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28 août 2014 4 28 /08 /août /2014 18:29

 fantôme 1 Elle apparaît et disparaît

 

Précédemment, nous nous sommes intéressés au pompage des liquidités. Nous avons compris que, en l’absence d’un support tangible (en pièces métalliques par exemple) ou d’une contrepartie tout aussi tangible (traditionnellement des réserves en or), elles se concrétisaient uniquement par des écritures dans des comptes tenus par les banques, sous contrôle  de la banque centrale dédiée à la monnaie en question. Il suffit d’afficher une ligne de crédit sur le compte du destinataire. En raison du principe fondamental de la comptabilité en partie double, un crédit sur un compte-chèques est équilibré par une augmentation des actifs de la banque, d’une valeur nominale égale à celle de l’emprunt.

Nous avons également compris que les liquidités extraites des comptes pour permettre le déroulement des activités de l’économie réelle font tourner un genre de noria où se crée de la valeur d’usage correspondant aux productions, valeur qui est en suite détruite par leur consommation. Cette perpétuelle création de valeur pour la voir ensuite détruite est la justification des activités monétaires, car elles sont un moyen irremplaçable par lequel le volet « production » contrebalance le volet « consommation ». Elle est, de fait, la dynamique qui anime l’économie. La valeur d’usage en question, crée puis détruite, permet de satisfaire (plus ou moins correctement) les besoins ressentis par les humains.

Les liquidités sont donc un outil pour assurer tous les échanges de propriété qui se produisent lors des activités qui jalonnent ce circuit. Elles sont un faciliteur pour troquer travail humain et autres ressources afin d’obtenir en bout de chaîne, après un certain nombre d’étapes consacrées à des produits intermédiaires, un produit final ayant pour vocation de disparaître par consommation, quasi instantanément ou par usure au cours du temps.

Si les liquidités mises en circulation ont en global une valeur comptable excédant celle qui a été attribuée aux productions avant leur destruction par une consommation (leur prix), une régulation naturelle existe, l’inflation : les prix des produits augmentent pour que ces deux valeurs s’équilibrent.

 

Pour beaucoup, l’inflation a des inconvénients majeurs. Elle mécontente les consommateurs, elle érode la valeur constante des actifs financiers, et elle perturbe le fonctionnement du système production/consommation.

Certes, il existe une inflation saine, celle qui est causée par les investissements, qu’ils soient ou non financés par le crédit. Les liquidités qui leur sont consacrées précèdent largement celles correspondant aux productions finales qu’ils procurent, c’est le jeu du ROI (Return On Investment)  Un temps pour chaque chose.

Hors investissements, le crédit à la consommation est générateur d’inflation malsaine. Il met en circulation dans la noria de l’économie réelle un surplus de liquidités. il crée un déséquilibre entre la monnaie distribuée et les quantités de produits disponibles pour consommer. Il ne peut s’envisager que dans le cadre d’une croissance régulière des rendements productifs qui contrebalancerait l’augmentation de la demande. Les emprunts étatiques ont le même effet car la redistribution ne débouche guère que sur de la consommation  Diafoirus.

 

Pour éviter l’inflation, un moyen a été découvert expérimentalement par l’industrie financière. Il consiste à éponger toutes les liquidités qui traînent (l’épargne), pour les stocker en dehors du circuit productif. Le volume des liquidités en circulation dans l’économie réelle reste ajusté aux besoins des échanges nécessaires à la production et à la mise disposition des produits à consommer. Du point de vue comptable, il n’y-a-pas de déséquilibre. Cette industrie financière fait apparaître de la monnaie par le crédit et la fait disparaître en escamotant l’épargne. C’est de la prestidigitation. Pour les spectateurs, et même pour la plupart des prestidigitateurs en opération sur la scène, c’est surnaturel. La monnaie est-elle une réalité ou un fantôme ?

