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17 octobre 2013 4 17 /10 /octobre /2013 10:20

indécence 1 

Regardons dans les coins au lieu de nous boucher les yeux

 

Ce qui intéresse l’homo oeconomicus ordinaire, c’est la consommation. Elle s’organise sur la base d’une bousculade généralisée où chacun essaye de se trouver le plus près du râtelier commun. < Le râtelier >  

 

Pour consommer, il faut que les richesses à consommer aient été préalablement produites. Cela nécessite du travail humain, du travail de production. Ceci n’est pas qu’une lapalissade mais aussi un constat fondamental que beaucoup essayent de ne pas voir car produire nécessite du travail humain, ce que la plupart essayent d’esquiver en essayant de le refiler à d’autres, consciemment ou inconsciemment. C’est un réflexe inné, qui est vu en conséquence innocemment quand le système socioéconomique est suffisamment complexe pour masquer toutes les chaînes de causalités.  

Avec l’existence des monnaies, consommer demande de disposer de liquidités et toutes les sources de liquidités qui trouvent leur origine dans des activités autres que la production sont particulièrement exploitées. Elles le sont d’autant mieux en jouant habilement des différentes motivations naturelles, en exploitant simultanément activités spéculatives, activités politiques et gesticulation pseudo-productive.

La vraie production incombe aux activités des soutiers, symbolisées par la petite Cendrillon dans sa cuisine.

 

Un mot a été lâché plus haut, la gesticulation pseudo-productive. Ceci nous ramène aux notions de besoins, de pertinence et d’efficience évoquées dans le billet précédent.

 

Les besoins finals, sont les besoins de consommation des humains. L’analyse de Maslow met en évidence deux classes de besoins qui peuvent être exploitées sans être jamais saturées car le système socioéconomique donne toutes les possibilités pour cela. Ce sont les classes 3 et 4, les besoins d’appartenance et surtout les besoins de distinction. Ils sont des besoins psychologiques et il suffit de procéder à des manipulations psychologiques pour multiplier ces besoins. Sont-ils pour autant justifiés ? Oui pour les manipulateurs psychologiques qui y trouvent un intérêt. Non pour ceux qui ne tirent que des désagréments des activités mises en œuvre pour les satisfaire. Mais tout ceci est noyé dans le bruit de fond généré par l’énormité et la complexité du système socioéconomique.

Par ailleurs, il existe des besoins systémiques qui tiennent aux imperfections du système. Plus celui-ci se complique, plus il fait apparaître de nouveaux problèmes et plus il faut développer d’activités (et compliquer encore le système) pour leur porter remède. Il se constitue des monstres de complexité qui auraient très bien pu être évités en rectifiant certains aspects du système initial, mais les inerties et les intérêts à courte vue, bien installés en place, y font obstacle. Tout ceci est également noyé dans le bruit de fond.

L’existence de pseudo-besoins ne peut être ignorée et toute une pseudo-production y est affectée.

 

Prenons un exemple, il en existe partout mais la France en regorge, inutile d’aller chercher ailleurs. Ce sera ici une présentation réduite au plus simplifié et chacun peut l’enjoliver à sa guise.

La notion de « commune » est apparue très anciennement sous des appellations diverses. Il s’agissait de structurer une collectivité d’habitants occupant un territoire de subsistance à peu près autosuffisant et qui n’entretenait que des relations d’échange très épisodiques avec leurs homologues. Un responsable local servait de référent pour assurer la cohésion, souvent d’ailleurs en tant que seigneur local. Il s’est vu ensuite, pour des raisons sur lesquelles il est inutile de s’attarder, remplacé par un maire élu assisté de conseillers statutaires.

Les spécialisations des producteurs se diversifiant, les dimensions du champ de coordination administrative ont du être agrandies. La notion de canton, avec son échelon propre de représentation a émergé. Pour ne pas égratigner l’amour-propre des titulaires de statuts au niveau de la commune, la cartographie des communes est restée inchangée ce qui conduit à des aberrations telles que des communes de seulement quelques dizaines d’habitants mais avec le maintien de toutes les prérogatives statutaires, charges et activités de gestion administrative.

