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28 septembre 2013 6 28 /09 /septembre /2013 07:51

gouvernance 2 

et la Terre continue de tourner 

 

En 1606, Shakespeare faisait dire à Macbeth « la vie est un récit plein de bruit et de fureur raconté par un idiot ». C’est encore vrai, mais en plus, depuis, l’idiot a entrepris de scier consciencieusement la branche sur laquelle il est perché, pour vivre son récit et raconter la vie. Avec le progrès, sa scie est maintenant devenue une tronçonneuse.

 

La pièce illustre une quête du pouvoir pour le pouvoir. Les protagonistes s’entretuent consciencieusement pour un résultat négatif vu de l’extérieur : à la fin, il y a toujours un roi sur le trône d’Ecosse et la qualité de vie des Ecossais est toujours la même (ou a régressé du fait des dégâts collatéraux). La Terre continue de tourner …

 

J’ai déjà exposé sur ce blog le fait que les échanges intéressés, qui sont la base de l’économie, se déroulaient dans un contexte de jeux de pouvoir entre cédant et acquéreur, chacun éprouvant le besoin d’échanger, en général des liquidités contre un objet de propriété, chacun essayant de minimiser ce qu’il perd et de maximiser ce qu’il reçoit. Ces jeux se mènent individu contre individu, mais aussi clan contre clan. La question a déjà été traitée. Les péripéties des confrontations sont plus feutrées en général que dans la pièce de théâtre, le système socioéconomique est là pour ça, il remplace les épées et les poignards. Néanmoins, ça et là, des événements tragiques, par exemple en Syrie ou au Kenya, nous rappellent que les luttes de pouvoir peuvent très fortement déraper vers le tragique et les moyens modernes de se détruire mutuellement provoquent des dégâts collatéraux qui dépassent de très loin la mort de quelques hauts dignitaires de l’Ecosse du temps jadis.

 

Il s’agit dans la pièce de conflits politiques. Quels rapports avec l’économie ?

 

L’examen des activités du système socioéconomique auquel nous sommes assujettis met en évidence dans les comportements élémentaires l’interdépendance des considérations de positionnement social et des besoins ressentis qui motivent une grande partie des échanges de propriété, ceci est d’autant plus évident quand ces besoins ne sont pas strictement de subsistance élémentaire.

Le repu qui échange avec un affamé un paquet de biscuits contre des liquidités est beaucoup plus en position de force que le second qui sait que son portefeuille est presque vide. Il peut toujours se dire que dans le contexte ambiant de disette il trouverait bien un affamé mieux disant s’il mettait sont paquet aux enchères. Pour des besoins moins primaires, c’est tout aussi vrai quand le cédant d’une richesse chargée d’un contenu symbolique prétendu gratifiant est en face d’une quelconque victime de l’addiction au « paraître ».

Tout démontre que positionnement social et pouvoir de consommation vont de pair. Mais le système est fort complexe et la recherche de pouvoir est une quête qui passe par plusieurs types de démarches, qui peuvent d’ailleurs se combiner et se conforter mutuellement.

 

Les conflits politiques exacerbés trouvent un terrain favorable dans les situations d’écartèlement social perçu comme trop excessif, quand les notions de justice sociale, donc de « mérite et estime », sont bafouées de façon trop ostensible. La violence devient inéluctable. Les boutefeux ont alors la partie belle pour rameuter tous les envieux revendicatifs, en agitant les dogmes les plus simplistes.

Dans de telles situations, le principal support à la quête de pouvoirs repose sur la capacité de nuisance. Si elle débouche sur un nouvel ordre social, il met en place une hiérarchie fondée d’abord sur la gestion de moyens de nuisance et sur leur utilisation au bénéfice des vainqueurs.

Certes, triompher de cette façon n’est pas assez gratifiant pour leur ego. Il se trouve alors toujours des suiveurs obséquieux ou aveugles pour magnifier les nouveaux maîtres et transformer des règlements de comptes, souvent assez sordides, en mythes fondateurs tout en jetant un voile pudique sur les péripéties les plus horrifiantes.

Ainsi, au fil du temps, en raison des multiples révolutions qui ont eu lieu un peu partout sur le globe, le mythe de la « Révolution » trouve n’importe où des dévots. Pour eux, il suffit de détruire l’ordre en place pour accéder au Paradis.

Avec un peu de recul, il apparaît ensuite que, simplement, le récit historique de la vie est raconté par d’autres idiots et qu’il est toujours aussi plein de bruit et de fureur, sinon encore plus.

 

Notons aussi que dans des situations moins conflictuelles, les luttes de pouvoir de consommation sont escamotées et absoutes derrière les représentations mythiques du bonheur de vivre fournies par les publicitaires et les médias complaisants.

 

Maintenant, le bruit et la fureur illustrés par Shakespeare ont été remplacés par les conflits sanglants provoqués par des enragés, narcissiques ou dogmatiques, surfant sur les tensions sociales, et par le pillage irresponsable des ressources planétaires. Les dégâts collatéraux sont toujours et partout le lot des survivants.

Certes, de nombreux progrès ont vu le jour depuis le 17ème siècle, mais ce n’est pas une raison pour considérer que le système général est optimisé, ou alors c’est à désespérer de la nature humaine.

 

Le vrai problème, est de transformer en personnages sensés les idiots qui formatent (et empoisonnent) la vie de leurs contemporains. C’est un problème de civilisations. Comme il est illusoire d’imaginer sortir du chapeau une solution systémique parfaite, universelle et capable de gérer tous les types de situations transitoires, c’est plutôt par le dialogue entre collectivités diverses suffisamment homogènes, chacune cherchant sa voie de son côté, qu’il peut être abordé.

Quel sens donner à la vie humaine, qui puisse concilier aspirations individuelles et aspirations collectives ?

Comme le disait De Gaulle, « des chercheurs on en trouve mais des trouveurs, on en cherche ». Malheureusement les « chercheurs » en question ne songent qu’à faire passer au stade opérationnel leurs élucubrations, sans avoir « cherché » à assurer leurs prémisses. Il faut reconnaître à leur décharge qu’il est de moins en moins facile de structurer la réflexion, surtout pour des esprits fascinés et façonnés par des dogmes infantiles, en face d’un univers socioéconomique de plus en plus gigantesque et de plus en plus complexe. Les modélisations classiques sont dépassées.

 

J’ai déjà largement évoqué les comportements de type spéculatif (et leurs conséquences), qui sont assez faciles de situer dans une modélisation à partir du « schéma paradoxal ». C’est très partiel. Nous verrons comment mettre en scène d’autres comportements dans une analyse plus poussée de l’économie réelle, toujours en repartant de la base c'est-à-dire de la valeur des choses.

« To be or not to be », encore une citation bien connue du même auteur. En fait, cela n’est pas la bonne question. Celle-ci pourrait être plutôt  « comment être ou ne pas être ? » pour que les choses aillent mieux.

 

à plus …

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