Les banques centrales sont leurrées, elles qui raisonnent à partir du volume cumulé de monnaie émise, qu’elles essayent de rapprocher de la mesure de l’inflation. Les dirigeants politiques, gros activateurs du crédit à la consommation, tant pour eux-mêmes que pour leur électorat, et qui n’ont souvent que des notions très fantaisistes des réalités comptables, le sont plus encore.

 

Comme pour la prestidigitation, le problème de l’industrie financière est de trouver un moyen pour entreposer dans ses accessoires (les actifs bancaires) ce qu’elle fait disparaître et elle y arrive en faisant tourner toutes ces liquidités dans une multitude de comptes.

Dans ce purgatoire, une partie des actifs va disparaître naturellement grâce à la compensation des créances par leur remboursement. Une autre partie va se volatiliser en raison du défaut de certains emprunteurs. Cependant, il reste dans la course les liquidités qui subsistent et qui correspondent aux intérêts des emprunts déjà encaissés.

Une partie va retourner vers l’économie dite réelle pour permettre la consommation des bénéficiaires de l’industrie financière (son personnel, ses fournisseurs et ses rentiers), ou pour pratiquer l’investissement productif. Ces liquidités devraient normalement être génératrices d’inflation quand la croissance de la production est trop faiblarde. Il faut alors d’autant plus absorber d’épargne afin de restreindre ce phénomène qui parasite les actifs bancaires. Dans une situation de croissance zéro, il faut essayer que le flux des liquidités escamotées équilibre tous les flux supplémentaires allant vers la consommation.

 

Pour l’industrie financière, il n’existe qu’un moyen d’éponger l’épargne, c’est l’emprunter aux épargnants en leur offrant un rendement financier. Cela ampute ses rentrées, mais crée une complicité commerciale entre les banques et leurs clients. Il est plus simple que les liquidités  correspondant à ces rendements continuent de tourner en valeur nominale dans la marmite financière, sans aller vers la consommation et devoir être ré-escamotées. De toutes les façons, il faut offrir des rendements attractifs ce qui n’est pas léger en situation inflationniste.

 

Certains épargnants se chargent eux-mêmes, avec le même facteur de risque que les organismes financiers, de gérer leur épargne afin d’en tirer un rendement. Pour simplifier le raisonnement, nous allons les ranger eux-aussi dans le domaine de l’industrie financière. C’est une façon macroscopique de procéder qui n’altère en rien le raisonnement global.

 

Les liquidités entreposées restent donc à tourner comme véhicules pour transférer des valeurs nominales d’actifs d’un organisme à un autre. Il est nécessaire que ces transferts provoquent une plus-value destinée à couvrir les frais de l’industrie financière et de ses ayant-droits. Procéder autrement aurait entraîné une érosion des actifs et mis tout le système en difficulté.

 

Quand on fait le bilan des activités financières dans leur globalité, sans chercher à détailler son fonctionnement interne, elles apparaissent comme constituant une entité dont on ne considère que les entrées et les sorties (ce que l’on appelle une boîte noire dans le jargon technologique). Elles créent des liquidités (par le crédit) qu’elles injectent dans l’économie réelle. Pour éviter l’inflation, il leur est alors nécessaire de pomper un maximum de liquidités stagnantes en offrant des rendements financiers intéressants donc en suscitant des rentiers.

Si l’on compare la quantité de liquidités entrant à celle des liquidités sortant de cette boîte noire, en vertu de la comptabilité en partie double elles sont égales à une différence près, celle qui tient au délai entre la comptabilisation des dépenses et celle des recettes. C’est le jeu de ces en-cours qui permet de faire émerger une tendance inflationniste ou déflationniste. En première hypothèse, il est probable que les évolutions du volume des investissements productifs à base de crédit ont un rôle important dans le différentiel, car le retour sur investissement prend généralement plusieurs années : les dépenses correspondantes précèdent largement les recettes qu’ils procurent. Par ailleurs, il est facile de constater qu’entre l’ouverture d’une ligne de crédit (sortie de liquidités du compte de la banque) et son effacement par les dépenses de consommation de l’emprunteur (retour de liquidités de la part des vendeurs dans les comptes bancaires), il se passe en général un certain temps.

