiles pour des produits de pure camelote qui ne durent même pas le temps d’un trimestre scolaire.

Là encore, les prisonniers du système sont assujettis à des pratiques dont la pertinence est douteuse et dont l’efficience est désastreuse.  Production ou gesticulation ?

 

Production selon les uns, gesticulation selon d’autres : difficile d’y voir clair ! Il faut arriver à apprécier tous les aspects, les causes et les conséquences des activités, et ce n’est pas en restant enfermé dans une bulle comptable artificielle que c’est possible. Pour acquérir du discernement, viser la pertinence et l’efficience, il faut examiner à la fois le niveau détaillé et tous les niveaux intermédiaires jusqu’au plus global, sous de multiples aspects. Ce qui est utile pour un pays peut être désastreux pour un autre, mais c’est pareil au niveau des individus.

 

Dans un monde où les ressources sont limitées, où n’importe quel besoin artificiel peut être mis sur orbite en utilisant les ressources du système socioéconomique, un minimum de discernement est néanmoins indispensable pour pouvoir assurer de manière digne les besoins fondamentaux de toute l’humanité, quitte à couper largement dans les moyens dispendieux consacrés à l’appartenance et à la distinction. De toutes les façons ceux-ci sont sans limites et les cultiver, c’est accélérer une course à l’épuisement et/ou à la révolte des ressources humaines et matérielles.

Le problème est que les dirigeants factuels sont pour la plupart dépendants d’une addiction pathologique aux besoins de distinction. C’est vers eux qu’ils orientent quand ils le peuvent toutes les activités disparates qu’ils dédient à la « croissance », ce mot paré de tous les chatoiements d’une potion magique et que chacun interprète à sa guise, dans la plus grande confusion. Devant les gesticulations gauloises, le druide Panoramix doit encore rigoler dans sa barbe, d’autant plus qu’il avait sûrement, comme son nom l’indique, une très bonne vision multidimensionnelle. < L’observation multidimensionnelle  >  

 

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15 octobre 2013 2 15 /10 /octobre /2013 17:33

escalier&Un nouvel éclairage est indispensable ! 

 

Depuis septembre, j’ai entrepris, par un certain nombre de billets, maintenant regroupés dans la catégorie « Modélisme », de dresser un portrait particulier de l’Economie, ou plus exactement de construire une maquette mettant en évidence, avec un éclairage particulier, ses rouages et leurs enchaînements. En analyse systémique, c’est ce que l’on appelle un exercice de modélisation.

Cet exercice vise à procurer une vision différente des choses, de mettre en évidence des interactions qui passent inaperçues, afin de fournir des pistes pour traiter la situation de crise actuelle, sans répéter en litanie les mêmes erreurs, celles qui ont conduit à l’enlisement actuel.

Cette vision peut surprendre ceux qui sont prisonniers des raisonnements comptables, mais c’est un parti-pris de ma part pour des raisons de métrologie élémentaire : dans une approche qui se prétend scientifique, les données utilisées doivent provenir d’instruments de mesure et d’étalons qui ne soient pas affectés par les résultats de leurs mesures. Qui peut prétendre que les bourses et les taux de change ne sont pas affectés par les données comptables qu’ils conditionnent ? En quelque sorte, les longueurs sont mesurées avec un mètre dont l’instrument n’est pas basé sur la vitesse de la lumière et la fréquence de vibration d’un atome sélectionné par les physiciens, mais sur l’idée que les métreurs se font des longueurs à mesurer, idée inspirée par leur point de vue particulier en fonction de l’effet sur leurs petites affaires des mesures précédentes.

En l’absence d’une monnaie universelle basée sur d’autres critères que la valeur conventionnelle attribuée aux flux économiques sur la base de considérations comptables, les raisonnements savants actuels sont le meilleur moyen pour envoyer l’économie mondiale dans le fossé par effet d’amplification des tendances naturelles à déraper, provoquées par les aléas divers, politiques, climatiques, technologiques, psychologiques ou autres.< ma petite utopie à moi  >

 

La macroéconomie comptable, sous une apparence de rigueur, ne repose que sur des données trompeuses par leur apparente objectivité. Ce n’est pas cette objectivité là qui conditionne les comportements de la foule des acteurs de la microéconomie. Or c’est bien ceux-ci qui font les réalités où nous sommes plongés. Les longueurs à parcourir, ils les éprouvent à la pénibilité de la marche.

Les experts enfermés dans leur bulle comptable ont beau jeu de penser que ce sont eux qui détiennent la vérité et que les vrais acteurs du réel de tous les jours pataugent dans un univers subjectif, pour ne pas dire d’une primarité consternante. En fait, ce sont eux qui vivent dans un univers virtuel et les faits contredisent régulièrement leurs projections.

 

A la base du divorce, évidemment, se situe la notion de valeur et c’est pour cela que la catégorie débute par trois billets consacrés à ce sujet.

