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18 décembre 2015 5 18 /12 /décembre /2015 17:43
Il est long le chemin, mais où conduit-t-il ?

 Et dans quel sens faut-il l’emprunter pour y arriver ?   

 

Le billet précédent nous laissait au bord du chemin du « progrès » mais sans préciser ce qui fait l’attractivité prétendue de ce fameux progrès de l’espèce humaine.

Il nous mettait en face d’une interrogation : l’avenir de l’espèce humaine est-il à orienter, grâce aux boussoles ou aux GPS des « valeurs » (indicatives du « bien ou mal »), ou à être confié au sort commun des espèces vivantes, à savoir la sélection hasardeuse mise en évidence par Darwin, basée sur les évolutions de l’environnement combinées à la concurrence inter-espèce et intra-espèce ?

 

S’embarquer sur la l’analyse des valeurs pour essayer de trancher semble une impasse. Leur germination individuelle peut avoir de multiples origines, dont l’endoctrinement à des fins discutables. Leur foisonnement est incontrôlable et relève aussi bien de la réflexion logique que du fétichisme. Leurs contradictions entre individus est ingérable. Est-il bien ou mal de décapiter un congénère ? Même sur une question existentielle aussi cruciale les avis divergent. 

Pour trancher, il faudrait faire appel à une Vérité d’ordre supérieur, à une « morale » propre à l’espèce. Ce serait ouvrir la porte à des oppositions dogmatiques irréductibles, à un tohu-bohu généralisé.

 

Pourtant, ce qui a fait la réussite de l’espèce humaine, c’est cette référence au « bien ou mal ». Elle permet en effet de fédérer les multiples capacités créatives des êtres humains pour générer une créativité collective sans limites apparentes.

C’est aussi elle qui génère le doute métaphysique et qui perturbe les réflexions fondamentales.

Pour certains, « l’arbre de la science du bien ou du mal », par son fruit, est la cause de l’expulsion de l’être humain de l’Eden primitif ou ne régnait que l’insouciance animale, celle qui ne se confronte pas à une recherche du sens de la vie. Certes, cette image procède d’une référence religieuse, mais son message est universel si l’on veut bien l’examiner indépendamment de tout dogmatisme.

 

Pourtant il nous faut trancher. Les circonstances nous y obligent. L’humanité est engagée dans une impasse et s’y engouffre en accélérant.

La Terre est une planète, tout le monde le sait. Ses ressources sont limitées. Ce sont elles qui permettent la consommation humaine. Mais à la fois :

  • la population humaine augmente continument,
  • les ressources terrestres sont de plus en plus entamées,
  • les équilibres environnementaux sont désorganisés par l’activité humaine,
  • les consommations par individu augmentent en diversité et pour certaines en quantité,
  • donc les destructions de ressources non renouvelables ont tendance à s’accélérer,
  • les promiscuités encombrantes et la concurrence vitale accroissent les causes de fractures entre les peuples et au sein des peuples, et donc les risques de conflits meurtriers,
  • les moyens de destruction massive ont fait des progrès énormes et peuvent sur un coup de folie empoisonner toute la planète,
  • les moyens médiatiques se perfectionnent, touchent de plus en plus de publics, et sont en très grande partie dédiés à la promotion de la consommation dans toutes les directions à la fois, directement ou indirectement.

 

Le choix d’un sens pour la vie humaine devient de plus en plus inévitable.

 

Nous connaissons tous l’obsédante présence de la référence bipolaire « bien ou mal » mais il est possible de l’ignorer volontairement. Pour certain ce rejet est devenu un réflexe entretenu avec persévérance. Il est pour eux un repli vers l’insouciance animale irresponsable primitive, mais avec en contrepartie le retour vers la sélection darwinienne originelle. Le choix factuel entre l’animalité métaphysique, résultant d’une telle oblitération de toute valeur dérangeante, et la prise en considération respectueuse de la condition humaine est donc déjà inscrit dans les réalités. A quoi pourrait nous mener un tel repli s’il se généralisait ?

 

Plutôt que de développer des raisonnements fatalement fastidieux, mieux vaut prendre des illustrations, faciles à interpréter comme sont les fables animalières.

Si l’on veut choisir un exemple d’ « animalité » savamment organisée en classes de populations et d’activités, le monde des abeilles est beaucoup plus comparable à notre système socioéconomique que celui de toute autre espèce d’animaux sociaux. Il y a peut-être aussi le cas des termites mais il est moins connu.