 

J’ignore si la valeur nominale et la composition des en-cours sont évaluées, alors je n’en dirai pas plus. Toujours est-il qu’il est indispensable pour elle que l’industrie financière assure la consommation de ses bénéficiaires car c’est en fait saseule raison d’être pour eux.

Puisque les liquidités sont constamment transférées d’un compte à un autre, et que les quantités entrant et sortant se compensent, elles ne sont pas destructibles par une consommation. Le seule grignotage de fait qui les concerne est représentée par l’inflation qui en érode leur valeur d’échange.

 

Toujours est-il que l’industrie financière doit créer ex nihilo de la valeur. Pour se sortir de cette impasse, il ne lui reste que l’autre façon de générer de la valeur nominale : utiliser la spéculation et la fonctionnement des bourses. Elle le fait avec une efficacité remarquable. Pour dépasser les limites de la spéculation sur des supports tangibles, elle crée des titres de toutes sortes de façons (des produits dérivés) et fait ainsi grossir ses actifs. Le problème est que, maintenant, ces actifs, en grande partie artificiels, constituent une bulle gigantesque, extrêmement fragile.

Certains pensent que, après compensation, après que les comptes aient été épurés au sein de l’industrie financière, créances des organismes entre eux face aux mouvements inverses, le solde serait négligeable.

Cela semble très douteux car la considération de la susdite boîte conduit à penser que le solde est égal au total cumulé de toutes les dépenses de consommation des bénéficiaires de l’industrie financière, acteurs et rentiers, au moins depuis que la création des monnaies par le moyen du crédit est alimentée uniquement par des jeux d’écritures comptables entre actifs artificiels. Autrement dit à partir du moment où cette création a été progressivement détachée d’une contrepartie tangible telle que l’or.

Certes, malgré une répression systémique (ou systématique, au choix du lecteur), l’inflation subsistante a fait son œuvre en rognant le valeur constante des actifs mais il doit rester un  gros reliquat.

 

En cas de crise généralisée, la monnaie enterrée dans les méandres des transactions entre organismes financiers, sortirait de son placard et viendrait comme un fantôme titiller les vivants en les acculant à un défaut généralisé, à commencer par les plus fragiles, se répandant progressivement dans tous les pays. L’économie en général est mondialisée et l’industrie financière encore plus.

 

Après analyse, il apparaît donc que l’économie financière se compose de deux entités juxtaposées :

- La première, qui assure la logistique des liquidités au sein de l’économie réelle, fournit un service indispensable. Pour ajuster par le crédit le volume des liquidités utilisées en production et consommation afin de permettre la croissance (quand il y en a), le jeu des banques centrales est lui aussi indispensable. Ces activités (et les frais qu’elles provoquent) sont logiquement à inclure dans l’économie réelle. Dans ce processus, le régulateur naturel est l’inflation.

- La seconde, est l’économie spéculative. Elle crée de  la valeur en faisant croître par des conventions entre acteurs internes, la valeur nominale de supports spéculatifs en grande partie artificiels. A l’observation, elle est un appendice pour permettre la consommation de ses ayant-droits. Par rapport aux activités de la production réelle,  ils sont oisifs, mais leurs dépenses ont un effet inflationniste s’ajoutant à celui créé par le crédit à la consommation ou à l’investissement productif.

 

Remarque : C’est une analyse macroscopique à « l’emporte-pièces ». C’est logique puisqu’elle considère la manière dont la monnaie est escamotée. Si elle mérite d’être nuancée, en tant que (très petit, … hélas !) spéculateur, je suis preneur.

 

 

 … à plus …

23 août 2014 6 23 /08 /août /2014 17:28

 principe initial  

Question existentielle.