 

La raison d’être de l’économie est d’assurer la satisfaction des besoins objectifs de l’humanité. Elle crée des richesses et les distribue à des usagers. Les richesses sont échangées contre des liquidités et vice-versa. Les liquidités circulent entre comptes courants. Les usagers ou autres acteurs sont des personnes physiques ou des personnes morales. C’est cela le point de départ du raisonnement et il est difficilement discutable. Voyons la suite.

 

Ce qui permet de définir qu’un besoin est objectif est le fait que celui qui le ressent est prêt, pour le satisfaire, à détruire dans une consommation la richesse ad hoc si elle vient en sa possession. Cette considération permet de faire une distinction entre « richesses tangibles » destinées à disparaître dans une consommation immédiate ou progressive, et d’autres types de richesses, telles que les liquidités monétaires destinées à être échangées et crées à cette fin, ou des titres de propriété qui ne servent également qu’à être échangés pendant leur existence (certains, comme les créances, ont une durée de vie limitée et connue à l’avance)

.

Dans notre entendement, les activités qui concourent à la production, à la distribution et à la consommation de richesses tangibles constituent  « l’économie réelle ».

Les richesses tangibles ont à la fois une valeur d’échange, qui est une valeur conventionnelle,  résultant d’un consensus (elle est représentée par une valeur monétaire, un prix convenu), et une valeur d’usage inchiffrable mais prégnante au moment des confrontations d’échange. Celle-ci est fonction du ressenti par les protagonistes du besoin de consommation qu’ils attachent consciemment ou inconsciemment à la richesse en objet.

Les autres richesses, elles, n’ont qu’une valeur conventionnelle. Nous avons déjà vu  tout cela.

 

Les comptes courants servent d’interface entre toutes les activités du fait des circulations de liquidités : elles sont le trait d’union entre elles, indépendamment de la nature des dites activités. Du fait de leurs motivations très différentes, il est facile de modéliser d’abord l’économie en deux blocs d’activités, activités spéculatives et activités d’économie réelle (le « schéma paradoxal »), puis ensuite de scinder les secondes entre activités politiques et activités productives, afin de les étudier séparément.

Au stade de la réflexion où nous sommes ainsi parvenus, nous avons ainsi identifié trois ensembles d’activités élémentaires, qui répondent à trois logiques de natures différentes :

-      les activités productives, qui répondent à une logique d’utilité ressentie, autrement dit qui sont imprégnées en arrière-plan du ressenti d’un besoin de consommation concrète des richesses en objet principal,

-      les activités politiques qui sont imprégnées d’un souci de positionnement individuel dans une logique de statuts et de droits,

-      les activités spéculatives, qui s’appuient sur l’existence d’une valeur conventionnelle attachée à chaque richesse et sur la possibilité de faire progresser cette valeur (et de profiter de la plus-value) par de simples échanges de propriété à des moments bien choisis. Elles sont imprégnées d’un souci d’enrichissement conventionnel, d’un souci de croissance indéfinie de la valeur des actifs comptables.

 

Toutes ces activités se déroulent en fonction d’objectifs identifiables. Pour la suite de  notre analyse systémique, il s’agira de les apprécier en fonction de leurs objectifs et de leur aptitude à les atteindre.

Pour regarder les objectifs, nous le ferons en fonction des besoins ressentis, et, à cet effet, nous utiliserons le « pyramide de Maslow » qui a le mérite d’exister en tant qu’outil sociologique. < Maslow >  

Pour regarder leur mise en œuvre et leurs résultats, nous nous placerons dans une grille de décryptage à deux entrées, la pertinence par rapport aux objectifs et leur efficience. Pour ce dernier point, qui est l’aptitude à atteindre les objectifs en consommant le minimum de ressources, il ne s’agit pas seulement d’un souci écologique mais aussi d’un souci humanitaire. Parmi toutes les ressources, le travail humain avec toute sa charge de risques et de pénibilité doit faire l’objet d’une attention particulière.

 

Les activités spéculatives se déroulent dans un contexte comptable puisqu’elles ne s’attachent qu’aux valeurs conventionnelles. De nombreux commentaires très fouillés, faisant appel à des statistiques nombreuses sont publiés mais je sais bien que les statistiques (que j’ai souvent utilisées) sont la version la plus élaborée du mensonge, surtout si les instruments de mesure sont trafiqués. Pour le moment je les laisserai de côté.

Actuellement, les activités de nature politique sont complètement aveugles aux réalités économiques et se déroulent de façon telle qu’elles donnent la nausée. Je m’en éloigne en me bouchant le nez faute de pouvoir faire autre chose les concernant.

 

Je commencerai donc par les « activités productives »  symbolisées par le Petit Chaperon Rouge ou plutôt Cendrillon.

