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30 janvier 2015 5 30 /01 /janvier /2015 20:28
Prospective à la sauce grecque

On va voir ce qu’on va voir

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D’après tous les commentaires que j’ai pu lire, à part ceux de quelques dogmatiques irresponsables qui continuent de croire à la possibilité durable pour un peuple entier de consommer sans rien produire, l’électrochoc que constitue les résultats électoraux en Grèce va servir d’accélérateur pour la prise de conscience des réalités de l’économie européenne, et même de l’économie mondiale.

La bulle des actifs comptables qui avait déjà été pas mal cabossée en 2007 et en 2011 va-elle résister ou va-elle s’effondrer, … et l’économie déjà bien grippée s’effondrer avec ? De toutes les façons, les commentateurs sont plutôt très pessimistes quant aux répercussions prévisibles sur le Français moyen. Seuls les spéculateurs internationaux de très grosse pointure vont pouvoir tirer leur épingle du jeu. Ils savent, certes, profiter des hausses des collatéraux de créances, mais aussi de leurs baisses, en provoquant leur accélération,

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L’équation posée est insoluble. Elle tient à la politique de l’Euroland depuis sa création, sa « politique de monnaie forte » qui semble à première vue ne comporter que des avantages. zenon-elee.fr/article-le-probleme-de-l-euro

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Tant que cela peut durer, tous les consommateurs naïfs sont satisfaits. Il y a bien quelques tensions sociales entre les spéculateurs (ou leurs agents fortement rémunérés) et les consommateurs ordinaires qui les jalousent, mais les gouvernements se débrouillent à coup de prélèvements sur les classes moyennes et de redistribution aux perdants du système pour calmer les comportements. Dans ces pratiques, le recours au crédit systématique par les Etats masque les problèmes structurels.

Quand l’addiction est installée (suivre le lien ci-dessus) la dégringolade devient inévitable, et elle est très douloureuse. Pour s’en sortir, il faut des réformes structurelles drastiques et une mutation résignée de tous les acteurs, c’est dramatique pour les populations. L’Argentine (qui s’était accrochée au Dollar) a vu le piège se refermer sur elle au tournant des années 2000. En 2015, elle en est toujours prisonnière.

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Toujours est-il que la Grèce est prise dans un étau. Elle est serrée d’un côté par des habitudes de fonctionnement plus poétique (ne l’accablons pas) que réalistes : un système abandonné au laisser-aller, une classe dirigeante beaucoup plus préoccupée par ses revenus que par l’intérêt bien compris du pays, et des structures économiques à la dérive.

De l’autre côté ses créanciers habituels, inquiets de son incurie, refusent de nouveaux prêts et se mettent à exiger le remboursement de leurs créances (oh ! les vilains méchants, … mais mettez-vous à leur place).

Elle se tourne vers ses partenaires de l’Eurolande en particulier, en les priant de payer à sa place. Echaudés par l’inefficacité des réformes qu’elle est censée faire, et qui ne sont en réalité que d’instaurer une rigueur aveugle et sans perspective décelable par les Grecs ordinaires (à juste titre), pour sauvegarder les avantages de la ploutocratie internationale, ces partenaires font la sourde oreille. Ils ont déjà largement ouvert leur bourse pour aider la Grèce alors que certains ont eux-mêmes de sérieux problèmes. Ils ne tiennent pas à entretenir une dégringolade sans fin car visiblement sans remèdes ni volonté d’un sursaut collectif et adapté à la gravité de la situation.

Et puis certains pays comme la France sont déjà sur la pente très glissante de l’addiction (depuis de nombreuses années nos gouvernements et notre sphère politique ne montrent plus que des postures et des effets de camouflage pour se masquer la situation).

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Que peut-il se passer ?

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Soit la Grèce sort de l’Euro, s’abreuve de discours schizophrènes, et part toute seule à la dérive sous le regard apitoyé et les commentaires « brèves de comptoir » du reste de l’Europe. Celle-ci se gardera bien de tirer des leçons profitables pour elle-même de la situation, pour ne pas déranger le politiquement correct et les fantasmes des électeurs respectifs des différents pays.

Les partenaires restant continueront de s’observer mutuellement sans changer leurs façons d’être et de penser, et sans rien faire d’autre que recompter leurs sous tout en lorgnant vers la France, candidat évident à un prochain naufrage, et pour les mêmes raisons que la Grèce.

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Soit l’UE lui lance une bouée de liquidités. Les autres partenaires se serreront un peu plus la ceinture. La Grèce en saupoudrera les plus démunis tandis que les nantis (qui probablement ont déjà mis leurs biens à l’abri) déserteront ou feront le dos rond. Une brève poussée d’espérance va s’y créer, le temps de dépenser le petit pécule à des consommations domestiques. Les mieux placés politiquement seront les mieux servis. De toutes les façons elle retombera encore plus bas et ne pourra que provoquer involontairement un nouvel électrochoc européen ou plus large, sous une forme ou sous une autre.

Qui tirera les marrons du feu ?

Il est impossible de le dire dans le chaos mondial actuel.

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Soit il se produit une prise de conscience collective et une réforme complète du fonctionnement de l’Eurolande est engagée.

C’est de la politique fiction pour plusieurs raisons :

  • les mentalités collectives ne peuvent générer une telle prise de conscience,
  • quand bien même elles y seraient disposées, il faudrait une vision d’économie politique qu’aucune des théories en cours (libéralisme, marxisme, dogmatisme religieux, …) ne peut apporter,
  • avant que les premiers fruits visibles d’une telle réforme commencent à se profiler, il faudra des années de ténacité, probablement une génération, et tous les acteurs auront perdu patience avant.

Faudrait-il mettre fin à l’espérance d’une Europe Unie ? Les avis peuvent diverger. Pour répondre à la question, il faudrait des concertations approfondies avec toutes les cartes sur la table. Ce n’est pas dans les gènes des pouvoirs divers en place et il faudrait commencer par une pédagogie de groupes que personne n’est en mesure d’assurer.

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Les Gaulois n’avaient qu’une crainte, que le ciel leur tombe sur la tête. On va voir ce qu’on va voir.

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PS : J’espère me tromper sur toute la ligne.

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… à plus …

commentaires

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