 

L’industrie financière existe-elle pour pomper les liquidités stagnantes ou le pompage des liquidités stagnantes a-t-il pour objet de permettre à l’industrie financière d’exister ? C’est une question qui vient à l’esprit pour un observateur attentif de l’industrie financière.

 

Cette industrie a deux utilités différentes, qui apparaissent indiscutables à tous.

 

La première est d’assurer la logistique des liquidités qui irriguent toute l’économie. Elle le fait en effectuant des mouvements comptables, selon la réglementation en vigueur, en application des ordres qui lui sont donnés par ses clients. Ces mouvements comptables sont un débit à un compte courant en contrepartie d’un crédit de la même valeur nominale à un autre compte courant dans la même banque ou dans une autre, et vice-versa. Ils peuvent être aussi des transferts dans les deux sens entre un compte courant et l’équivalent en espèces. Ils peuvent être encore des conversions d’une monnaie dans une autre.

Les moyens proposés par les organismes financiers pour communiquer avec leurs clients afin de recevoir des ordres de mouvement sont de plus en plus variés : services au guichet, chèques, ordres de virement, utilisation de cartes de crédit, acceptation de prélèvements de la part d’un tiers dument identifié, robots appropriés, etc.

 

Pour fournir ce service qui leur occasionne évidemment des frais de fonctionnement, ils sont rémunérés par des frais bancaires. Pour des raisons de concurrence entre eux ils doivent rester très limités dans leurs facturations, et la pression réglementaire d’origine politique va dans le même sens pour caresser l’électorat dans le sens du poil.

En fait, ils sont loin de couvrir par ce moyen tous leurs frais inhérents au service et ils utilisent pour ce faire les revenus provenant des autres services, beaucoup plus rémunérateurs.

 

La seconde est la fourniture de crédit. Les intérêts génèrent un retour de liquidités confortablement supérieur aux sorties. Les organismes financiers maîtrisent collectivement eux-mêmes le barème des taux de crédit. Ils ne sont limités dans leurs exigences que par la nécessité de conserver un nombre suffisant de clients solvables. Le différentiel entre les sorties et les rentrées de liquidités qu’ils provoquent est couvert par les banques centrales qui génèrent des liquidités scripturales pour faire face, plus ou moins judicieusement, aux demandes des organismes financiers. Leur instrument de surveillance est la tendance inflationniste.

 

Dans la pratique, le mode d’action des institutions financière, hors gestion comptable des comptes courants, est facile à comprendre. Elles aspirent un maximum des liquidités qui stagnent sous forme d’épargne, donc qui ne sont pas immédiatement affectées à la consommation de produits finals, ou à celle des ressources intermédiaires indispensables pour les produire. Pour ce faire, elles les empruntent elles-mêmes à leurs clients épargnants selon différentes formulations (comptes d’épargne, assurances-vie, comptes titres, …). Elles leurs proposent des intérêts pour faire grossir la valeur nominale de leur épargne. Ce soutirage systémique est aussi une nécessité pour les acteurs financiers, pour éviter qu’une inflation vienne éroder la valeur factuelle de leurs actifs.

La fourniture de crédit et immédiatement ensuite la récupération de l’épargne avant qu’elle retourne à la consommation entraîne un accroissement global des liquidités, mais sans inflation. Cependant, si le remboursement des créances efface en comptabilité le nominal des prêts, les intérêts provoquent dans leurs comptes une création ex-nihilo de valeur comptable qu’il faut bien compenser (contrainte de la comptabilité en partie double). En face de cette génération spontanée, il faut mettre des actifs comptables dont la valeur globale augmente continument.

