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19 septembre 2013 4 19 /09 /septembre /2013 15:32

porte-monnaieEntrons dans le concret 

 

Les précédentes remarques philosophiques élémentaires sur les richesses, les distinctions entre valeur conventionnelle et valeur d’usage supposée, les séparations entre économie réelle consacrée aux richesses consommables et l’économie spéculative consacrée aux richesses inconsommables n’ont qu’un intérêt, permettre de positionner les activités élémentaires du méga-système socioéconomique selon deux ensembles pouvant être étudiés séparément en fonction de leur finalité, et à comprendre leurs interactions. C’est une façon d’analyser notre fameux système en crise. Son intérêt est qu’elle débouche sur des critères pour qualifier les activités, pour identifier les raisons des dysfonctionnements, et pour comprendre pourquoi les prétendus experts politiques qui le pilotent se montrent incapables de les juguler.

 

Toute la réflexion macroéconomique repose sur une vision comptable des richesses, alors replaçons-nous sur ce terrain et regardons la circulation des liquidités.

 Economie F-R 3

 

En raison des règles de la comptabilité en partie double, globalement, les flux sont équilibrés, c'est-à-dire que la somme des entrées dans les comptes courants est en permanence égale à la somme des sorties. Pour ce qui concerne les espèces, les personnes physiques ou morales sont considérées comme titulaires d’un compte de caisse (effectif ou virtuel) en interaction avec leur compte courant dans les livres de la banque. Les écarts ne peuvent provenir que d’un manque de synchronisme entre l’engagement d’un ordre et sa transcription dans les comptabilités des banques respectives du cédant et de l’acquéreur. Globalement, en raison de la généralisation de la transmission informatique des données comptables, c’est infinitésimal par rapport au volume des flux.

De toutes les façons l’économie n’est pas en régime stabilisé, les volumes de transactions donc les besoins en liquidités sont évolutifs, les taux de change varient, etc. Passer à une étude des dynamiques d’évolution, ce n’est plus du ressort de la comptabilité en partie double qui attend que les écritures soient closes pour calculer ses soldes ,sur une période révolue par principe.

 

A gauche du schéma, pour les mêmes raisons de comptabilité en partie double, les flux nominaux d’achat et de vente des supports spéculatifs sont égaux.

Il apparaît donc que les flux en nominal des ventes de richesses consommables plus les flux de création de liquidités, plus l’épargne équilibrent le flux des ventes de ces richesses consommables, dont une très grande part est constituée du travail humain qui sert à les produire.

Dans ce schéma, les transactions liées à la redistribution par les organismes publics sont prises en compte en tant que fournitures de services imposés. Les richesses, au sens traditionnel, sont concrétisées de trois manières : les supports symboliques que constituent les titres de propriété des supports de spéculation, le niveau des soldes de comptes courants, la propriété de richesses tangibles destinées à disparaître dans une consommation (y compris les services dont la consommation est simultanée à la production).

 

Dans la partie droite, qui correspond à l’économie réelle évoquée dans le billet précédent, il se crée et se consomme de la valeur d’usage et le seul stockage de cette valeur d’usage est constitué des en-cours et des équipements, les uns comme les autres étant destinés à disparaître. De manière comptable, leur valeur conventionnelle correspond aux en-cours et aux amortissements.

Pour amortir un équipement, il est nécessaire de lui affecter une part de la création de valeur d’usage à laquelle il participe. Si un bien d’équipement est revendu car il est encore opérationnel, pour sa partie non-amortie il devient un support spéculatif.

 

La tenue des comptes courants est de la simple manipulation d’information, sans valeur en soi. Les activités de comptabilisation des mouvements sont des services, donc entrent dans l’économie réelle, même s’ils se rapportent à des transactions spéculatives. Leur utilité se rapporte alors à des besoins du même ordre que pour les paris, les loteries et les jeux de casino, celui de s’enrichir sans rien apporter à la création de richesses consommables.

 

La partie gauche du schéma est dédiée aux activités spéculatives, en rappelant que ces activités ne sont pas l’apanage des organismes financier. Le particulier qui achète de l’or ou une œuvre d’art pour placer son épargne engage une activité spéculative.

La création de valeur se fait de la manière suivante. La valeur conventionnelle des supports est généralement globalement en croissance. C’est ce qui justifie l’existence des activités de spéculation. Il faut que des liquidités soient disponibles pour acheter. Les spéculateurs prennent leur bénéfice en vendant plus cher qu’ils ne les ont achetés des supports spéculatifs. Leurs comptes courants s’enrichissent mais le bilan des liquidités en circulation est inchangé. Par contre, la valeur des actifs a progressé du montant du différentiel. Pour alimenter la spéculation, il faut qu’elle soit attractive afin que des liquidités disponibles se dirigent vers elle. Il faut donc qu’elle soit plus intéressante que les autres manières, pour une personne physique ou morale, d’utiliser ses disponibilités financière.

