Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
23 septembre 2012 7 23 /09 /septembre /2012 12:05

capitalisme crise 1 

 

 

 

 

 

                      Dans la théorie des jeux ,

 

l’étreinte fatale est une situation de type perdant-perdant.

 

 

 

 

Le protagoniste s’aperçoit qu’il dépend pour agir de ressources qui proviennent des autres et les autres ne peuvent fonctionner car ils attendent pour cela des ressources qui dépendent de son action. Par exemple, vous êtes devant votre voiture en panne d’essence dans votre garage et la pompe à essence la plus proche est à 50 km. La voiture a besoin d’une ressource, le carburant et vous avez besoin d’une ressource, l’usage de la voiture pour lui fournir du carburant. Il ne vous reste plus qu’à espérer un miracle, très improbable si tous vos voisins sont absents et si vous n’avez pas le téléphone. Vous ne pouvez plus que faire une croix sur le confort d’un déplacement en voiture et marcher comme au bon vieux temps, sous la pluie, car il est bien connu qu’un malheur n’arrive jamais seul. Vous êtes perdant et la voiture aussi car elle ne peut pas vivre sa vie de véhicule itinérant et reste au garage. Il existe même une victime collatérale, le pompiste.

C’est un petit jeu qui peut se jouer à deux, mais aussi à plus de participants. Pour éviter de se trouver dans une telle situation, il faut connaître toutes les données de la situation, donc jouer cartes sur table. Dans l’exemple cité, la jauge de la voiture était mensongère et vous n’aviez pas prévu de bidon de secours. Les tricheurs doivent être bannis du jeu. Cela permet d’anticiper et d’éviter de se trouver piégé.  Il existe même une méthodologie pour aborder cette problématique « l’algorithme du banquier », mais je me demande si cette appellation ne relève pas de l’humour noir quand on analyse la crise actuelle.

 

Toujours est-il qu’en économie nous sommes dans un jeu à trois partenaires, l’économie réelle, le pouvoir politique et le pouvoir financier.

 

L’économie réelle ne sait faire qu’une chose : produire des richesses tangibles et les distribuer pour qu’elles disparaissent dans la consommation, en correspondance avec les besoins. Elle doit fonctionner en continu car, pour que l’humanité subsiste, (et les trois protagonistes aussi), il lui faut consommer, les richesses indispensables au moins.

Elle dépend du pouvoir financier car elle a besoin que les liquidités circulent. Elle a besoin aussi du pouvoir politique car il lui faut disposer des supports d’autorité indispensables pour construire des structures de fonctionnement stables, afin de mettre en œuvre l’efficacité collective.

 

Le pouvoir politique, vis-à-vis de l’économie réelle, a trois justifications indiscutables. Il est garant de la sécurité, de la justice et de la protection des faibles économiquement. Il assure le gouvernement global de la nation dans sa coexistence avec les autres. Il se porte garant du pouvoir de coordination indispensable aux dirigeants des organismes de production, s’ils font la preuve de leur compétence, et permet leur éviction dans le cas contraire.

Il s’exerce par le pouvoir régalien défini dans la constitution.

Il a besoin d’une économie réelle prospère car il est gros consommateur de productions diverses, mais il tarit l’auto-investissement en pompant les liquidités pour distribuer du pouvoir d’achat à des non-producteurs de richesses tangibles.

 

Le pouvoir financier, vis-à-vis de l’économie réelle, a deux justifications irréfutables. D’une part assurer la circulation des liquidités indispensables, d’autre part de stocker l’épargne, qui n’est que du pouvoir économique non utilisé momentanément, et de le mettre à disposition de l’économie réelle sous forme de consommation différée ou d’investissement productif. Ce faisant, pour le deuxième item, elle permet de garantir l’épargne de précaution (contre l’inflation et le vol), ce qui la favorise et permet l’investissement productif et la croissance.

Il s’exerce par la maitrise des liquidités.