Par cercles successifs, d’autres échelons locaux ont été aussi mis en place, arrondissements et départements. Quand ils se sont révélés mal adaptés aux nouvelles contingences socioéconomiques, ils ont été renforcés par les régions et les communautés de communes, sans pour autant supprimer les échelons anciens, afin de maintenir la possibilité de distribuer des statuts gratifiants mais à peu près dépourvus de responsabilités réelles sinon de prébendes, et ainsi d’ouvrir un vaste terrain d’exercice aux activités politiques fonctionnant en cercle fermé.

La conséquence de ce millefeuilles administratif, où de multiple tâches administratives sont effectuées avec pour seule utilité de donner beau jeu à des joutes politiques sans issues, dédiées au désir de distinction de vaniteux compulsifs. C’est un immense gâchis de temps, d’énergie, de moyens et d’efficience opérationnelle. D’autres pays ont fait des choix différents avec des résultats concrets bien meilleurs sur le terrain mais il est malvenu de le dire. La « spécificité française », en l’occurrence, n’a rien de très reluisant. Elle sert pourtant d’étendard à des benêts en exercice de distinction.

Toutes les « petites mains » occupées à entretenir ce monstre sont pourtant convaincues d’être des « producteurs » indispensables de formalités, elles-mêmes indispensables puisqu’elles font partie du système et que leur respect est un besoin absolu des citoyens administrés respectueux des lois. Les « petites mains » en question pourraient pourtant consacrer leur conscience professionnelle et les ressources qu’elles mobilisent (dont les liquidités prélevées ailleurs à cet usage) à traiter des besoins plus cruciaux. Tout ceci doit-il être qualifié de « production » ou de « gesticulation » ?

J’ai pris ici un exemple archi-connu mais qui ne semble pas mobiliser les foules, enfermées dans leur vision réduite des réalités. Il en existe bien d’autres, moins visibles, de dimensions très variées, dans tous les grands domaines d’activités, dans tous les pays mais peut-être avec des degrés de gravité divers.

 

Une autre nature d’activités dont la pertinence peut être discutée est la création de besoins par des manipulations psychologiques, et qui peuvent donc aussi être qualifiés d’artificiels.

 

Prenons encore un exemple, le phénomène des marques dans le domaine des besoins des enfants et adolescents.

Les marques de produits sont des points de repère pour les acheteurs. Ils sont censés y trouver des indications sur le binôme qualité/prix des produits marqués.

Les marques les plus huppées correspondent à la fois à des hauts niveaux de qualité et des prix élevés. Elles sont devenues pour leurs clients des moyens de distinction, des preuves supposées de goût, de discernement et de pouvoir d’achat élevé.

Ceci a entraîné un premier phénomène. Pour développer leurs activités en exploitant l’addiction au « paraître » des plus nantis, les marques huppées ont cultivé les effets de mode car, la concurrence et la technologie jouant, elles butaient sur des plafonds en matière de qualité et de prix. Il s’agissait de ringardiser leurs produits bien avant qu’ils aient été usés (la qualité étant là) afin que leurs clients en achètent d’autres. Tout un arsenal d’outils d’action psychologique, mimétisme aidant, a été mis en œuvre à cet effet. La qualité réelle n’ayant plus guère d’impact puisque les produits étaient abandonnés très prématurément, c’est la créativité qui a pris le relai.

Du coup, d’autres marques ont enfourché la poule aux œufs d’or en misant, non plus sur la qualité, juste suffisante pour faire quelque temps illusion, mais sur une créativité ostentatoire tapageusement mise en évidence, mais avec des prix moins élevés. Les effets de mode ont subsisté comme moyen de distinction dans le très haut de gamme technologique, mais ils ont aussi envahi l’étage des besoins d’appartenance.

Les clients adultes savent généralement surveiller le contenu de leur portefeuille,  apprécier la qualité d’un produit, et faire jouer la concurrence quand ils le peuvent. Par contre, beaucoup sont complètement soumis aux caprices de leurs enfants pour qui prix et qualité sont des mots sans aucun contenu comparatif. En conséquence, grâce à un forcing de publicité directe et indirecte, les effets de mode et l’affichage des marques ont envahi les cours de récréation, à la stupéfaction de la plupart des grands-parents qui ne comprennent pas que leurs descendants trouvent indispensable d’être transformés en affichages mobiles pour des produits de pure camelote qui ne durent même pas le temps d’un trimestre scolaire.

Là encore, les prisonniers du système sont assujettis à des pratiques dont la pertinence est douteuse et dont l’efficience est désastreuse.  Production ou gesticulation ?