Certains ethnologues ont fait le rapprochement entre l’espèce humaine et les primates qui vivent de façon clanique, tels que les chimpanzés, les macaques ou autres babouins. Ils ont mis en évidence que d’importants réflexes comportementaux chez les humains sont identiques aux leurs. Notre espèce véhicule encore dans son ADN les dispositions innées des primates chasseurs-cueilleurs-sociaux adaptés au schéma darwinien. Notre problème est que notre ingéniosité collective a imposé des structures sociales beaucoup plus sophistiquées, mais qui sont indispensables à notre économie de subsistance collective infiniment plus complexe. Ce n'est plus une prédation collective inorganisée, de ressources locales en vue d’une consommation immédiate. La pomme d’Eve et Adam nous est tombée sur la tête.

La vie des abeilles est beaucoup plus structurée que celle des quadrupèdes supérieurs. Elles n’ont pas un encéphale leur permettant, je pense, de développer des considérations métaphysiques basées sur le binôme « bien ou mal ». Ceci nous offre la possibilité de contempler un fonctionnement purement animal et cependant très intelligemment organisé.

Nous y reviendrons.

 

En face de l’animalité matérialiste, certains brandissent comme un trophée (dont ils s’attribuent le mérite) la réalité humaine actuelle en la qualifiant de « progrès ». Si l’on se réfère aux avis de la majorité des humains, basés sur leur éventail individuel de valeurs intimes et les satisfactions qu’ils tirent de leur existence, il se dégage un accord global. Certaines évolutions vont vers le « bien », d’autres dérivent vers le « mal », mais il subsiste un très important reliquat pour lequel il n’y a pas de majorité car le ressenti du bien ou mal dépend fortement d’intérêts très individuels. Ceux-ci sont généralement en opposition entre individus.

De fait, nous ne pouvons pas faire un rapprochement entre le sens de la vie et un mythique progrès sans passer par des débats très approfondis, et régulièrement réactualisés, portant sur des « principes universels », sur leur respect et sur leurs conséquences.

Nous y regarderons aussi.

 

Pour revenir au dilemme initial, faut-il aller vers une animalité darwinienne très structurée,

… ou vers un « progrès » bien maîtrisé, vers une résonnance harmonieuse entre créativité individuelle et créativité collective orchestrée par une vision « bien ou mal », reposant sur des principes respectés universellement mais qu’il reste à débattre sur le fond et à imposer collectivement ? Peut-on compter sur une « intelligence collective » émergeant progressivement de l’omniprésence de la religion consumériste, matérialiste et  aveuglée par les intérêts individuels ?

 