Une bonne raison de le faire est que, si l’on part du pré-requis que l’économie a pour objet de mettre en place les activités de production, de distribution et de consommation de richesses requises pour répondre aux besoins de l’Humanité, cette logique-là est bien le cœur du sujet et doit s’imposer aux autres.

 

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20 septembre 2013 5 20 /09 /septembre /2013 19:04

économie spéculative, économie réelle et inflation

 Economie F-R 3  

  

Dans le billet précédent, ce schéma était proposé. Il y était prétendu par ailleurs que, en vertu de la comptabilité en partie double relative aux cessions à titre onéreux, le total des entrées de liquidités dans les comptes courants était égal aux sorties. Or, visiblement, un flux de liquidités de provenance externe vient en permanence se rajouter dans les circuits. Il y a quelque chose qui cloche.

 

En fait, c’est simple à expliquer. Une situation comptable reflète une économie figée à un instant donné. Or l’économie n’est pas figée, elle est en perpétuelle évolution et, compte tenu de la chronologie de l’enregistrement des mouvements comptables, des écarts existent à un instant donné entre les débits et les crédits enregistrés dans les comptes des clients et ceux des fournisseurs respectifs. Il existe en fait plusieurs types d’activités créatrices de liquidités et plusieurs phénomènes qui se traduisent par des disparitions de liquidités. Le solde des créations et des disparitions est positif, le volume total des liquidités en circulation est régulièrement en augmentation. Les entrées en nominal dans les comptes des fournisseurs sont très régulièrement en retard sur les sorties des comptes des clients car ceux-ci ne paient pas beaucoup d’avance. Comme le volume total est en croissance, le volume des retards est en croissance et gomme dans les comptabilités une partie des liquidités. Mais il existe aussi d’autres mécanismes.

En fait, le schéma évoqué est à prendre avec une vision dynamique. Les flux entrant et sortant respectivement des activités d’économie réelle et des activités d’économie spéculative ne sont pas équilibrés et ce sont ces déséquilibres qui sont rattrapés par la croissance constante du volume en nominal des liquidités.

 

Regardons quelques mécanismes.

 

Dans l’économie réelle, les rémunérations ne sont généralement versées qu’après que le travail ait été fourni. Il faut en effet que les producteurs aient vendu le fruit du travail productif, et encaissé son prix, pour que celui-ci puisse être rétribué. Les services rendus sont pratiquement toujours payés après exécution alors que l’exécutant a déboursé de quoi vivre pendant et durant l’exécution du service, quelle que soit sa nature.

Avec le morcellement et la complexification des filières de production des richesses consommables, l’économie réelle est devenue une éponge pour absorber des liquidités.

 

Dans l’économie spéculative, la fourniture de crédits s’opère ainsi. L’emprunteur achète le crédit pour le prix du nominal plus les intérêts. La banque lui fournit sur le champ la disposition de la somme prêtée et le service. L’acheteur ne paiera que progressivement sur la durée du prêt.

L’acheteur d’une action de S.A. ou de parts d’une S.A.R.L. est tout de suite amputé des liquidités correspondantes. Il sera payé par la vente de sa part de capital (ou à la liquidation) et par les dividendes.

 

Il existe par ailleurs des mécanismes de suppression de liquidités. L’un en est la dévalorisation des actifs. Une perte est alors constatée, qui se répercute finalement d’une manière ou d’une autre par une baisse de disponibilités sur des comptes courants. Par exemple, si le cours de l’action baisse, les vendeurs, en cas d’aller et retour, auront enregistré une perte.

Un autre est lié à la dévaluation. Si elle n’est pas consacrée à des activités spéculatives, en cas de dévaluation, quand l’épargne est réinjectée dans l’économie réelle, c’est avec un pouvoir d’achat réel inférieur. L’acheteur de quoi que ce soit ne pourra plus l’échanger contre le même équivalent en services ou en richesses consommables. Tout se passe comme si des liquidités avaient disparu des flux circulant en nominal.

 

Il faut donc raisonner à la marge. La vision comptable ne donne qu’une image figée, les dynamiques sont masquées dans les en-cours. Les décideurs qui ne raisonnent que sur les soldes en sont réduits à une vision complètement myope des réalités.

 

Le schéma paradoxal a trois utilités :

 

Dans une vision comptable, il faut considérer que la flèche « création de liquidités » est là pour tenir compte des écarts chronologiques dans les enregistrements des décaissements et des encaissements, qui font que les entrées et sorties de liquidités respectivement des deux domaines d’activités ne sont pas équilibrées.

