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23 août 2014 6 23 /08 /août /2014 17:28

 principe initial  

Question existentielle.

 

L’industrie financière existe-elle pour pomper les liquidités stagnantes ou le pompage des liquidités stagnantes a-t-il pour objet de permettre à l’industrie financière d’exister ? C’est une question qui vient à l’esprit pour un observateur attentif de l’industrie financière.

 

Cette industrie a deux utilités différentes, qui apparaissent indiscutables à tous.

 

La première est d’assurer la logistique des liquidités qui irriguent toute l’économie. Elle le fait en effectuant des mouvements comptables, selon la réglementation en vigueur, en application des ordres qui lui sont donnés par ses clients. Ces mouvements comptables sont un débit à un compte courant en contrepartie d’un crédit de la même valeur nominale à un autre compte courant dans la même banque ou dans une autre, et vice-versa. Ils peuvent être aussi des transferts dans les deux sens entre un compte courant et l’équivalent en espèces. Ils peuvent être encore des conversions d’une monnaie dans une autre.

Les moyens proposés par les organismes financiers pour communiquer avec leurs clients afin de recevoir des ordres de mouvement sont de plus en plus variés : services au guichet, chèques, ordres de virement, utilisation de cartes de crédit, acceptation de prélèvements de la part d’un tiers dument identifié, robots appropriés, etc.

 

Pour fournir ce service qui leur occasionne évidemment des frais de fonctionnement, ils sont rémunérés par des frais bancaires. Pour des raisons de concurrence entre eux ils doivent rester très limités dans leurs facturations, et la pression réglementaire d’origine politique va dans le même sens pour caresser l’électorat dans le sens du poil.

En fait, ils sont loin de couvrir par ce moyen tous leurs frais inhérents au service et ils utilisent pour ce faire les revenus provenant des autres services, beaucoup plus rémunérateurs.

 

La seconde est la fourniture de crédit. Les intérêts génèrent un retour de liquidités confortablement supérieur aux sorties. Les organismes financiers maîtrisent collectivement eux-mêmes le barème des taux de crédit. Ils ne sont limités dans leurs exigences que par la nécessité de conserver un nombre suffisant de clients solvables. Le différentiel entre les sorties et les rentrées de liquidités qu’ils provoquent est couvert par les banques centrales qui génèrent des liquidités scripturales pour faire face, plus ou moins judicieusement, aux demandes des organismes financiers. Leur instrument de surveillance est la tendance inflationniste.

 

Dans la pratique, le mode d’action des institutions financière, hors gestion comptable des comptes courants, est facile à comprendre. Elles aspirent un maximum des liquidités qui stagnent sous forme d’épargne, donc qui ne sont pas immédiatement affectées à la consommation de produits finals, ou à celle des ressources intermédiaires indispensables pour les produire. Pour ce faire, elles les empruntent elles-mêmes à leurs clients épargnants selon différentes formulations (comptes d’épargne, assurances-vie, comptes titres, …). Elles leurs proposent des intérêts pour faire grossir la valeur nominale de leur épargne. Ce soutirage systémique est aussi une nécessité pour les acteurs financiers, pour éviter qu’une inflation vienne éroder la valeur factuelle de leurs actifs.

La fourniture de crédit et immédiatement ensuite la récupération de l’épargne avant qu’elle retourne à la consommation entraîne un accroissement global des liquidités, mais sans inflation. Cependant, si le remboursement des créances efface en comptabilité le nominal des prêts, les intérêts provoquent dans leurs comptes une création ex-nihilo de valeur comptable qu’il faut bien compenser (contrainte de la comptabilité en partie double). En face de cette génération spontanée, il faut mettre des actifs comptables dont la valeur globale augmente continument.

Il existe un moyen très ancien de faire grossir la valeur comptable d’un actif, c’est la spéculation. Elle consiste à acheter un support spéculatif et à le stocker pour le revendre ensuite plus cher. Initialement la plus-value n’était dégagée qu’au moment de la revente de ce support. La création de bourses d’échange a fait tomber cette limitation : les supports cotés voient leur valeur réajustée en permanence en fonction des cotes conventionnelles. En organisant elle-même les bourses, l’industrie financière s’est donné un maximum de possibilités pour gérer la spéculation à son avantage. Il suffit de faire état d’une tendance favorable pour voir grimper la valeur conventionnelle des supports concernés (ce qui ouvre aussi la porte à l’intox informative).

 

Toutes sortes de supports spéculatifs peuvent être utilisées pour spéculer. Les supports tangibles tels que l’immobilier, les matières premières, les œuvres d’art, voient leur valeur buter sur les dispositions d’achat des utilisateurs, Ils ne peuvent pas être multipliés à volonté ni revalorisés selon les besoins de la finance.

Heureusement les titres de créance  de toutes natures (y compris par exemple les actions qui sont en fait des prêts par l’actionnaire à l’entreprise, personne morale, avec comme contrepartie des dividendes et des plus-values espérées à la revente) font partie des actifs et plus le crédit augmente, plus les supports que peuvent être les titres de créance se multiplient.