… à plus …

commentaires

A
Ce sont les jeunes qui montrent la lumière!<br /> <br /> https://www.youtube.com/watch?v=BaQhse6Ag4g
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A
En fait, au fond, comme vous, je préfère le rôle de celui qui montre la lumière, ou qui prétend qu'il y en a une, ou qui dit qu'il faut s'en méfier, que le rôle de celui qui pave!
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E
" je préfère le rôle de celui qui montre la lumière, ou qui prétend qu'il y en a une, ou qui dit qu'il faut s'en méfier, que le rôle de celui qui pave "<br /> Pour évoquer une lumière, de façon ou d'autre, il faut déjà penser qu'elle existe, donc l'avoir cherchée et avoir des indices de son existence. Alors pour vous accompagner, il faut déjà commencer par la chercher. Mais il y a aussi ceux qui pavent, et même aussi ceux qui se contentent de se pavaner sur les pavés posés par d'autres.
A
Nous pouvons sans doute compter sur une intelligence collective qui collationne, depuis que notre espèce est sortie de son "animalité darwinienne", des connaissance, des techniques et des institutions, dont certaines fonctionnent, d'autres ne fonctionnent pas ou encore, fonctionnent mieux que d'autres. Cette intelligence collective va s'enrichir également de ce que nous aurons imaginé et réalisé pour résoudre tous les défis qui nous sont soumis, dont "la religion consumériste, matérialiste et aveuglée par les intérêts individuels", et toutes les innombrables circonstances qui "nous y obligent".<br /> <br /> Et si nous échouons, c'est peut-être que l'éradication est finalement ce qui attend toutes les espèces invasives qui ont cru réussir pour les siècles des siècles.
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A
Le chemin ne conduit peut-être nulle part d'autre que là où nous le traçons et le pavons! C'est ainsi que nous arrivons continuellement au bout de notre chemin. Certains disent "regardez la lumière au loin, au fond du tunnel, c'est là que je vous mène". S'il est sympa, je rigole et je continue à paver vers cette soi-disant lumière; qui n'est peut-être que celle d'un train fou venant en contre sens, comme le prétend un humour paradoxal éculé.<br /> <br /> En fait, au fond, comme vous, je préfère le rôle de celui qui montre la lumière, ou qui prétend qu'il y en a une, que le rôle de celui qui pave!
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A
"Ce qui a fait la réussite de l’espèce humaine, c’est cette référence au « bien ou mal »."(C'est peut-être bien une caractéristique darwinienne de toute espèce animal: celle qui réussit est bien et celle qui rate est mal. Le dinosaure était "mal"!!)<br /> <br /> "L’humanité est engagée dans une impasse et s’y engouffre en accélérant." (Impasse ou challenge que toute espèce qui réussit doit relever)<br /> • "la population humaine augmente continument," (C'est plutôt un signe de réussite)<br /> • "les ressources terrestres sont de plus en plus entamées," (c'est à cela qu'elles servent pour toutes les espèces, et le reste de l'univers dispose de ressources infinies, et peut-être de prédateurs extra-terrestres cachés!!)<br /> • "les équilibres environnementaux sont désorganisés par l’activité humaine," (comme par toute espèce qui réussit, et que l'on qualifie alors d'invasive et de nuisible, avec comme solution, l'éradication!)<br /> • "les consommations par individu augmentent en diversité et pour certaines en quantité," (signe de réussite de l'espèce.)<br /> • "donc les destructions de ressources non renouvelables ont tendance à s’accélérer," (et donc la nécessité d'étendre le champ de notre invasion et de notre nuisance.)<br /> • "les promiscuités encombrantes et la concurrence vitale accroissent les causes de fractures entre les peuples et au sein des peuples, et donc les risques de conflits meurtriers," (on n'a rien sans rien!! Comment allons-nous gérer ces risques?!!)<br /> • "les moyens de destruction massive ont fait des progrès énormes et peuvent sur un coup de folie empoisonner toute la planète," (la rançon de la réussite! A gérer!!)<br /> • "les moyens médiatiques se perfectionnent, touchent de plus en plus de publics, et sont en très grande partie dédiés à la promotion de la consommation dans toutes les directions à la fois, directement ou indirectement." (La "réussite" dans tous les domaines où nous portons notre invasion et notre nuisance, y compris dans les médias et la consommation.)<br /> <br /> "Le choix d’un sens pour la vie humaine devient de plus en plus inévitable." (C'est peut-être aussi que le sens de la vie humaine est continuellement déterminé par nos choix, le plus souvent inconscients. "Choisir un sens pour la vie humaine", chaque religion, chaque philosophie, chaque idéologie prétend cela.)<br /> <br /> "ou vers un « progrès » bien maîtrisé," (pour certains, la Charia est un progrès bien maitrisé, pour d'autres, ce sont les droits et libertés fondamentales, pour d'autres encore, c'est se conformer à un logiciel universel qui déciderait en fonction d'une logique informatique ce qui est efficace et "bien" ou non...)<br /> <br /> Le "progrès", ou le "bien" ou la "maîtrise" ne seraient-ils pas que les noms que nous donnons à la direction que nous prenons quand nous perpétuons notre réussite, notre invasion et notre nuisance en tant qu'espèce vivante, le temps que cela dure!<br /> <br /> En ces temps de changement technologiques, idéologiques, démographiques, climatiques, "convaincre", "imposer", "subir" seront les verbes qui nous conduiront vers le bien ou le mal, la réussite ou l'échec, le progrès ou la régression, la maîtrise ou la soumission.<br /> <br /> Certains pensent qu'il y a moyen de penser mieux, d'autres qu'il y a moyen de faire mieux, et d'autres qu'il y a moyen d'imposer mieux.<br /> <br /> C'est un signe de vitalité de notre part.
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  • Ahuri par certains comportements, allergique au prêt-à-penser et narquois à l'égard du politiquement correct.

Pour en savoir plus, se reporter à la page "Le masque d'Esope";
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