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12 septembre 2013 4 12 /09 /septembre /2013 11:35

comptable 

.… ça dépend, … oui mais de quoi ? 

 

Le présent blog est consacré à une observation non-conventionnelle du système socioéconomique, la pensée économique actuelle étant de plus en plus inquiétante quant à certains de ses résultats, mieux vaut ne pas s’y enliser. Regardons la notion de « valeur des choses ».

 

L’intitulé du billet est une question sur laquelle tout le monde passe très vite parce qu’il n’est pas aisé d’y répondre, tant les natures des choses sont nombreuses et tant les attirances qu’elles inspirent peuvent être contradictoires.

C’est pourtant cette valeur qui sous-tend toute la dynamique des activités économiques et toutes les théories s’y réfèrent. Explorons un peu le thème au lieu de passer trop vite à côté.

 

Pour mettre un peu d’ordre dans tout le fatras qu’est l’économie et pour pouvoir introduire des quantifications dans les raisonnements, la réflexion économique pseudo-scientifique a pris des positions tellement simplificatrices qu’elles ont occulté certains ressorts comportementaux majeurs et placé les théories économiques dans un univers virtuel. Ces incohérences avec les réalités confèrent manifestement au système socioéconomique la capacité de réagir à sa guise, à la grande déception des pouvoirs prétendument régulateurs. Alors, repartons des bases, il n’y a pas d’autre solution.

 

Dans la réflexion économique, la notion de valeur s’applique aux « richesses » qui sont l’objet de transactions, d’échanges de propriété.

 

Parmi les richesses, une distinction est souvent faite. D’un côté les « biens » correspondent à quelque chose de tangible, mais ce peut n’être qu’un symbole consensuel représentant un droit, par exemple celui d’user à sa guise d’une marque commerciale. De l’autre, les « services » sont une richesse fugitive qui se détruit en même temps qu’elle est créée.

 

Basiquement, le système socioéconomique gère les échanges de richesses depuis leur apparition jusqu’à leur disparition. Les transactions se font de cédant à acquéreur par échange de droit de propriété. Les liquidités sont des richesses intermédiaires créées pour faciliter les échanges. Les activités économiques sont consacrées à l’élaboration, à la distribution, à la conservation, à l’entretien et à la consommation des richesses. Elles sont créées à partir de ressources naturelles parmi lesquelles le travail humain tient une place considérable. Elles disparaissent dans des consommations, ou par usure, ou par obsolescence.

Classiquement, la valeur d’une richesse est vue en deux volets, la valeur d’usage et la valeur d’échange. La première est contingente et ne peut être quantifiée, elle n’est le plus souvent évoquée que pour mémoire. La seconde résulte d’un consensus plus ou moins contraint et fournit une donnée numérisée, réputée objective. C’est elle qui permet de quantifier en premier chef tous les échanges qui constituent l’Economie avec un grand « E ».

 

A la base des bases se situe la notion de « richesse » qui semble tellement évidente qu’elle n’a pas besoin d’être précisée : une richesse est quelque chose que l’on a envie de posséder. Acquérir une richesse donnée, c’est satisfaire cette envie, c’est répondre à un besoin d’appropriation (la notion de besoin a déjà été abordée sur ce blog, il est inutile d’y revenir).

Les activités économiques s’inscrivent dans une logique d’utilité par rapport à des besoins. Ainsi donc, la valeur instinctive attribuée à une richesse par un individu qui la possède est intimement liée à l’intensité du besoin qu’il ressent de la posséder, quel que soit le fondement de ce besoin, même s’il est pathologique et résulte d’une addiction maladive. En conséquence, elle n’est ni une valeur d’échange, ni une valeur d’usage. Cette dernière ne se manifeste qu’en fonction de son effet final sur le besoin concerné et peut se révéler très décevante.

 

Dans un monde primitif, et c’est encore le cas entre jeunes enfants, l’appropriation est un exercice de pouvoir brutal. Elle résulte d’une confrontation directe de pouvoirs entre cédant obligé et acquéreur plus puissant. En raison des dommages collatéraux, la vie collective a introduit des rites qui donnent à l’opération un caractère plus feutré : le système social s’est complété d’un système économique qui habille l’appropriation d’un enrobage consensuel.

 

La confrontation des pouvoirs est toujours sous-jacente, même si elle se déroule sous l’œil soupçonneux des conventions sociales. Dans les faits, les péripéties de cette confrontation passent souvent par des pratiques de manipulation des besoins. Le cédant volontaire essaye d’exacerber le besoin chez l’acquéreur potentiel et celui-ci tend à masquer son envie et donc à minimiser son besoin apparent. Les techniques sont nombreuses : publicité, effets de mode, sollicitation des besoins d’appartenance ou de distinction, etc. En conséquence de ces différents phénomènes, la valeur d’échange n’a que des rapports très distendus avec l’intensité du besoin objectif ressenti par le possesseur ou l’acquéreur potentiel.

