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11 mai 2014 7 11 /05 /mai /2014 15:05

 Economie F-R 3 


Une affaire de circulations imbriquées 

 

Comme chacun le sait, pour éviter les malentendus, il faut être précis dans la formulation. Or un concept, celui d’ « économie réelle », courre les rues, mais chacun y met ce qu’il veut. Pas étonnant qu’elle patauge !

 

Dans le présent blog, ce concept a un sens très précis : il s’agit de l’ensemble des activités qui alimentent la consommation et/ou qui sont elles mêmes des activités de consommation destructrice. Elles partent de la mise en circulation de ressources initiales, dont le travail humain, pour aboutir à une consommation finale, quasiment instantanée dans le cas des services ou de la nourriture, plus étalée dans le temps dans le cas des équipements domestiques ou professionnels. 

La valeur d’usage ainsi crée a pour vocation d’être éphémère et de disparaître en fin de parcours. Pourquoi alors parler de noria ?  D’abord parce que ce flux de valeur d’usage, qui va de la « production réelle » à la consommation destructrice génère toute la dynamique de cette « économie réelle ». Elle est un cycle sans fin de création et de destruction de valeur d’usage.

Dans cette noria de valeurs d’usage, les liquidités ne jouent qu’un rôle d’outil de troc qui permet les multiples  changements de propriété nécessité par le « système de production-consommation ». Par la magie de la comptabilité en partie double, elles ne sont que de l’information qui permet de créditer un compte courant de fournisseur et de débiter un compte courant d’acheteur. L’économie réelle ne crée pas de liquidités, elle se contente de les utiliser. Sur la durée, les flux entrant et sortant sont égaux et les différences momentanées ne peuvent provenir que de stockages temporaires pour faire face aux à-coups, pour traiter les irrégularités de rythme entre production et consommation.

En fait, cette façon de présenter les choses revient à considérer l’ensemble des activités constituant l’économie réelle comme ce qu’on appelle une « boîte noire » en recherche. On ne cherche pas à savoir ce qui se passe à l’intérieur. Ce qui est intéressant, c’est de faire le bilan des entrées et des sorties d’un flux d’une nature donnée, faisant l’objet de l’étude. Par rapport à la finance, l’économie réelle est une boîte noire qui reçoit et restitue des liquidités mais qui n’en crée ni ne détruit aucune. C’est une noria qui véhicule de l’information.

Dans cette économie réelle, le besoin de liquidités supplémentaires résulte des évolutions des productions et des technologies (le progrès) qui, entre autres, conduit à des circuits de production de plus en plus fragmentés et à des investissements qui ne seront amortis qu’à terme. Elles nécessitent des transferts de propriété de plus en plus nombreux. Il existe donc une demande de la part des acheteurs pour disposer de plus de liquidités sur leur compte courant. Ils se tournent alors vers le système financier qui gère leur compte.

Si le rythme d’alimentation des comptes n’est pas adéquat, une régulation est effectuée par l’économie réelle grâce au mécanisme inflation/déflation. La déflation est préjudiciable car la pénurie de liquidités bloque les activités. Une économie saine requiert une tendance inflationniste. Voir le billet « Un temps pour chaque chose… »

http://www.zenon-elee.fr/article-un-temps-pour-chaque-chose-et-chaque-chose-en-son-temps-120764845.html

 

Parlons un peu de l’épargne. Toujours dans ce blog elle a aussi un sens très précis. Il s’agit des liquidités sortant de l’économie réelle et qui n’y sont pas réinjectées rapidement pour des achats de « richesses consommables » : produits de consommation rapide, équipements ou produits intermédiaires.

Avec cet éclairage des réalités, il devient manifeste que le surcroît de liquidités ne peut provenir que de l’économie financière. Entendons par là l’ensemble des activités de l’industrie financière, hormis celles qui permettent d’assurer le fonctionnement des comptes courants pour l’achat et la vente de richesses consommables et qui, en conséquence, font partie de l’économie réelle car  elles sont nécessaires à son fonctionnement. Ce sont en l’occurrence des services dédiés.

 

Les activités financières sont fournies pour une bonne part par les organismes financiers, mais elles sont aussi le fait des personnes, physiques ou morales, qui donnent des ordres de gestion de leurs comptes courants en dehors d’une finalité d’économie réelle. Elles font alors des « placements ».