 

Vu de manière comptable, il n’y a que quatre manières pour un acteur économique d’utiliser les disponibilités :

-      les laisser dormir,

-      acheter des richesses consommables à consommer immédiatement, 

-      acheter des supports spéculatifs à seul but de prendre des bénéfices à la revente,

-      acheter des richesses mixtes permettant à la fois d’envisager une revente de type spéculatif et de bénéficier d’une création de valeur d’usage, soit consommée directement, soit revendue et comptabilisée de manière conventionnelle en entrée dans un compte courant. 

 

Toutes ces options sont réservées à ceux qui ont des disponibilités, petites ou grandes, c'est-à-dire dont les besoins de consommation ressentis sont inférieurs à leur capacité de les satisfaire par des achats de consommation. Cela ne concerne qu’une partie limitée des personnes physiques ou morales, acteurs de l’économie.

La première option est retenue par ceux qui préfèrent risquer la perte de valeur par l’inflation venant rogner le pouvoir d’achat que de prendre les risques attachés aux autres options.

La deuxième option, la consommation, est volontairement restreinte par ceux qui ont des possibilités d’épargne. Elle revient à amputer le pouvoir lié à la capacité de disposer de liquidités, donc c’est un abandon de pouvoir influer sur le cours des échanges.

Le choix entre le troisième et la quatrième est basé sur une estimation comparée des risques  et des intérêts attachés à l’une ou a l’autre.

 

Dans la vie courante, dans la plupart des pays sinon dans tous, ce sont les acheteurs qui prennent la plupart des décisions économiques élémentaires. Dans les transactions libres,  même si les marchés sont truqués, ce sont eux qui, en finalité, décident ou non d’affecter les liquidités dont ils disposent en fonction de l’intérêt qu’ils accordent aux offres des vendeurs.

Ces achats se répartissent en diverses catégories bien typées :

-      les achats de main d’œuvre, les achats de biens et de services de consommation au titre de la consommation des ménages,

-      les achats de biens et de services consommables au titre de l’achat de ressources pour les organismes de production et de distribution des biens et des services,

-      les achats de richesses mixtes dont une caractéristique s’adresse au volet spéculation et une autre au volet utilité tangible,

-      les achats de supports spéculatifs.

 

Les opérations achat/vente sont pour la plupart encadrés par des dispositions réglementaires. Un seul type de vendeur a, de fait et de droit, le pouvoir d’inverser les rôles, de contraindre les acteurs économiques à acheter de prétendus services. C’est le pouvoir public. Il échange des services fournis par les agents, rétribués par ses soins (dont il achète le travail), contre des taxes, impôts et prélèvements divers. Quand il opère dans le domaine marchand, il se place autant que faire se peut en position de monopole, ce qui est une autre façon de contraindre..

 

A l’exception du domaine des services publics contraints, pour l’acheteur et le vendeur, les ressentis respectifs de valeur de la richesse échangée jouent dans la décision d’achat de consommation. Les acheteurs essayent de faire jouer la concurrence des vendeurs et d’orienter leurs choix en fonction d’un niveau de satisfaction, donc en fonction de la nature et de la qualité des services offerts par rapport à leurs besoins (pour les particuliers comme pour les choix  de nature professionnelle). Il existe une tendance générale à améliorer l’efficience de l’offre.

Pour ce qui concerne les services, sans concurrence, fournis par les organismes publics, c’est une vente forcée en contrepartie des prélèvements, quel que soit le niveau de qualité et d’utilité de l’offre pour le « client ».

 

Par rapport à cet état de fait qui concerne tous les acteurs de l’économie marchande, autrement dit tout le monde, la notion de valeur joue toujours intuitivement dans le ressenti, que ce soit dans le contexte d’une consommation, ou dans celui d’une prise de bénéfice ou de perte spéculatifs. Dans le cas des services contraints, c’est moins conscient mais tout aussi naturel. Dans les décisions d’achat il est donc bien hasardeux d’évoquer une « valeur établie » une fois pour toutes pour chaque richesse échangée, or c’est sur les achats, plus ou moins contraints par les contingences, que se constitue l’économie.

Pour mener plus loin la réflexion, il faudrait entrer dans les différentes filières affectées respectivement à la production des différentes natures de richesses, réelles ou conventionnelles, et dans une appréciation des besoins et des ressentis qui s’y attachent.

 

D’autres billets analyseront plus en détail les interactions des flux de liquidités avec les activités qui composent les grands domaines de production. C’est par les constats relatifs aux choix et au ressenti des acteurs, que la valeur « réelle » se révèle, après les consommations c’est à dire trop tard. En fait, les choix d’orientation du système économique se sont rendus de plus en plus dépendants de considérations comptables, les seules valeurs prises en considération sont les « valeurs conventionnelles » qui font foi en comptabilité, et elles sont en lévitation par rapport aux « valeurs réelles ». Le système socioéconomique fonctionne sur des considérations virtuelles par rapport au ressenti d’une grande partie du genre humain.

 

à plus …

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