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15 septembre 2013 7 15 /09 /septembre /2013 18:54

observation 1  

Déjà, tout dépend du point de vue où l’on se place par rapport à l’idée que l’on s’en fait. 

 

Il apparaissait dans le billet précédent que les choses acquièrent de la valeur, par le ressenti des acteurs de l’économie, en fonction de deux mécanismes très différent.

Certaines activités, et les « choses » qui s’y rapportent ont pour motivation de concourir à la satisfaction de besoins de consommation. Leur valeur se crée puis disparaît. Au global, sur la durée, ces activités sont un éternel mécanisme de réponse à des besoins tangibles, satisfaits plus ou moins correctement, et toujours renouvelés. La valeur est en rapport avec la capacité supposée de répondre au besoin concerné, et avec la prégnance de ce besoin.

D’autres activités, et là aussi les « choses » qui s’y rapportent, permettent d’affecter à des supports, généralement qualifiés d’actifs, des valeurs conventionnelles d’échange. Ces activités sont en gros de deux natures d’une part la sélection ou la création artificielle de tels supports, d’autre part des négociations sur des marchés, entre spécialistes, ayant pour but de faire croître leur valeur conventionnelle et de la faire reconnaître dans un consensus généralisé. Les spécialistes en question peuvent être les propriétaires des supports ou leurs représentants. Cette valeur conventionnelle n’est jamais détruite, sauf en cas de perte de confiance généralisée de l’opinion publique, elle est transférée à d'autres supports. Les activités concernées ont pour objectif de faire croître continument le pouvoir d’échange des propriétaires des supports.

 

Il existe un hiatus que personne ne souligne entre les valeurs qui motivent les comportements dans chacun des deux domaines d’activités. Or, ce qui est en jeu, c’est bien le comportement des acteurs car, finalement, c’est lui qui construit et fait fonctionner le système socioéconomique.

Dans le premier cas, c’est l’existence d’un besoin tangible de consommation (donc de destruction de valeur), c’est la valeur d’usage supposée qui agit sur la dynamique. Dans le second cas, c’est l’acquisition d’un pouvoir d’échange indéterminé, qui ne cible aucun besoin tangible, c’est un simple mécanisme de création de pouvoir pour le pouvoir. La valeur concernée est une valeur conventionnelle sans autre justification que la création de pouvoir d’échange.

Certains vont penser que dans le second cas, le besoin est tangible car il existe un besoin sous-jacent de consommation. Si l’on regarde la motivation des comportements, la différence est flagrante. Dans le premier cas, les activités s’inscrivent dans un contexte d’échange de services, les acteurs fournissent (ou pensent fournir, ou essayent de fournir) un service qui concourt à la création de valeur consommable, correspondant à des besoins tangibles. Ils entendent échanger ce service contre une possibilité de consommation, valeur créée comparée à valeur à détruire. Ils ont en perspective des besoins concrets et sont motivés par eux et en fonction d’eux.

Dans le second cas, on peut déjà remarquer qu’il n’y a aucune proportionnalité entre les flux de valeur conventionnelle qui circulent, et la portion minime qui s’en distrait pour alimenter une consommation tangible. Les conséquences prévisibles concrètes en rapport avec la structure globale des besoins de consommation ne sont pas, et ne peuvent pas, être pris en compte dans les comportements qui se rapportent à ce domaine. Les activités concernées restent insensibles à la réalité tangible et échappent aux tentatives illusoires de ciblage sur des besoins déterminés.

 

Dans les propos courants, il est parfois fait mention de l’économie réelle et de l’économie financière. Ce n’est pas ainsi que les choses se présentent. Il est préférable de distinguer « économie réelle » et « économie spéculative ».

La première regroupe toutes les activités qui s’inscrivent dans une logique d’échange de services et développent des mécanismes de création de valeur d’usage, de distribution et de consommation qui détruit en continu la valeur d’usage créée. C’est elle qui crée la dynamique de base et qui permet de satisfaire aux besoins et à leur évolution qualitative et quantitative. Ce n’est pas pour autant que ces activités soient optimisées. Tout dépend du point de vue où l’on se place.

La seconde est constituée des activités qui consistent à créer du pouvoir d’échange en faisant croître de manière conventionnelle la valeur attribuée à des supports, grâce à des échanges parfois frénétiques de ces supports de valeur. Sa raison d’être est de fournir du pouvoir d’achat à leurs acteurs, sans qu’ils aient à contribuer à la création de valeur d’usage tangible, destinée à disparaître en fonction de  besoins objectifs, donc sans pour autant participer à la création de valeur d’usage tangible. Une faible part de la croissance du pouvoir d’achat créé alimente des échanges liés à l’économie réelle. La plus grosse part est consacrée à entretenir la frénésie d’échanges de supports spéculatifs et génère des monceaux d’actifs artificiels, en raison des règles de la comptabilité en partie double.

L’économie financière n’existe pas en tant que créatrice de valeur. Il existe des activités bancaires de gestion des liquidités. La création de valeur ne s’y produit que par des activités de services, la gestion de comptes, ou par des activités spéculatrices d’investissement financier.

Selon que les liquidités sont affectées à l’économie réelle ou à l’économie spéculative, les comportements sont à prendre au titre de l’une ou de l’autre. C’est la raison qui fait affirmer que toute régulation macroéconomique ne peut être efficace que grâce à une application draconienne des principes dits de Glass–Steagall pour structurer les activités bancaires.

 

L’économie spéculative n’est pas l’apanage des banques. Les activités spéculatives, certes, représentent une part importante des activités bancaires (surtout dans les banques dites d’affaires), mais tout acquéreur de supports spéculatifs, avec comme seule motivation de les recéder ultérieurement plus cher, sans fournir lui-même aucun apport à la constitution de valeur consommable, développe une activité spéculative. C’est le cas aussi d’entreprises comme les sociétés d’assurance pour faire fructifier leurs actifs, c’est le cas des services financiers des organismes marchands ou publics pour faire fructifier leur épargne plus ou moins momentanée, et c’est le cas de tous les particuliers qui placent leurs économies sur les supports financiers proposés pour les faire fructifier.

En foi de quoi, il est tout à fait inapproprié de faire un amalgame entre organismes de production ou de distribution de richesses tangibles et économie réelle d’une part, et organismes financiers et économie spéculative d’autre part.

 

Il existe cependant des activités qui apparaissent comme mixtes, en particulier pour ce qui concerne l’immobilier locatif où c’est le plus évident. En fait, la constitution de valeurs comporte deux volets qui évoluent chacun de son côté. Les activités en question sont à dédoubler en des activités de service, relevant de l’économie réelle et des activités de placement spéculatif, relevant de l’économie spéculative. D’une part il existe un usufruit résultant d’un usage, d’autre part il existe une valeur patrimoniale résultant d’une bourse des valeurs (formelle ou informelle).

 

L’usage des monnaies comme unique représentation symbolique de valeur dans les échanges a introduit une confusion complète dans les esprits sur la valeur des choses. De ce fait, les interactions entre économie réelle et économie spéculative sont masquées et les comportements sont influencés à partir de visions incohérentes des réalités, visions qui dépendent des idées que les protagonistes s’en font. Chacun voit midi à sa porte.

 

Nous entrerons plus dans le détail des mécanismes de l’économie réelle et dans ceux de l’économie spéculative, tout en restant dans une vision macroscopique. Auparavant, nous aurons regardé comment elles communiquent, et c’est dans un registre relationnel de type « je t’aime moi non plus ».

 

à plus …

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