Il a besoin d’une économie réelle prospère, avec des achats nombreux et de l’épargne, pour avoir des liquidités à sa disposition. Comme le précédent, il tarit l’auto-investissement. Il enchérit l’investissement externe par la pratique de la spéculation.

 

Tout le monde triche. Pour des convenances particulières, chacun des protagonistes altère son rôle d’acteur et fournit aux autres des ressources dénaturées par rapport au scénario implicite.

 

Le pouvoir financier utilise le crédit pour créer des liquidités surabondantes afin d’en distribuer un maximum à ses dépositaires. Il affecte une partie de cet excès au fonctionnement de l’économie réelle sous forme de pouvoir d’achat pour ses protégés, et le récupère sous forme d’intérêts, de frais et d’épargne spéculative, afin de juguler l’inflation. Tout ce qui n’est pas affecté à l’économie réelle est stocké sous forme de richesses comptables portées par des actifs dont la plupart ne sont que des supports artificiels dotés d’une valeur convenue entre acteurs financiers. Cette pratique obère de plus en plus l’économie réelle car elle consomme des ressources et elle introduit des distorsions en renchérissant certaines filières de production par rapport aux autres, par des frais financiers et par le surcoût spéculatif de certains actifs tangibles que sont les biens immobiliers ou les ressources naturelles nécessaires.

Il utilise aussi le crédit pour contrebalancer le pouvoir politique en modulant de son propre chef les ressources financières dont celui-ci a besoin pour fonctionner.

Par ailleurs, il ne se prive pas de présenter des perspectives économiques enjolivées pour séduire son environnement partenarial.

 

Le pouvoir politique, afin de se constituer des réseaux de soutien clientéliste, a multiplié les distributions de pouvoir d’achat à toutes sortes d’abonnés à l’Etat providence. Ceci n’apporte rien, sinon des contraintes supplémentaires, aux organismes de production. Il a multiplié les structures étatiques. Il a accumulé les pratiques administratives et les réglementations parfois contradictoires. Il a favorisé le clanisme politique et les débats publiques où triomphe la démagogie irréaliste. Il a favorisé la sortie du monde de la production d’individus parfaitement capables de participer, eux aussi, à la production des richesses tangibles qu’ils consomment.

Constatant l’effet néfaste d’un excès de soutirage de liquidités des circuits de l’économie réelle par les impôts taxes et prélèvements divers, il s’en est remis au pouvoir financier pour fonctionner et, dans nos pays, il s’est abonné au crédit.

Ce faisant, il n’a fait que déplacer le problème car il est obligé de financer les banques, en faisant fonctionner les planches à billets, car sinon il se produit des crises de liquidités et il ne reste que la solution du défaut et de l’inflation combinés. C’est le citoyen ordinaire qui hérite du désastre sans avoir les moyens de s’y opposer ni d’en sortir.

 

L’économie réelle a triché, elle aussi. Sous la pression des pouvoirs d’achat élevés, l’investissement productif est conduit, non pas en fonction des besoins, mais en fonction de sa rentabilité pour l’investisseur.

Les épargnants, ayant de fait un pouvoir d’achat excédentaire, ne consacrent pas tout à la consommation. Leur épargne peut se diriger vers la spéculation, et donc sortir de l’économie réelle puis revenir grossie sous forme de pouvoir d’achat encore plus excédentaire, c’est l’investissement financier. Mais aussi, elle peut être investie dans la production. L’investissement dans la production de richesses futiles est beaucoup plus rentable que celui dans la production de richesses basiques. S’adressant à des clients à fort pouvoir d’achat, les marges y sont beaucoup plus généreuses. Sous le triple effet du gonflement des pouvoirs d’achat des mieux lotis au détriment des autres, par la spéculation financière, par le clientélisme politique et par l’investissement dans les futilités, sans impact positif sur la production de richesses consommables de base (l’i-Phone 5 est un exemple récent), il s’instaure une croissance à deux vitesses, avec un écartèlement social destructeur de cohésion. ( Bye bye l'homo oeconomicus )

Cette économie schizophrène tend à cantonner une partie de la population mondiale dans une économie tout juste de subsistance momentanée, pendant la « durée de vie utile » de l’individu, et l’abandonne ensuite. Elle procure aux autres des possibilités de confort, parfois limitées, mais qui peuvent prendre des proportions absolument délirantes, sans aucun rapport avec leurs participations objectives à l’économie de production.