Ce schéma permet alors de séparer sur une base comptable les activités d’échange de richesses à titre onéreux. D’un côté l’économie spéculative intègre toutes les activités portant sur des supports spéculatifs, où qu’elles se passent, aussi bien dans les organismes marchands, que chez les particuliers, ou que dans les organismes à vocation financière. De l’autre l’économie réelle comprend toutes les activités de prestation de services, à commencer par le travail humain, mais en passant aussi par les services étatiques ou les services de redistribution sociale, et les transferts de propriété des biens tangibles. < valeur des choses >

 

Dans une vision dynamique et non pas figée par la comptabilité, il illustre le mécanisme inflationniste. Si trop de liquidités sont affectées aux achats de richesses consommables, y compris ressources et équipements productifs, il y a déséquilibre avec le volume des richesses disponibles sur les marchés. Les prix montent en fonction de leur rareté par rapport à la demande.

Ce phénomène se produit quelle que soit l’origine de l’excédent de liquidités, par création de monnaie "à la planche à billets", par une injection supplémentaire d’épargne ou par l’affectation de disponibilités issues de prises de bénéfices dans des activités spéculatives, ou par la redistribution étatique vers les achats marchands de consommation courante. Pour éviter l’inflation, en cas de création monétaire, il faut donc pomper l’épargne et la diriger vers des activités spéculatives.

 

Enfin, il montre que vouloir réguler l’économie en agissant simplement sur les facilités de création de liquidités est complètement illusoire. Ce qui se passe ensuite échappe complètement aux régulateurs. Ce sont les titulaires des comptes courants qui prennent la main, et ils le font en fonction de leurs intérêts propres et à court terme.

 

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23 septembre 2012 7 23 /09 /septembre /2012 12:05

capitalisme crise 1 

 

 

 

 

 

                      Dans la théorie des jeux ,

 

l’étreinte fatale est une situation de type perdant-perdant.

 

 

 

 

Le protagoniste s’aperçoit qu’il dépend pour agir de ressources qui proviennent des autres et les autres ne peuvent fonctionner car ils attendent pour cela des ressources qui dépendent de son action. Par exemple, vous êtes devant votre voiture en panne d’essence dans votre garage et la pompe à essence la plus proche est à 50 km. La voiture a besoin d’une ressource, le carburant et vous avez besoin d’une ressource, l’usage de la voiture pour lui fournir du carburant. Il ne vous reste plus qu’à espérer un miracle, très improbable si tous vos voisins sont absents et si vous n’avez pas le téléphone. Vous ne pouvez plus que faire une croix sur le confort d’un déplacement en voiture et marcher comme au bon vieux temps, sous la pluie, car il est bien connu qu’un malheur n’arrive jamais seul. Vous êtes perdant et la voiture aussi car elle ne peut pas vivre sa vie de véhicule itinérant et reste au garage. Il existe même une victime collatérale, le pompiste.

C’est un petit jeu qui peut se jouer à deux, mais aussi à plus de participants. Pour éviter de se trouver dans une telle situation, il faut connaître toutes les données de la situation, donc jouer cartes sur table. Dans l’exemple cité, la jauge de la voiture était mensongère et vous n’aviez pas prévu de bidon de secours. Les tricheurs doivent être bannis du jeu. Cela permet d’anticiper et d’éviter de se trouver piégé.  Il existe même une méthodologie pour aborder cette problématique « l’algorithme du banquier », mais je me demande si cette appellation ne relève pas de l’humour noir quand on analyse la crise actuelle.

 

Toujours est-il qu’en économie nous sommes dans un jeu à trois partenaires, l’économie réelle, le pouvoir politique et le pouvoir financier.

 

L’économie réelle ne sait faire qu’une chose : produire des richesses tangibles et les distribuer pour qu’elles disparaissent dans la consommation, en correspondance avec les besoins. Elle doit fonctionner en continu car, pour que l’humanité subsiste, (et les trois protagonistes aussi), il lui faut consommer, les richesses indispensables au moins.

Elle dépend du pouvoir financier car elle a besoin que les liquidités circulent. Elle a besoin aussi du pouvoir politique car il lui faut disposer des supports d’autorité indispensables pour construire des structures de fonctionnement stables, afin de mettre en œuvre l’efficacité collective.

 

Le pouvoir politique, vis-à-vis de l’économie réelle, a trois justifications indiscutables. Il est garant de la sécurité, de la justice et de la protection des faibles économiquement. Il assure le gouvernement global de la nation dans sa coexistence avec les autres. Il se porte garant du pouvoir de coordination indispensable aux dirigeants des organismes de production, s’ils font la preuve de leur compétence, et permet leur éviction dans le cas contraire.

Il s’exerce par le pouvoir régalien défini dans la constitution.

Il a besoin d’une économie réelle prospère car il est gros consommateur de productions diverses, mais il tarit l’auto-investissement en pompant les liquidités pour distribuer du pouvoir d’achat à des non-producteurs de richesses tangibles.

 

Le pouvoir financier, vis-à-vis de l’économie réelle, a deux justifications irréfutables. D’une part assurer la circulation des liquidités indispensables, d’autre part de stocker l’épargne, qui n’est que du pouvoir économique non utilisé momentanément, et de le mettre à disposition de l’économie réelle sous forme de consommation différée ou d’investissement productif. Ce faisant, pour le deuxième item, elle permet de garantir l’épargne de précaution (contre l’inflation et le vol), ce qui la favorise et permet l’investissement productif et la croissance.