Il existe un moyen très ancien de faire grossir la valeur comptable d’un actif, c’est la spéculation. Elle consiste à acheter un support spéculatif et à le stocker pour le revendre ensuite plus cher. Initialement la plus-value n’était dégagée qu’au moment de la revente de ce support. La création de bourses d’échange a fait tomber cette limitation : les supports cotés voient leur valeur réajustée en permanence en fonction des cotes conventionnelles. En organisant elle-même les bourses, l’industrie financière s’est donné un maximum de possibilités pour gérer la spéculation à son avantage. Il suffit de faire état d’une tendance favorable pour voir grimper la valeur conventionnelle des supports concernés (ce qui ouvre aussi la porte à l’intox informative).

 

Toutes sortes de supports spéculatifs peuvent être utilisées pour spéculer. Les supports tangibles tels que l’immobilier, les matières premières, les œuvres d’art, voient leur valeur buter sur les dispositions d’achat des utilisateurs, Ils ne peuvent pas être multipliés à volonté ni revalorisés selon les besoins de la finance.

Heureusement les titres de créance  de toutes natures (y compris par exemple les actions qui sont en fait des prêts par l’actionnaire à l’entreprise, personne morale, avec comme contrepartie des dividendes et des plus-values espérées à la revente) font partie des actifs et plus le crédit augmente, plus les supports que peuvent être les titres de créance se multiplient.

Comme le volume de supports basés sur la solvabilité des emprunteurs a des limites, les organismes financiers en ont inventés de nouveaux, créés à partir des créances initiales, les produits dérivés. Les financiers se les vendent mutuellement, en convenant entre eux, généralement grâce aux bourses qu’ils exploitent, d’une plus-value par rapport à la valeur des supports initiaux. Ce sont des agrégats, des options artificielles qui permettent de les vendre plusieurs fois sans qu’elles soient jamais cédées par leur possesseur, etc. …

Ces produits dérivés sont souvent présentés par leurs inventeurs comme une mutualisation du risque de défaut des emprunteurs initiaux, à l’intérieur de l’ensemble de l’industrie financière. Le fin du fin est que certains d’entre eux, tels que les Sicav, qui font perdre de vue les emprunteurs initiaux, sont vendus au grand public des épargnants et que ce sont eux alors qui supportent sans la connaître la réalité des risques pris par les financiers. Il y a toute une bibliothèque sur le sujet des produits dérivés car ils font jaser, d’autant plus qu’il existe un shadow-banking qui échappe à tout contrôle par les instances étatiques.

 

Toujours est-il que les actifs financiers s’accroissent continument et finissent par constituer une bulle gigantesque, de plus en plus fragile au fil de sa croissance. Il suffit d’un défaut de solvabilité trop important, par rapport à la possibilité de couverture des risques fournie par la mutualisation prétendue, pour que l’édifice s’écroule par pans entiers. Selon les estimations, cette bulle  représente en global des dizaines de fois (sinon des centaines) le chiffrage de toutes les richesses mondiales. Certains font valoir qu’après consolidation, c'est-à-dire neutralisation de la valeur des créances de leurs possesseurs par la valeur de celles que possèdent eux-mêmes les emprunteurs, la valeur finale en serait énormément réduite. C’est exact car une grande partie de la spéculation se fait entre organismes financiers, auteurs, dépositaires et cultivateurs de cette bulle.

Cependant, il faut comprendre que, arithmétiquement, la valeur résiduelle après consolidation correspond à la valeur nominale de toutes les liquidités correspondant à l’épargne placée dans l’économie spéculative. Elle y est restée en bonne partie : en tournant en circuit fermé, elle prend à chaque tour de la valeur conventionnelle. Ces liquidités économisées ne sont pas retournées dans le circuit de l’économie réelle pour les consommations de toute nature, y compris pour les investissements. Si elles étaient restées en circulation dans l’économie réelle, elles auraient augmenté les tendances inflationnistes dues à leur excès par rapport à la quantité de produits réels disponibles dans l’immédiat pour la consommation.