Une bonne partie des ressources de créativité et de développement est consacrée à entretenir cette schizophrénie, par les effets de mode, la publicité directe ou indirecte et la culture des sensations plutôt que celle des sentiments. Le socle des productions basales est vampirisé.

 

Quand tous les protagonistes trichent, il n’est plus possible de jouer dans l’esprit du jeu. Trop c’est trop, l’étreinte fatale est engagée et c’est la crise. L’économie réelle bouffie et fardée n’arrive plus à supporter son propre poids, la finance est étouffée par des monceaux d’actifs en perdition, le monde politique jacasse, se déchire et se contorsionne dans des postures dérisoires.

Comme un malheur n’arrive jamais seul (voir le début), la situation est compliquée par le fait que l’humanité bute maintenant sur les limites des ressources de la planète. L’utilisation des échappatoires comportementales habituelles, qui consistent à puiser encore plus vite dans les ressources naturelles, aggrave les dégâts. 

Chacun des protagonistes fait pression sur les autres pour essayer de les forcer à trouver une solution indolore pour soi. Or le Costa Concordia économique semble bel et bien échoué, et bon pour passer à la casse.

 

La seule issue durable passe par un déverminage sérieux des trois  secteurs d’activités associés dans la faillite. Il leur faudrait jeter par-dessus bord toutes les pratiques perverses où ils se complaisent, et tous les impédimentas gangrénés qui les accompagnent. C’est sans doute utopique. Malheureusement, comme d’habitude, ce sont les plus fragiles qui supportent et supporteront les erreurs des plus blindés. Il faudrait mettre en fabrication des bouées pour ceux qui ne savent pas nager mais les coupables aux commandes cherchent plutôt à se confectionner, avant d’être vraiment mouillés, des chaloupes confortables mais à eux seuls réservées.

 

Ce n’est même pas paradoxal, c’est plutôt la coutume en cas de naufrage, quoiqu’on en dise.

 

                            à plus …

 

commentaires

A
<br /> Dès que de l’argent circule dans les circuits pourris de la finance et de la politique, il va se réfugier là où il ne faut pas. Pour mettre l’argent là où il faut, le plus simple et le plus<br /> efficace ne serait-il le bon vieux « helicopter drop » plutôt que les circuits politico-financiers qui sont associés à beaucoup de gaspillages et d’inefficacités ?<br />
Répondre
E
<br /> <br /> Auriez-vous déjà aménagé votre DZ (dropping zone) ?<br /> <br /> <br /> Ceci-dit, la question du pilote de l'hélicoptère reste posée, ainsi que celle du choix des DZ à privilégier.<br /> <br /> <br /> <br />

Présentation

  • : Le blog de ZENON
  • : Observation irrévérencieuse des "vaches sacrées" de l'Economie mondiale, plutôt destinée aux curieux qu'à ceux qui savent déjà tout du système socioéconomique. Si vous le trouvez parfois provocateur, ce n'est pas fortuit.
  • Contact

Profil

  • Esope
  • Ahuri par certains comportements, allergique au prêt-à-penser et narquois à l'égard du politiquement correct.

Pour en savoir plus, se reporter à la page "Le masque d'Esope";
  • Ahuri par certains comportements, allergique au prêt-à-penser et narquois à l'égard du politiquement correct. Pour en savoir plus, se reporter à la page "Le masque d'Esope";

Recherche