Il s’exerce par la maitrise des liquidités.

Il a besoin d’une économie réelle prospère, avec des achats nombreux et de l’épargne, pour avoir des liquidités à sa disposition. Comme le précédent, il tarit l’auto-investissement. Il enchérit l’investissement externe par la pratique de la spéculation.

 

Tout le monde triche. Pour des convenances particulières, chacun des protagonistes altère son rôle d’acteur et fournit aux autres des ressources dénaturées par rapport au scénario implicite.

 

Le pouvoir financier utilise le crédit pour créer des liquidités surabondantes afin d’en distribuer un maximum à ses dépositaires. Il affecte une partie de cet excès au fonctionnement de l’économie réelle sous forme de pouvoir d’achat pour ses protégés, et le récupère sous forme d’intérêts, de frais et d’épargne spéculative, afin de juguler l’inflation. Tout ce qui n’est pas affecté à l’économie réelle est stocké sous forme de richesses comptables portées par des actifs dont la plupart ne sont que des supports artificiels dotés d’une valeur convenue entre acteurs financiers. Cette pratique obère de plus en plus l’économie réelle car elle consomme des ressources et elle introduit des distorsions en renchérissant certaines filières de production par rapport aux autres, par des frais financiers et par le surcoût spéculatif de certains actifs tangibles que sont les biens immobiliers ou les ressources naturelles nécessaires.

Il utilise aussi le crédit pour contrebalancer le pouvoir politique en modulant de son propre chef les ressources financières dont celui-ci a besoin pour fonctionner.

Par ailleurs, il ne se prive pas de présenter des perspectives économiques enjolivées pour séduire son environnement partenarial.

 

Le pouvoir politique, afin de se constituer des réseaux de soutien clientéliste, a multiplié les distributions de pouvoir d’achat à toutes sortes d’abonnés à l’Etat providence. Ceci n’apporte rien, sinon des contraintes supplémentaires, aux organismes de production. Il a multiplié les structures étatiques. Il a accumulé les pratiques administratives et les réglementations parfois contradictoires. Il a favorisé le clanisme politique et les débats publiques où triomphe la démagogie irréaliste. Il a favorisé la sortie du monde de la production d’individus parfaitement capables de participer, eux aussi, à la production des richesses tangibles qu’ils consomment.

Constatant l’effet néfaste d’un excès de soutirage de liquidités des circuits de l’économie réelle par les impôts taxes et prélèvements divers, il s’en est remis au pouvoir financier pour fonctionner et, dans nos pays, il s’est abonné au crédit.

Ce faisant, il n’a fait que déplacer le problème car il est obligé de financer les banques, en faisant fonctionner les planches à billets, car sinon il se produit des crises de liquidités et il ne reste que la solution du défaut et de l’inflation combinés. C’est le citoyen ordinaire qui hérite du désastre sans avoir les moyens de s’y opposer ni d’en sortir.

 

L’économie réelle a triché, elle aussi. Sous la pression des pouvoirs d’achat élevés, l’investissement productif est conduit, non pas en fonction des besoins, mais en fonction de sa rentabilité pour l’investisseur.

Les épargnants, ayant de fait un pouvoir d’achat excédentaire, ne consacrent pas tout à la consommation. Leur épargne peut se diriger vers la spéculation, et donc sortir de l’économie réelle puis revenir grossie sous forme de pouvoir d’achat encore plus excédentaire, c’est l’investissement financier. Mais aussi, elle peut être investie dans la production. L’investissement dans la production de richesses futiles est beaucoup plus rentable que celui dans la production de richesses basiques. S’adressant à des clients à fort pouvoir d’achat, les marges y sont beaucoup plus généreuses. Sous le triple effet du gonflement des pouvoirs d’achat des mieux lotis au détriment des autres, par la spéculation financière, par le clientélisme politique et par l’investissement dans les futilités, sans impact positif sur la production de richesses consommables de base (l’i-Phone 5 est un exemple récent), il s’instaure une croissance à deux vitesses, avec un écartèlement social destructeur de cohésion. ( Bye bye l'homo oeconomicus )

Cette économie schizophrène tend à cantonner une partie de la population mondiale dans une économie tout juste de subsistance momentanée, pendant la « durée de vie utile » de l’individu, et l’abandonne ensuite. Elle procure aux autres des possibilités de confort, parfois limitées, mais qui peuvent prendre des proportions absolument délirantes, sans aucun rapport avec leurs participations objectives à l’économie de production.

Une bonne partie des ressources de créativité et de développement est consacrée à entretenir cette schizophrénie, par les effets de mode, la publicité directe ou indirecte et la culture des sensations plutôt que celle des sentiments. Le socle des productions basales est vampirisé.