 

D’une manière probablement irraisonnée en global, les organismes financiers mènent des jeux simultanés sur divers terrains. Les banques, particulièrement celles de dépôt, poussent au crédit leurs clients car les intérêts sont la source principale des leurs revenus. Par le crédit, elles provoquent au sein de l’industrie financière, un besoin continu de liquidités supplémentaires et les obtiennent auprès des banques centrales grâce à leurs actifs à base de créances. L’industrie financière pompe l’épargne en proposant des placements financiers et en ristournant une partie des intérêts sous forme de « rendement de l’épargne ». Ce faisant, elle limite le risque inflationniste qui éroderait en continu ses actifs. Pour augmenter ces actifs et pour se créer une source indispensable de revenus, afin d’alimenter tout ce fonctionnement, elle s’adonne à la spéculation. Cette spéculation est d’autant plus nécessaire que ses actifs se développent de manière exponentielle et sont donc plus fragiles face à l’inflation. Pour pouvoir spéculer, devant les limites des supports spéculatifs tangibles, elle multiplie grâce aux produits dérivés les possibilités de spéculations entre opérateurs financiers. Tout ceci édifie une bulle d’actifs financiers de plus en plus énorme, ne reposant que sur une base limitée de clients solvables. Le moindre hoquet de l’économie réelle diminue la base solvable et accentue toute crise naissante. L’économie réelle est anémiée par ce pompage de liquidités qui ne retournent pas intégralement vers la production, en particulier en supprimant  les possibilités d’auto-investissement et d’investissement privé, rendant la croissance atone et incapable d’absorber l’augmentation des besoins qui progressent inexorablement, ne serait-ce qu’en raison de la progression démographique. Etc., etc. : bref c’est la crise !

Tout ceci est encouragé par les pouvoirs publics, gros demandeurs de crédit pour eux et leurs administrés, eux aussi pompistes assidus pour leur redistribution (le syndrome de Diafoirus) et par ailleurs ennemis de toute inflation sensible pour des raisons électorales.

 

 

Cette description narquoise des activités financières, qui écorne la pensée unique, est très macroscopique. J’arrête ici ma présentation car elle est probablement déjà trop longue pour certains.

 

 

 

… à plus …

22 août 2014 5 22 /08 /août /2014 11:44

 

Shadoks 1 

 Shadoks ?

 

Dans les billets précédents, il était question du pompage de liquidités. Si nous cherchons à étudier les spécialistes de l’utilisation des pompes, nous allons penser aux pompiers, aux pompistes et même aux Shadoks.

Regardons plus précisément le champ d’observation : si nous nous focalisons sur le pompage des liquidités monétaires, nous allons apercevoir les dirigeants étatiques et les financiers.

Tous les deux voudraient être vus comme des pompiers volant au secours du bon peuple. Après analyse, ils apparaissent plutôt comme des pompistes experts en soutirages et en transferts entre les réservoirs de leur choix. Ils peuvent également faire penser aux Shadoks en raison de la frénésie qu’ils mettent à pomper.

Les premiers ont été évoqués dans le billet précédent, alors nous allons cette fois-ci nous occuper des seconds, les maîtres de la pharmacopée financière.

 

Aux origines de leur métier se trouve la pratique usuraire. Elle consiste à fournir un crédit et à recevoir ensuite à la fois le remboursement de la somme prêtée et une rallonge sous forme d’intérêts. Ils se considéraient comme des fournisseurs de service. Ils étaient vus plutôt comme des buveurs de sang, exploitant à outrance les emprunteurs solvables et réduisant à l’esclavage les insolvables, souvent la veuve et l’orphelin, pour se « payer sur la bête ». Ils se justifiaient en évoquant la compensation des risques pris par eux.

Ils étaient limités dans leur exercice par le volume des liquidités en circulation car ils ne pouvaient pas créer eux-mêmes de la monnaie métallique (un privilège réservé aux dirigeants politiques) et celle dont ils disposaient n’était que celle qu’ils pouvaient soutirer ailleurs, grâce aux remboursements et aux intérêts qu’ils exigeaient.