 

En réalité, c’est la valeur d’usage supposée qui reflèterait l’intensité du besoin. Comme elle est éminemment subjective et variable selon les contingences, elle ne peut être considérée comme une caractéristique bien définie de la richesse considérée, conditionnée par sa nature. Elle motive les comportements mais ne peut être prise en compte dans une analyse qui se voudrait objective car elle est indéfinissable à l’échelle où, généralement, les décisions sont prises.

 

Ainsi, par exemple, un même objet peut être vu selon son possesseur comme un outil indispensable ou comme un symbole de statut social. Selon le cas, il induira des comportements de possession qui peuvent être fort différents.

 

Cette distance entre l’habillage consensuel de la réalité par une valeur conventionnelle et le ressenti des acteurs, ce qui guide leurs comportements, ce que représente la valeur d’usage supposée d’une richesse (pour eux et non pas pour les autres), explique pour une bonne part les errances de l’économie. Elle est évidemment accrue par la mondialisation qui éparpille les uns des autres, dans l’espace et dans le temps, les acteurs d’une même filière entre ressources initiales et disparition finale.

 

Pourrait-on remettre en perspective un certain aperçu de la valeur d’usage d’une richesse, afin d’acquérir une représentation plus réaliste de l’économie, afin de procurer de la  pertinence aux tentatives de régulation ?

 

Sans se perdre dans les détails, il est possible d’aller dans cette direction. Cela demande de se rapprocher de la valeur d’usage prévue, donc de prendre en considération l’utilisation des richesses qui circulent.

Dans un tel exercice, il apparaît assez facilement que certaines richesses n’ont d’utilité que si elles sont détruites dans une consommation tandis que d’autres ne présentent d’utilité que si elles peuvent être conservées (c’est quand même un vrai paradoxe, or personne ne le  relève !).

Les premières visent à satisfaire des besoins de consommation. Il est logique d’y rattacher celles qui consistent en des équipements permettant de les produire et de les distribuer vers les lieux de consommation, équipements qui eux aussi disparaissent par usure ou obsolescence ce qui les ramène au statut de ressources pour la production de richesses consommables.

Les secondes servent de réserves de pouvoir. Elles sont des supports de valeur d’échange que leur propriétaire peut libérer pour acquérir d’autres richesses. Comme leur valeur est conventionnelle, il suffit de jouer sur les consensus pour la faire changer dans le temps. L’intérêt de leurs propriétaires est que leur valeur s’accroisse continument du fait des mouvements d’opinions.

La valeur d’usage des premières est perceptible par les effets de leur destruction, donc par  les consommations qu’elles permettent et leur adéquation aux besoins. Celle des secondes l’est par les variations du pouvoir d’échange de leurs propriétaires du fait de leur conservation.

 

Des lecteurs objecteront probablement que certaines richesses peuvent avoir les deux caractéristiques. A la fois elles sont destinées à être consommées mais peuvent être conservées dans l’espoir de voir augmenter leur valeur d’échange. C’est le cas par exemple d’un stock conservé à des fins spéculatives.

Pour la suite de la réflexion sur la « valeur », cette considération n’a pas d’importance. La méthodologie sous-jacente aux réflexions de ce blog est fondée, non pas sur les flux mais sur les processus, autrement dit les enchaînements d’activités élémentaires. C’est la finalité des processus qui sert de révélateur. Quand une richesse est concernée dans un processus de type production-distribution-consommation, elle se ramène au premier type. Si elle intervient dans un processus de nature spéculative, elle fait partie du second.

 

Et les liquidités ? Sont-ce des richesses du premier ou du second type ?

Dans notre vision des choses, la réponse est « ni l’un ni l’autre ». La richesse concernée en l’occurrence est l’état du compte courant de leur propriétaire à un instant donné. Selon l’usage qu’il en fait ponctuellement, elle jouera d’une façon ou de l’autre. Les liquidités sont à considérer comme de l’information servant à mouvementer de manière comptable les comptes courants (au sens large, incluant les espèces dans la poche de leur propriétaire), tant celui de l’acquéreur que celui du cédant dans une transaction commerciale.

 

Nous verrons dans un prochain billet comment cette qualification des richesses selon deux natures d’usage  permet de faire une distinction formelle entre une « économie réelle » et une « économie financière ». Ces deux notions sont souvent évoquées mais restent dans un flou nébuleux qui ne permet pas de les faire entrer de manière intéressante dans une logique de raisonnement.

 

à plus …

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