 

Quand tous les protagonistes trichent, il n’est plus possible de jouer dans l’esprit du jeu. Trop c’est trop, l’étreinte fatale est engagée et c’est la crise. L’économie réelle bouffie et fardée n’arrive plus à supporter son propre poids, la finance est étouffée par des monceaux d’actifs en perdition, le monde politique jacasse, se déchire et se contorsionne dans des postures dérisoires.

Comme un malheur n’arrive jamais seul (voir le début), la situation est compliquée par le fait que l’humanité bute maintenant sur les limites des ressources de la planète. L’utilisation des échappatoires comportementales habituelles, qui consistent à puiser encore plus vite dans les ressources naturelles, aggrave les dégâts. 

Chacun des protagonistes fait pression sur les autres pour essayer de les forcer à trouver une solution indolore pour soi. Or le Costa Concordia économique semble bel et bien échoué, et bon pour passer à la casse.

 

La seule issue durable passe par un déverminage sérieux des trois  secteurs d’activités associés dans la faillite. Il leur faudrait jeter par-dessus bord toutes les pratiques perverses où ils se complaisent, et tous les impédimentas gangrénés qui les accompagnent. C’est sans doute utopique. Malheureusement, comme d’habitude, ce sont les plus fragiles qui supportent et supporteront les erreurs des plus blindés. Il faudrait mettre en fabrication des bouées pour ceux qui ne savent pas nager mais les coupables aux commandes cherchent plutôt à se confectionner, avant d’être vraiment mouillés, des chaloupes confortables mais à eux seuls réservées.

 

Ce n’est même pas paradoxal, c’est plutôt la coutume en cas de naufrage, quoiqu’on en dise.

 

                            à plus …

 

17 avril 2012 2 17 /04 /avril /2012 10:54

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… ou quand le système financier joue les amplis

 

Le monde économique est enlisé dans « la crise ». L’économie européenne et singulièrement française est sur la sellette. Les candidats à la présidentielle promettent tous monts et merveilles avec des recettes à faire rigoler les chevaux de bois, s’il y en avait encore dans les fêtes foraines. Ils sont excusables car les économistes professionnels, s’ils sont d’accord pour dire que tout va mal et en s’aggravant, ne proposent que des serrages de ceintures sans garantie de résultat.

Pourquoi en sommes-nous là alors qu’une foultitude de dirigeants super-instruits, talentueux et bien intentionnés nous a conduits progressivement à cette situation désastreuse ? Ceux qui s’aventurent à un diagnostic ne disent guère que « c’est pas comme ça qu’il fallait faire ! ».

Alors, plutôt que d’attendre que la macroéconomie devienne prédictive, faisons de la macroscopie comparative de mécanismes.

 

En économie le « marché factuel » est le lieu où les richesses acquièrent une valeur d’échange entre propriétaire et acquéreur. C’est indispensable en cas d’usage d’une monnaie quelconque.

Chacun, c’est naturel, essaye de faire valoir ses propres intérêts de manière à maximiser sa satisfaction. En régime libéral les deux protagonistes sont livrés à eux-mêmes dans une grande mesure, tout ce qui n'est pas interdit est autorisé. En régime dictatorial, ils sont encadrés par un carcan réglementaire imposé par la force, tout ce qui n'est pas autorisé est interdit, qu’il s’agisse de la dictature d’un homme, d’un clan, d’un parti, ou d’une idéologie relayée par un homme, un clan ou un parti.

Dans tous les cas le résultat est celui d’une confrontation de pouvoirs, donc d’un rapport de forces. Les différentes théories d’établissement de la valeur, telles que celle de la valeur marginale proposent des contorsions pour essayer de camoufler cette évidence.dialogue 1

Dans ce face à face, le droit de propriété est un avantage initial en termes de pouvoirs. Si l’objet est à vendre, c’est sans doute que sa possession ne fournit pas de satisfaction suffisante, mais il existe déjà pour l'acheteur un handicap de valeur acquise à combler. Dans la très grande majorité des cas, le vendeur a donc une position de force. Si son droit est garanti, il a toujours la possibilité de refuser la transaction. La transaction ne se fait donc que si le vendeur en tire un bénéfice suffisant en termes de satisfaction. Quand  il se sent acculé à accepter la transaction, c’est qu’il préfère vendre plutôt que risquer d’obtenir moins de satisfaction (ou plus d’insatisfaction ce qui revient au même) en vendant plus tard.

L’art du vendeur consiste à maquiller son propre bilan de satisfaction, tiré de la richesse qu’il offre,  tout en faisant miroiter des espérances de satisfactions futures importantes pour l’acheteur potentiel, afin de donner l’apparence d’un échange équilibré. C’est ce qui explique le développement de la publicité, de la culture des effets de mode, et finalement de l’amplification ou création artificielle de besoins, autrement dit d’espoirs de satisfactions pour des acheteurs captifs.

