Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
30 juillet 2015 4 30 /07 /juillet /2015 11:07
L’ « investissement financier », …

… un mirage multiplicateur prolifique !

 

Précisons-le tout de suite : dans le titre de ce billet, entre guillemets, il n’est question que de l’investissement  financier, l’investissement dans des placements divers.

Ce « placement » financier, consiste en l’acquisition à titre onéreux d’un support quelconque, qui figurera à l’actif d’un bilan factuel, afin de bénéficier d’une plus-value au moment de sa revente ou de sa liquidation. Il est le fait, bien sûr, des fonds de placements, mais aussi des activités de placement aussi bien de la part des banques de dépôt, que des services financiers d’organismes engagés par ailleurs dans l’économie réelle, ou que de particuliers.

L’ « investissement productif » est tout à fait autre chose, il consiste à acheter des richesses consommables, biens ou services, en vue mettre en fonctionnement des moyens de production supplémentaires. Il n’est qu’un type particulier d’achats de consommation. Plutôt qu’une panacée, il est un impératif pour assurer une espérée croissance, ne serait-ce que pour faire face aux évolutions démographiques ou aux mutations technologiques.

 

Pour décrypter le rôle des placements, examinons de façon assez macroscopique le fonctionnement d’un « fonds de placement ».

 

Il emprunte des liquidités qui stagnent sur le compte courant d’une personne (physique ou morale) que nous qualifierons « épargnant primaire ». Il le fait en arguant d’une plus-value d’une manière ou d’une autre. Cet emprunt se traduit, en contrepartie des liquidités prêtées, par la possession par le créancier d’un titre de souscription (qui peut revêtir diverses parures), preuve d’un droit lors de sa liquidation à des plus-values supputées.

Il engrange donc des liquidités en échange de droits à des plus-values. Pour la liquidation de ces droits, en fonction des engagements pris, le fonds rémunère versement initial et plus-values avec les disponibilités qu’il a amassées d’une manière ou d’une autre. Compte tenu du versement de plus-values, il est nécessaire que la quantité de liquidités entrant dans le système soit en croissance continuelle.

 

Vu comme ainsi, cela fait penser à un système de Ponzi : la dynamique de croissance, par sa notoriété, attire les souscriptions. Mais alors, tôt ou tard, le système s’écroule car la croissance doit être exponentielle pour entretenir cette dynamique. C’est impossible en pratique et les souscripteurs dont les droits n’ont pas encore été liquidés sont inévitablement floués au moment de l’effondrement de la pyramide d’engagements de plus en plus volumineux.

Pour ne pas être un tel système, le fonds de placement doit disposer d’un moyen de s’alimenter avec d’autres sources de liquidités. Comme il ne crée pas de valeur par son fonctionnement, il lui faut placer lui-même une bonne partie de ses liquidités. Cela revient à dire qu’il doit trouver des emprunteurs pour les faire fructifier.

Les ressources dont il dispose à ce stade sont des capitaux en liquide provenant de ses épargnants primaires. Pour les placer judicieusement, un fonds de placement a accès à tout l’éventail des emprunteurs factuels, institutionnels ou autres. Pour tenir les engagements qu’il a pris, il peut choisir des débiteurs réputés sans risques donc qui n’offrent que des intérêts faibles. A l’opposé, il en de est beaucoup plus risqués mais à même de fournir des rendements élevés. En fonction de sa politique plus ou moins aventureuse, il échange ses liquidités contre des créances sous une forme ou une autre (actions, obligations, prises de participations, produits dérivés, etc.). Pour mieux assurer ses arrières, il transfère généralement les créances de ses souscripteurs vers d’autres détenteurs de liquidités, en bouquets sous un emballage de produits dérivés, par l’entremise d’autres intermédiaires financiers. Ainsi les risques pris par ses propres épargnants primaires sont reportés en cas de pépin sur d’autres épargnants primaires et ses clients ne sont pas les seuls exposés à ses prises de risques.

Les gestionnaires de fonds de placement peuvent ainsi se rémunérer confortablement tout en restant dans la légalité, donc sans les risques. Pour citer deux personnages emblématiques, Soros n’est pas Madoff. Les pyramides d’actifs financiers s’enchevêtrent pour consolider les intérêts de leurs gestionnaires.

 

Toutes ces opérations de placement et les revenus de leurs gestionnaires nécessitent des mouvements de liquidités de plus en plus importants au fur et à mesure que les pyramides s’élèvent, pointe en bas. Au départ, ils proviennent de l’épargne. Or celle-ci est extraite des flux irrigant l’économie réelle, celle des activités de productions et de consommation, et cette économie fondamentale ne crée pas de liquidités. Elle a même elle aussi des besoins grandissants en raison de la complexification des besoins réels et de leur volume en croissance naturelle. Si les placements de l’épargne sont trop importants, les investissements productifs disparaissent et la récession s’installe.

