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6 mai 2014 2 06 /05 /mai /2014 15:56

pib 3

  Petit précis de métrologie

 

Chez nous en particulier, les économistes officiels, ceux qui font l’opinion des décideurs politiques, n’argumentent que par le PIB. C’est un avatar de l’esprit, prétendument scientifique, qui anime les héritiers du fameux « siècle des lumières ».  

Un esprit vraiment scientifique est très attentif à la validité de ses constats, donc à la fiabilité des mesures dont il dispose. La mesure est affaire de métrologie. Or celle-ci a établi une vérité universelle, comme quoi  « les instruments de mesure ne doivent pas être modifiés par les résultats des mesures pour lesquelles ils sont utilisés ».

 

Il est fort dommage que les économistes en question ne connaissent pas, apparemment, ce principe. Il est pourtant simple à comprendre : si l’observation modifie le vision, et si la vision modifiée modifie l’observation, il se crée un cercle vicieux qui auto-illusionne l’observateur et conduit à un grand « n’importe quoi ». Quand les observateurs en question se trouvent être les navigateurs des pilotes qui conduisent le char de l’Etat, bonjour les dégâts !

La sortie de crise n’est pas pour demain ...

 

Le char de l’Etat fonctionne comme un piéton sur un terrain inconnu et accidenté, qui ne regarderait que le bout de son index tendu à l’horizontale, droit devant lui, pour guider ses pas. Le cassage de figure est assuré. Il ferait mieux de regarder où il met les pieds.

 

Pourquoi cette affirmation péremptoire ?

 

La raison en est très simple. Le PIB est calculé avec comme matière première la comptabilité des organismes. Dans un contexte d’économie mondialisée, ces comptabilités sont notablement influencées par les taux de change. Ceux-ci sont eux-mêmes influencés par les PIB nationaux, y compris le notre.

Le cercle vicieux est bouclé.

Nous sommes dans une situation où les politiques monétaires sont l’objet de multiples opérations d’adaptation à une conjoncture qui échappe au contrôle des contrôleurs que sont censés être nos gouvernants. Le déficit commercial de notre pays est croissant inexorablement et la dépendance des pouvoirs publics est renforcée par la recherche de financements extérieurs (déficit budgétaire, recherche d’investissements extérieurs, etc.). La sensibilité aux fluctuations des changes est maximale. Alors, quelle peut être la signification d’une variation de quelques fractions de pourcent, à peine des frémissements dans un sens ou dans l’autre ?

 

Au lieu de regarder le bout de leur index impératif, nos dirigeants feraient bien de regarder les réalités économiques pour trouver de bons indicateurs. Ils ne manquent pas mais ils sont dérangeants car ils débouchent sur des propositions de refonte complète de notre système socioéconomique.

Une telle remise à plat, pour porter du fruit, demanderait des années. C’est un timing qui outrepasse largement les échéances électorales. De plus, cela remettrait en face de leurs erreurs aussi bien les politiques que le monde syndical. Autrement dit, les résistances au changement seraient considérables. Pourtant, au lieu de personnages politiques ne portant attention qu’à leur statut, il nous faudrait des hommes (ou femmes) d’Etat, soucieux de l’ensemble de la collectivité nationale, quitte à passer la main comme le chancelier Schröder en son temps.

 

Pour trouver des indicateurs valables pour les réalités socioéconomiques, les propositions ne manquent pas :

  • Le taux de chômage effectif, en retirant des actifs les improductifs ( emplois  fictifs aidés, titulaires de rentes de situation, … ) qui ne fournissent aucune production répondant à des besoins prioritaires en regard des besoins « réels » de la population.

  • Le coût exorbitant des impôts et prélèvements divers :

  • La réalité des pouvoirs de consommation.

  • Les écarts sociaux (et leur variation en termes de revenus) entre le « top 1% » et la moyenne nationale.

  • La prolifération des incivilités qui perturbent tout le monde, en particulier les moins nantis.

  • Etc. ...

 

En fait, pour juger de la réalité des besoins il y existe un critère simple, c’est le caractère « marchand » de la production correspondante. La question à se poser est « le citoyen ordinaire est-il prêt à cotiser pour que  le service correspondant soit assuré ? ». C’est le cas de l’assurance vieillesse ou de l’assurance maladie. Encore faut-il que la qualité des prestations soit en regard avec les espérances.

Aux gouvernements ne correspond qu’un nombre limité de charges « régaliennes » à financer par l’impôt : l’établissement des lois, la justice, la sécurité, la défense.

Pour le reste, certaines productions étatiques peuvent être considérées comme marchandes car une concurrence privée existe : la formation, la santé, les transports. L’état joue alors un rôle de re-distributeur, afin que tout le monde y ait accès et pas seulement les bien nantis.

Pour le reste, qu’il s’agisse des œuvres prétendument « culturelles » des bobos germanopratins, de prolifération d’échelons administratifs pour fournir des sinécures aux copains, de financement des syndicats et des partis, etc., leur financement devrait être assuré par les cotisations des demandeurs.

 

Les illusionnistes sont bernés par leurs propres tours, les magiciens sont victimes de leurs propres sortilèges et le problème du PIB n’en est qu’un parmi d’autres. Le problème majeur est que, plus le temps passe, plus la situation s’aggrave et demandera plus d’efforts et plus de temps pour être redressée.

 

à plus …

 

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