 

L’économie crée des richesses à partir de ressources naturelles, y compris le travail humain. Elle n'a lieu d'être que si un vendeur compte y trouver un intérêt, donc un acheteur. Sinon, ce ne serait plus de l’économie mais de l’activité sans contrepartie.

Les ressources de la planète sont gratuites au départ et les potentialités de travail ne sont mises en œuvre que dans la perspective d’une richesse échangeable. La valeur finale d’une richesse est la représentation du cumul des déséquilibres des espoirs de satisfaction tout au long des chaînes d’échanges que constituent les circuits économiques amont (déséquilibres des pouvoirs de persuasion dans le tandem vendeur-acheteur au moment de la transaction, dans le contexte contingent local de celle-ci).

L’économie de marché n’est qu’un traitement informatif de la valeur subjective.

 

marché 2

 

Le troc est un moyen archaïque de le pratiquer. C’est du bouche à oreille. La monnaie, support d’information sur la valeur des richesses en objet, a apporté une puissance et une souplesse considérables au traitement de cette information. Elle joue un rôle analogue au codage électromagnétique utilisé abondamment comme médium dans les traitements modernes de l’information.

 

Les échanges sont déséquilibrés et les vendeurs peuvent stocker leurs excédents bénéficiaires dont ils n’ont pas un usage immédiat. C’est l’épargne. C’est de la réserve de valeur, donc la disposition d’une réserve de satisfaction potentielle échangeable contre n’importe quoi, en ayant une position privilégiée de vendeur.

L’épargne permet de pratiquer le crédit, c'est-à-dire d’échanger une satisfaction immédiate contre une satisfaction ultérieure, supérieure grâce aux intérêts. Le crédit est un amplificateur de la satisfaction initiale du prêteur profitant d’une position de force. 

La monnaie, l’épargne et le crédit ont donné lieu à l’essor de l’industrie financière.

 

Dans le système financier primitif, la monnaie en circulation provenait de trois sources, les liquidités accompagnant le flux des richesses allant de la production jusqu’à leur consommation, l’épargne et le battage de monnaie.

Le flux monétaire était régulé par le mécanisme inflationniste. La valeur subjective des richesses consommées, correspond au nombre et à la prégnance des besoins qu’elles permettent de satisfaire. Si le volume de monnaie s'accroît trop en face d'une quantité donnée de richesses à échanger l'inflation se produit. Si elle est trop importante, le marché se dérègle et production, distribution et consommation se désaccordent. Les autorités politiques régulatrices de l’émission de monnaie n’avaient pas intérêt à tolérer une inflation pénalisante et freinaient généralement l’emballement inflationniste.

 

Ce qui a fait dérailler le mécanisme primitif, c’est l’abandon par le pouvoir politique du rôle de contrôleur du système financier. Dépassé par sa complexité et sa taille mondiales, les dirigeants politiques se sont contentés de suivre les recommandations de leurs conseillers financiers, ou plutôt financiers conseillers.

Pour les financiers, la matière première est constituée de l’épargne et du montant des comptes confiés par des clients pour les revaloriser. Aux commandes, ils se sont attachés à générer un maximum de monnaie puisque celle-ci est leur raison d’exister. Grâce à la monnaie scripturale, aux produits dérivés et autres outils, ils ont trouvé le moyen de multiplier sans contrôle le volume de monnaie par le crédit. Restait à résoudre le problème de l’inflation. Il fallait trouver de quoi éponger la monnaie excédentaire sans qu’elle vienne se déverser dans les circulations PDC (Production-Distribution-Consommation), au risque d'inflation en face de la réalité des besoins et de la valeur subjective des richesses consommables.

Ils avaient déjà le contrôle de la plupart des bourses, et donc du « marché ». Il leur a été livré sans combattre par leurs initiateurs, c'est-à-dire les producteurs, distributeurs et consommateurs qui sont devenus leurs obligés en s’abandonnant aux facilités du crédit et de la gestion de l’épargne par ces experts en gonflette.

Dans les richesses, certaines disparaissent parce qu’elles sont consommées, d’autres ont vocation à durer. Pour esquiver l’inflation, il leur a suffi de favoriser au maximum toutes les pratiques spéculatives et d’affecter la monnaie scripturale en excédant à une création et une manipulation frénétiques de richesses durables plus ou moins artificielles. Toute la valeur conventionnelle de l’excédent monétaire est comptabilisée au titre de sous-jacents qui se justifient par des besoins tout aussi artificiels. Les financiers officialisent eux-mêmes ces besoins puisque ce sont les leurs. C'est avant tout celui de reporter sur d’autres les risques du crédit (qui justifient les intérêts) et après tout d'éviter l’inflation. Les CDS en sont un exemple emblématique.

L’inflation sur les richesses consommables est ainsi jugulée.

 

sono 5Venons-en à « l’effet Larsen ». Il est bien connu dans les chaînes de sonorisation.