 

Heureusement pour l’investissement spéculatif, pour alimenter tous ces placements, il existe une vache à lait inépuisable, les banques centrales qui produisent par le crédit des liquidités pour les organismes bancaires, charge à eux de les diriger vers les crédits à la consommation et à l’investissement productif. Les gouvernements, gros promoteurs de crédits, se dévouent pour la faire secréter à la demande.

 

Les banques centrales ouvrent donc des lignes de crédit pour les organismes financiers, afin qu’ils alimentent consommation et investissements productifs. Elles acceptent en garantie des créances sur des débiteurs décrétés fiables en fonction de critères administratifs (en particulier des « too big to fail » et les fonds de placement). En échange, elles acceptent des taux d’intérêt très faibles et même parfois nuls. Ces créances sont donc en fait garanties par des crédits à la consommation, reposant sur la capacité de remboursement d’ « emprunteurs primaires », et par les placements des « épargnants primaires ». Globalement, tous les risques sont donc portés par les épaules des « primaires de l’économie réelle », trop primaires pour s’en inquiéter, et par les contribuables des Etats endettés (la Grèce est exemplaire).

Les gestionnaires financiers ne risquent rien. Ils sont prospères, et en cas de crise de leur fait, s’ils sont trop gourmands, d’autres devront payer.

 

Disposant ainsi de liquidités, les banques vont les prêter. A qui de préférence ? aux riches évidement, c’est plus sûr. Il faut que ces liquidités reviennent de manière assurée sous forme de placements d’épargne pour alimenter toutes les pyramides d’actifs qui poussent dans les champs de la culture financière.

Pour la consommation, elles prêtent aux particuliers et organismes qui ont des revenus suffisants et suffisamment solides pour ne pas risquer le défaut, et donc qui disposent déjà au départ d’une potentialité de placements petits ou grands. En parallèle, elles s’emploient à les allécher avec des annonces de placements attractifs afin de re-pomper leur épargne. Elles rémunèrent leurs trésoreries d’un côté et leur offre des crédits en même temps ! Elles prêtent aussi aux gouvernements et collectivités publiques qui peuvent taxer à volonté leurs ressortissants pour rembourser.

Pour des investissements réputés productifs, tout au moins c’est ce que prétendent leurs initiateurs, elles prêtent à des sociétés importantes, prospères, qui présentent des bilans et des perspectives intéressantes, même si leurs réserves de trésoreries sont consacrées à des placements financiers et à des distributions de dividendes ou autres intéressements afin de valoriser leur valeur boursière et attirer les placements spéculatifs, au lieu de faire de l’auto-investissement. Les PME qui ne disposent que de savoir-faire sont proprement rebutées : les risques inhérents à des investissements productifs qui ne pourront être rentabilisés qu’au bout de plusieurs années (au mieux) sont en effet repoussants pour ceux qui ont inventé le trading à haute fréquence. Les retours sur un investissement productif doivent en effet attendre que de nouveaux équipements aient atteint leur régime de production.

 

Avec pour objectif prétendu de développer l’économie réelle, le système financier basé sur les activités de placement utilise donc une deuxième détente pour son  approvisionnement en liquidités. A côté de l’extraction en premier niveau de l’épargne naturelle qui se crée, nécessaire pour faire face aux à-coups de trésorerie en production et en consommation, elle récupère en grande partie celles qui proviennent des créations monétaires par les banques centrales. Tant pis si l’économie réelle végète ou s’étiole par manque d’investissement productif.  

Tout cela sert à accumuler des pyramides instables d’actifs artificiels complètement disproportionnées par rapport aux richesses réelles de l’économie réelle. La question a déjà été abordée ici dans : La-pyramide-inversee

 

Le système financier est-il dans sa globalité un système de Ponzi puisque tout ce fonctionnement est nécessité par l’obligation de faire croître de manière exponentielle une pyramide globale d’actifs financiers qui s’effondrerait si cette dynamique d’absorption  des liquidités venait à faiblir ? A chacun son opinion. Toujours est-il que c’est légal et que les pouvoirs publics s’emploient à jouer les faciliteurs.

Plutôt que de béer devant le CAC 40, ne serait-il pas plus judicieux de prôner l’auto-investissement, le crédit coopératif ou le « business angélisme » ?

 

… à plus …

commentaires

Présentation

  • : Le blog de ZENON
  • : Observation irrévérencieuse des "vaches sacrées" de l'Economie mondiale, plutôt destinée aux curieux qu'à ceux qui savent déjà tout du système socioéconomique. Si vous le trouvez parfois provocateur, ce n'est pas fortuit.
  • Contact

Profil

  • Esope
  • Ahuri par certains comportements, allergique au prêt-à-penser et narquois à l'égard du politiquement correct.

Pour en savoir plus, se reporter à la page "Le masque d'Esope";
  • Ahuri par certains comportements, allergique au prêt-à-penser et narquois à l'égard du politiquement correct. Pour en savoir plus, se reporter à la page "Le masque d'Esope";

Recherche