Pour élargir leur champ d’action, ils devinrent banquiers en offrant à titre onéreux des services supplémentaires, la garde et la sécurisation des économies. Le développement des techniques comptables leur apporta une maîtrise qui les rendit indispensables, en particulier pour assurer comme intermédiaires la circulation des espèces entre les acteurs économiques. Mais ils étaient toujours limités pour fournir le crédit par le volume total des espèces métalliques en circulation.

L’invention de la monnaie-papier entraîna celle de la monnaie scripturale. Du coup les échanges de liquidités devinrent des circulations d’ordres de mouvements comptables sur les comptes de dépôt, ces réservoirs de valeur conventionnelle. Les banques devinrent complètement indispensables pour l’économie à tous les niveaux. Elles se diversifièrent, en interne ou en se spécialisant, qui sur la logistique et les  transferts, qui sur la gestion de l’épargne, qui sur le crédit, qui sur la spéculation.

Le crédit est devenu un jeu d’écritures et les dirigeants politiques s’y intéressaient car cela leur facilitait la création des liquidités, à utiliser eux-mêmes ou à distribuer. Ils n’étaient plus  limités dans leur création de monnaie par le volume de métaux précieux en leur possession. Ils profitèrent de leur pouvoir de réglementation pour mettre en place des banques centrales, consacrées respectivement à la monnaie de la nation administrée par leur gouvernance étatique, pour contrôler ces créations de liquidités. Les autres banques locales furent soumises à des réglementations spécifiques telles qu’une couverture des risques qu’elles prennent par des fonds propres supposés suffisants. Elles furent tenues d’équilibrer leur fourniture de crédit, en cas de manque pour elles-mêmes de liquidités disponibles, par des créances auprès de leur banque centrale.

En fait, le seul indicateur dont disposent les dirigeants politiques pour contrôler ce fonctionnement était, et est toujours, la surveillance de l’inflation (ou de la déflation). Comme ils se sont rendu compte expérimentalement de leur côté que les excès de prélèvements institutionnels finissaient par détruire l’économie dite réelle (celle des consommations et des productions qu’elles nécessitent), plutôt que de trop pomper au présent, ils se mirent aussi à accabler les générations futures par des prises de crédit auprès de l’industrie financière. Mais alors il faut au minimum payer les intérêts. Dans notre budget étatique, par exemple, le service de la dette prend une place tellement considérable que l’Etat emprunte aussi pour payer les intérêts qu’il doit.

L’organisation financière savait (elle n’a pas besoin de cours particuliers de comptabilité) que les créances qu’elle possédait sous forme de titres (actions, obligations, …), à condition que leurs émetteurs soient considérés comme solvables, disposant eux-mêmes de garanties sérieuses sous forme de fonds propres et/ou de biens matériels, et soient par ailleurs suffisamment hors du système bancaire lui-même (donc aussi de sa prise de risques spécifiques), faisaient partie de leurs fonds propres, en application de la réglementation. Les Etats réputés sérieux en étaient, bien sûr, et il aurait été très maladroit de les dédaigner en leur refusant du crédit (les intérêts qui leur sont demandés sont particulièrement bas et sont même parfois négatifs).

 

Tout ce développement, qui évoque de manière très acrobatique les racines de la situation présente, permet de l’expliquer. Les financiers se sont révélés comme des pompistes très efficaces pour soutirer d’importantes quantités de liquidités et donc des assistants indispensables pour les dirigeants politiques trop dépensiers, afin de neutraliser le risque inflationniste qu’ils suscitent avec leur redistribution.

Le fait de mettre en circulation des liquidités sans contrepartie productive et marchande  immédiate est en effet générateur d’inflation, que ce soit le fait de la redistribution ou du crédit à la consommation, même si elle est consacrée à de l’investissement productif (le sujet a déjà été abordé :  Un temps pour chaque chose). Dans ce cas, le rapport entre la quantité des liquidités allant vers la consommation et la quantité de produits présente sur le marché augmente. Les prix grimpent en valeur nominale pour rester en proportion de la destruction de valeur d’usage induite par la consommation (finale ou consommation de produits intermédiaires).