 

Production selon les uns, gesticulation selon d’autres : difficile d’y voir clair ! Il faut arriver à apprécier tous les aspects, les causes et les conséquences des activités, et ce n’est pas en restant enfermé dans une bulle comptable artificielle que c’est possible. Pour acquérir du discernement, viser la pertinence et l’efficience, il faut examiner à la fois le niveau détaillé et tous les niveaux intermédiaires jusqu’au plus global, sous de multiples aspects. Ce qui est utile pour un pays peut être désastreux pour un autre, mais c’est pareil au niveau des individus.

 

Dans un monde où les ressources sont limitées, où n’importe quel besoin artificiel peut être mis sur orbite en utilisant les ressources du système socioéconomique, un minimum de discernement est néanmoins indispensable pour pouvoir assurer de manière digne les besoins fondamentaux de toute l’humanité, quitte à couper largement dans les moyens dispendieux consacrés à l’appartenance et à la distinction. De toutes les façons ceux-ci sont sans limites et les cultiver, c’est accélérer une course à l’épuisement et/ou à la révolte des ressources humaines et matérielles.

Le problème est que les dirigeants factuels sont pour la plupart dépendants d’une addiction pathologique aux besoins de distinction. C’est vers eux qu’ils orientent quand ils le peuvent toutes les activités disparates qu’ils dédient à la « croissance », ce mot paré de tous les chatoiements d’une potion magique et que chacun interprète à sa guise, dans la plus grande confusion. Devant les gesticulations gauloises, le druide Panoramix doit encore rigoler dans sa barbe, d’autant plus qu’il avait sûrement, comme son nom l’indique, une très bonne vision multidimensionnelle. < L’observation multidimensionnelle  >  

 