 

L’industrie financière dispose de différents outils légaux pour augmenter le montant des comptes en banque, mais tous se ramènent à des crédits, donc à l’échange de liquidités contre des créances. Certains sont bien décrits comme tels et sont représentés par des créances en bonne et due forme, comme les obligations ou les bons du Trésor. D’autres le sont d’une manière moins apparente. Citons par exemple les actions. Elles sont des titres représentant le fait qu’une personne, physique ou morale, a fourni à une entreprise des liquidités pour constituer son capital social, charge à elle de les rembourser par des dividendes et par des activités permettant une amélioration du cours des dites actions.

A la pointe de la pyramide de titres imbriqués que manipule l’industrie financière, se situent de fait les créances sur le futur imposées par les organismes émetteurs (banques centrales) aux utilisateurs des liquidités qu’elles créent. Cette pratique, sous contrôle théorique de l’exécutif politique, est sont particulièrement sournoise car les débiteurs factuels ignorent à leur création ces dettes qu’ils auront à supporter.

 

Nous pouvons aussi considérer les activités financières, qui ne concernent pas directement l’économie réelle, comme une autre boîte noire qui communique avec les comptes courants par des flux de liquidités, autrement dit des par des échanges d’information ad hoc pour la tenue comptable en partie double de ces comptes.

Cette boîte noire financière fonctionne donc aussi en étant alimentée par une noria de liquidités. Les comptes courants servent de sas de communication entre les deux boîtes, économie réelle et économie financière.

 

L’économie financière pompe les liquidités que constitue l’épargne. C’est sa matière première. Pour pouvoir la pomper, il est nécessaire d’assurer globalement un rendement aux placements, donc de restituer aux comptes courants plus de liquidités qu’elle n’en prélève. C’est cet apport aux comptes courants qui permet le développement de l’économie réelle évoqué plus haut.

Nous avons donc ici un fonctionnement déséquilibré  de l’économie financière pour ce qui concerne les liquidités. Il faut que fonctionne un réservoir, à solde nominal négatif, pour équilibrer les comptabilités en partie double. Il est  constitué par l’accumulation d’actifs comptables sans rapports opérationnels avec l’économie réelle. Pour se constituer, il s’accroît par étages.( http://www.zenon-elee.fr/article-la-pyramide-inversee-116489095.html)

 

Dans un fonctionnement naturel de l’économie, la régulation du rapport entre pouvoirs d’achat et volume de liquidités en circuit se fait au sein de l’économie réelle grâce à l’inflation. L’industrie financière dont l’existence est liée au crédit et au pompage de l’épargne, favorise au maximum l’attribution de crédits. Le volume de liquidités en circulation facilite la constitution d’épargne. Elle se prémunit contre les risques grâce à tout un arsenal de produits dérivés qui permettent de les mutualiser entre spéculateurs et/ou de les reporter sur les épargnants et les consommateurs. Il existe un potentiel inépuisable de crédit constitué par des consommateurs, les budgets étatiques, et les investisseurs.

Normalement,  cet afflux de liquidités devrait créer une importante inflation régulatrice. Il n’en est rien car l’industrie de la finance la combat en affectant l’épargne placée à un gonflement permanent du montant nominal des actifs. Elle favorise les pratiques spéculatives qui consistent en l’achat et la revente de supports dont la valeur nominale est croissante grâce au fonctionnement de bourses dont elle contrôle, pour la plupart, le fonctionnement.

Elle le fait avec les encouragements de la généralité des acteurs de l’économie. Pour les détenteurs de patrimoine, l’inflation est, à juste titre, synonyme de catastrophe. Pour les titulaires de rentes de situation c’est aussi le cas, ainsi que pour les consommateurs (tout le monde). Pour les acteurs politiques c’est un  grave danger car elle fragilise ouvertement les effets aléatoires des promesses démagogiques.

Le résultat de ces pratiques est la constitution de bulles d’actifs artificiels, toujours plus volumineuses et fragiles, qui finissent par éclater au détriment des « encaisseurs de risques » qui jouent ce rôle à leur insu. Il se crée alors des crises financières qui bloquent la circulation des liquidités et détériorent de ce fait le fonctionnement de l’économie réelle.

 

Conclusion, il est illusoire de chercher des remèdes à la crise actuelle en se faisant le « porteur d’eau » complice de l’industrie financière. Or, c’est ce que font généralement les dirigeants politiques de tous bords et de tous pays. Mais il n’est pas plus efficace de vouloir être son « fossoyeur » sous peine de voir également l’ensemble de l’économie s’effondrer, car c’est elle qui, en tant que fournisseur de crédits bien à propos, permet de mettre en œuvre un « progrès ».  Il reste à la réguler : « Vaste programme ! » comme avait dit le Général de Gaulle en d’autres circonstances.

 

… à plus …

 

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