Comme le volume de supports basés sur la solvabilité des emprunteurs a des limites, les organismes financiers en ont inventés de nouveaux, créés à partir des créances initiales, les produits dérivés. Les financiers se les vendent mutuellement, en convenant entre eux, généralement grâce aux bourses qu’ils exploitent, d’une plus-value par rapport à la valeur des supports initiaux. Ce sont des agrégats, des options artificielles qui permettent de les vendre plusieurs fois sans qu’elles soient jamais cédées par leur possesseur, etc. …

Ces produits dérivés sont souvent présentés par leurs inventeurs comme une mutualisation du risque de défaut des emprunteurs initiaux, à l’intérieur de l’ensemble de l’industrie financière. Le fin du fin est que certains d’entre eux, tels que les Sicav, qui font perdre de vue les emprunteurs initiaux, sont vendus au grand public des épargnants et que ce sont eux alors qui supportent sans la connaître la réalité des risques pris par les financiers. Il y a toute une bibliothèque sur le sujet des produits dérivés car ils font jaser, d’autant plus qu’il existe un shadow-banking qui échappe à tout contrôle par les instances étatiques.

 

Toujours est-il que les actifs financiers s’accroissent continument et finissent par constituer une bulle gigantesque, de plus en plus fragile au fil de sa croissance. Il suffit d’un défaut de solvabilité trop important, par rapport à la possibilité de couverture des risques fournie par la mutualisation prétendue, pour que l’édifice s’écroule par pans entiers. Selon les estimations, cette bulle  représente en global des dizaines de fois (sinon des centaines) le chiffrage de toutes les richesses mondiales. Certains font valoir qu’après consolidation, c'est-à-dire neutralisation de la valeur des créances de leurs possesseurs par la valeur de celles que possèdent eux-mêmes les emprunteurs, la valeur finale en serait énormément réduite. C’est exact car une grande partie de la spéculation se fait entre organismes financiers, auteurs, dépositaires et cultivateurs de cette bulle.

Cependant, il faut comprendre que, arithmétiquement, la valeur résiduelle après consolidation correspond à la valeur nominale de toutes les liquidités correspondant à l’épargne placée dans l’économie spéculative. Elle y est restée en bonne partie : en tournant en circuit fermé, elle prend à chaque tour de la valeur conventionnelle. Ces liquidités économisées ne sont pas retournées dans le circuit de l’économie réelle pour les consommations de toute nature, y compris pour les investissements. Si elles étaient restées en circulation dans l’économie réelle, elles auraient augmenté les tendances inflationnistes dues à leur excès par rapport à la quantité de produits réels disponibles dans l’immédiat pour la consommation.

 

D’une manière probablement irraisonnée en global, les organismes financiers mènent des jeux simultanés sur divers terrains. Les banques, particulièrement celles de dépôt, poussent au crédit leurs clients car les intérêts sont la source principale des leurs revenus. Par le crédit, elles provoquent au sein de l’industrie financière, un besoin continu de liquidités supplémentaires et les obtiennent auprès des banques centrales grâce à leurs actifs à base de créances. L’industrie financière pompe l’épargne en proposant des placements financiers et en ristournant une partie des intérêts sous forme de « rendement de l’épargne ». Ce faisant, elle limite le risque inflationniste qui éroderait en continu ses actifs. Pour augmenter ces actifs et pour se créer une source indispensable de revenus, afin d’alimenter tout ce fonctionnement, elle s’adonne à la spéculation. Cette spéculation est d’autant plus nécessaire que ses actifs se développent de manière exponentielle et sont donc plus fragiles face à l’inflation. Pour pouvoir spéculer, devant les limites des supports spéculatifs tangibles, elle multiplie grâce aux produits dérivés les possibilités de spéculations entre opérateurs financiers. Tout ceci édifie une bulle d’actifs financiers de plus en plus énorme, ne reposant que sur une base limitée de clients solvables. Le moindre hoquet de l’économie réelle diminue la base solvable et accentue toute crise naissante. L’économie réelle est anémiée par ce pompage de liquidités qui ne retournent pas intégralement vers la production, en particulier en supprimant  les possibilités d’auto-investissement et d’investissement privé, rendant la croissance atone et incapable d’absorber l’augmentation des besoins qui progressent inexorablement, ne serait-ce qu’en raison de la progression démographique. Etc., etc. : bref c’est la crise !

Tout ceci est encouragé par les pouvoirs publics, gros demandeurs de crédit pour eux et leurs administrés, eux aussi pompistes assidus pour leur redistribution (le syndrome de Diafoirus) et par ailleurs ennemis de toute inflation sensible pour des raisons électorales.

 

 

Cette description narquoise des activités financières, qui écorne la pensée unique, est très macroscopique. J’arrête ici ma présentation car elle est probablement déjà trop longue pour certains.

 

 

 

… à plus …

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