à plus …

commentaires

A
<br /> Et c’est au moment où une partie des ex-sous-développés<br /> accèdent enfin aux plaisirs de la satisfaction de leurs besoins d’appartenance et de distinction, que nous, qui avons satisfait en petit comité ces besoins pendant des décennies, sonnerions la<br /> fin de la récréation, au nom du « minimum de discernement indispensable pour pouvoir assurer de manière digne les besoins fondamentaux de<br /> toute l’humanité »<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Sommes-nous crédibles ?<br />
Répondre
E
<br /> <br /> C’est le mimétisme qui dirige le monde. Les parents boivent et les enfants trinquent. Pour autant, faut-il cautionner le<br /> binge-drinking alors qu’il profite de manière industrielle aux fabricants et distributeurs de spiritueux ?<br /> <br /> <br /> L’addiction au pouvoir, à son ivresse ou à ses apparences, est-elle aussi à cautionner, même si elle est incurable et probablement<br /> désastreuse  pour le globe et ses habitants ?<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> L’idée que les ressources de notre monde sont limitées et<br /> que nos agissements le condamneraient à disparaitre est une évidence pour beaucoup de nos contemporains.<br /> <br /> <br /> Cela implique d’y porter remède de façon prioritaire,<br /> parce que notre survie en dépend.<br /> <br /> <br /> Quand nous étions petits, nous étions 2,5 milliards, et<br /> nous allions tous mourir de démographie galopante et de faim, du péril jaune, de la lèpre du Père Damien, des Russes et de la bombe atomique, ou d’une nouvelle glaciation.<br /> <br /> <br /> Ce n’était que la suite logique de tout ce que nous<br /> venions de connaitre : nous venions d’assister à la mort inopinée de plusieurs centaines de millions de nos presque contemporains en deux guerres mondiales, une grippe espagnole, des purges<br /> staliniennes et une révolution culturelle, par la grâce de despotes, de virus, ou d’idéologies catastrophiques.<br /> <br /> <br /> Et nous sommes encore toujours là à prédire des<br /> catastrophes futures !<br /> <br /> <br /> Pourtant, nous sommes maintenant presque trois fois plus<br /> nombreux. Dans les pays dits émergents, des milliards d’êtres humains sortent de la plus extrême pauvreté grâce un capitalisme quelque peu sauvage et un gaspillage de ressources quelque peu<br /> éhonté. Nous vivons en paix malgré une crise économique sérieuse, et nos poulets grippés et nos vaches folles n’inquiètent plus que ceux qui ont appris avec l’âge que rien n’est jamais acquis à<br /> l’homme, et surtout pas la santé !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Evidemment, notre millefeuille administratif et autres<br /> survivances d’un passé glorieux ne nous permettront plus de prétendre très longtemps au même pouvoir d’achat que celui auquel les Chinois affirment maintenant pouvoir prétendre par leur travail,<br /> leur intelligence et le génie de leurs élites politiques ! <br />
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A
<br /> L’enthousiasme excessif que nous mettons à multiplier les<br /> besoins artificiels et à créer des besoins artificieux au moyen d’une spécialisation trop poussée a néanmoins fait de nous l’espèce invasive qui a le mieux réussi sur terre.<br /> <br /> <br /> Sera-ce la cause de notre perte, ou cette nuisible<br /> mentalité nous permettra-t-elle de conquérir, d’exploiter, et de polluer sans doute, tout l’espace qui nous entoure, sans nous limiter à notre bonne vieille planète qui s’essouffle à subir nos<br /> excès ?<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Sommes-nous vraiment condamnés à disparaître après<br /> quelques millions d’année d’existence seulement. Les dinosaures, avec leur tout petit cerveau, ont été invasifs pendant près de cent cinquante millions d’années, et nous ont légué les oiseaux qui<br /> nous enchantent encore toujours de leur pépiements et de leurs préparations rôties.<br />
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E
<br /> <br /> Comme quoi un cerveau trop développé serait plutôt néfaste à la survie de l’espèce. Longue vie aux écervelés !<br /> <br /> <br /> Reste la prospective de considérer la vie humaine terrestre comme un marchepied pour une vie sur un monde nouveau, une terre<br /> nouvelle, quand notre vieux monde se sera lui-même condamné à disparaître. L'idée est intéressante à étudier.<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Les besoins fondamentaux de toute l’humanité sont-ils<br /> vraiment ceux du bas de la pyramide de Maslow ?<br /> <br /> <br /> Ces besoins fondamentaux sont ceux que nous partageons avec (ou prélevons chez) les autres êtres vivants.<br /> <br /> <br /> Ce sont les besoins d’appartenance et surtout les besoins de distinction, probablement supérieurs à ceux des autres animaux grégaires, peut-être grâce aux<br /> capacités supérieures de notre cerveau, qui ont éventuellement assuré notre dominance sur les autres être vivants, et généré aussi notre dominance entre êtres humains.<br /> <br /> <br /> Si nous y renonçons, ou canalisons trop efficacement ces besoins d’appartenance ou de distinction, qu’est-ce qui nous distinguera des autres animaux ?<br /> <br /> <br /> Notre capacité d’avoir des besoins d’appartenance ou de distinction peut-il être contrôlé sans contrôler ce qui fait notre spécificité et notre dominance comme<br /> êtres vivants, et donc sans nous rapprocher des animaux « ordinaires » ?<br /> <br /> <br /> Ce contrôle politique de notre spécificité ne serait-il pas un « totalitarisme » nuisible pour la perpétuation de notre espèce ?<br /> <br /> <br /> Dans ce cas, les<br /> besoins fondamentaux de toute l’humanité ne sont peut-être que ceux qui assurent la perpétuation de l’espèce sans considération de satisfaction des besoins fondamentaux de chacun ?<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Dans ce cas, notre bel humanisme ne serait finalement que<br /> de l’« animalisme » !<br />
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E
<br /> <br /> Au moins les quatre premiers niveaux de Maslow se retrouvent chez beaucoup d’animaux. Ce qui caractérise l’humanité, c’est la<br /> multiplication des productions artificielles pour les satisfaire et la création de besoins artificieux  pour multiplier des besoins d’un intérêt très<br /> douteux quant à la survie de l’espèce. D’un point de vue zoologique, on peut dire que l’espèce s’est spécialisée dans l’excessif pseudo-utilitaire au prix d’une débauche d’énergie et de<br /> consommation de ressources non renouvelables.<br /> <br /> <br /> Une spécialisation trop poussée rend incapable de faire face aux modifications de l’environnement et entraîne en ce<br /> cas la disparition de l’espèce.<br /> <br /> <br /> Notre espèce se positionne à la fois comme progressant toujours plus vers l’excessif dans tous les domaines socioéconomiques et<br /> comme accélérant les mutations environnementales. C’est paradoxal comme aurait dit Zénon.<br /> <br /> <br /> <br />

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Pour en savoir plus, se reporter à la page "Le masque d'Esope";
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