 

Il se produit quand, dans une chaîne récepteur-ampli-émetteur, le récepteur capte une partie de l’émission de l’émetteur. En acoustique, c’est quand le micro capte le son du haut parleur et l’envoie dans l’ampli.

vacarme 1Le système se met en résonnance en fonction de ses caractéristiques. Le signal traité se met à croître spontanément en boucle, de manière très déformée. En acoustique, un bruit désagréable augmente ainsi rapidement jusqu’à un niveau tel que le matériel abdique. Ce niveau est rarement atteint car il se trouve généralement un auditeur incommodé qui se précipite sur l’appareil pour couper le son.

 

En économie, le système financier reçoit de l’épargne et des liquidités à faire fructifier. Il se sert du crédit comme amplificateur de volume monétaire. Si les bénéfices de cette pratique sont réinjectés dans le système pour spéculer, il se produit une augmentation exponentielle de monnaie scripturale qui fait croître sans frein les valeurs conventionnelles des richesses durables. Cela touche des richesses tangibles, comme les biens immobiliers ou des richesses naturelles telles que des ressources minérales. Cela touche aussi les titres financiers qui sont en fait des créances, ou des produits dérivés des diverses richesses sur le marché.

Ce phénomène n’est qu’une concrétisation, parmi d’autres, de l’effet Larsen.

 

Son antidote est simple, il suffit de consacrer tous les surplus de monnaie scripturale créés par le crédit, non pas à spéculer, mais à consommer plus, pour détruire la valeur conventionnelle excédentaire. Il faut donc restreindre strictement le crédit à la mise en circulation de l’épargne de précaution, sans réinjecter les bénéfices dans le circuit spéculatif. Il faut aussi produire plus. C’est casser tous les mécanismes spéculatifs.

Cela se heurte à des obstacles majeurs :

-      Il est beaucoup plus agréable de se donner de la satisfaction en consommant que de se donner de l’insatisfaction en produisant.

-      La situation dégradée permet aux « puissants économiquement » d’augmenter leur pouvoir et de contraindre les plus faibles à produire ce qui plait aux « riches ».

-       La spéculation fait grimper le coût des investissements et freine les possibilités de production.

-      Les exigences du développement durable posées par la capacité limitée en ressources de la planète contraignent la production.

-      Les liquidités mises en circulation dans la circulation PDC (Production-Distribution-Consommation) génèrent de l’inflation si les productions ne se développent pas en proportion. L’investissement productif ne porte ses fruits, en général, qu’au bout de quelques années. En attendant, il est générateur d’inflation par les salaires supplémentaires qu’il injecte dans la consommation.

-      La gonflette financière permet le phénomène de monnaie forte <  Monnaie forte  >, indispensable pour garder une balance des comptes équilibrée quand la balance commerciale est déficitaire.

-      Etc., etc., …

 

L’effet Larsen détériore aussi le matériel. Le système financier n’échappe pas à la règle.

 

La valeur conventionnelle de certaines richesses réputées durables ne tient qu’à l’auto-persuasion de leurs propriétaires spéculateurs. Un retournement d’opinion suffit à provoquer un effondrement des cotes et une disparition soudaine d’un pan entier de la valeur comptable des sous-jacents concernés. Par effet de dominos, l’effondrement peut se propager de place en place et provoquer une crise financière.

La chaîne d’amplification financière a vu un de ses étages céder sous la surchauffe et les autres subir le choc en retour. La chaîne PDC se bloque par manque de liquidités.

Pour la relancer, il faut ouvrir les vannes du crédit étatique. Les organismes financiers en profitent pour regarnir de capitaux leurs caisses de résonnance en forme d’actifs. L’économie réelle reste en panne pendant que les spéculateurs se refont une santé.  

cercle vicieux Remarque en passant : Les indicateurs financiers, dans une économie mondialisée, reposent sur les taux de change des différentes monnaies. Les bourses ne fixent pas ceux-ci avec une vision objective, c'est-à-dire pour générer une image de l’économie réelle. Les taux sont positionnés dans une démarche spéculatrice, pour faciliter la mise en résonnance des valeurs de titres financiers dont beaucoup sont artificiels et sans rapport avec le monde des besoins humains et des richesses consommables.

De ce fait, les indicateurs ne véhiculent que des informations virtuelles. C’est néanmoins sur elles que les décideurs de tout poil se basent pour piloter. L’incohérence de leurs décisions avec le monde réel ne fait qu’entretenir le chaos. Plus personne ne trouve les bons boutons à actionner pour arrêter la dégringolade,  encore moins les dirigeants politiques prisonniers de leurs réseaux, de leurs idéologies et de leur démagogie.

 

Faut-il revenir à une économie de type médiéval pour avoir un système financier préservé du Larsen monétaire ? Ce serait quand même paradoxal !

 

à plus …

 

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