 

Le phénomène inflationniste est une régulation naturelle. Il n’est gommé, lui aussi de manière naturelle, que si l’augmentation du rendement des productions marchandes compense en temps quasiment réel l’augmentation de la demande de consommation.  Il est dangereux de s’y soustraire artificiellement avec l’aide d’escamoteurs professionnels, de faire de la redistribution sans s’assurer au préalable de la réalité d’une croissance des productions marchandes qui équilibrerait la consommation, elle aussi évidemment marchande par le jeu des marchés. Or cet escamotage, c’est la « bonne finance » aux yeux des dirigeants politiques.

 

Le pompage financier a deux inconvénients majeurs. Le premier tient à l’appauvrissement des flux de liquidités issues des ventes dans l’économie réelle et retournant vers les achats dans cette même économie. L’épargne se dirige vers la spéculation financière au lieu d’aller vers l’investissement réel, présenté comme trop aléatoire par des vendeurs de rentes réputées sans risques. De ce fait, la croissance s’effondre encore plus en raison de cet assèchement venant s’ajouter aux pompages politiques (voir le billet précédent).

Le second est que la fracture sociale se creuse entre ceux qui disposent de facilités d’épargne qu’ils peuvent investir dans la spéculation financière tournant en circuit fermé, et ceux qui n’ont pas d’épargne, ou seulement une épargne de précaution pour gérer les à-coups économiques et les aléas de la vie. Pour parler par euphémisme, ce phénomène sape l’harmonie sociale et les « capitalistes » sont rituellement honnis par les agitateurs d’opinion.

 

Le fond du problème, ce qui bloque toute tentative de correction du système, est que les dirigeants politiques souffrent d’une addiction à la dépense. Les financiers, qui se mobilisent et se démènent pour favoriser chez eux cette addiction (dont ils profitent pour prospérer) ne leur fournissent pas de médication. Plutôt qu’en thérapeutes, ils se comportent comme des producteurs et dealers de drogue.

Sont-ils plutôt pompiers, pompistes ou Shadoks ?, à vous d’en juger.

 

Si vous trouvez que ce billet est trop fantaisiste, prenez-le comme une fable, mais les fables d’Esope illustraient de façon imagée des réalités trop oubliées par la pensée unique.

 

… à plus …

11 mai 2014 7 11 /05 /mai /2014 15:05

 Economie F-R 3 


Une affaire de circulations imbriquées 

 

Comme chacun le sait, pour éviter les malentendus, il faut être précis dans la formulation. Or un concept, celui d’ « économie réelle », courre les rues, mais chacun y met ce qu’il veut. Pas étonnant qu’elle patauge !

 

Dans le présent blog, ce concept a un sens très précis : il s’agit de l’ensemble des activités qui alimentent la consommation et/ou qui sont elles mêmes des activités de consommation destructrice. Elles partent de la mise en circulation de ressources initiales, dont le travail humain, pour aboutir à une consommation finale, quasiment instantanée dans le cas des services ou de la nourriture, plus étalée dans le temps dans le cas des équipements domestiques ou professionnels. 

La valeur d’usage ainsi crée a pour vocation d’être éphémère et de disparaître en fin de parcours. Pourquoi alors parler de noria ?  D’abord parce que ce flux de valeur d’usage, qui va de la « production réelle » à la consommation destructrice génère toute la dynamique de cette « économie réelle ». Elle est un cycle sans fin de création et de destruction de valeur d’usage.

Dans cette noria de valeurs d’usage, les liquidités ne jouent qu’un rôle d’outil de troc qui permet les multiples  changements de propriété nécessité par le « système de production-consommation ». Par la magie de la comptabilité en partie double, elles ne sont que de l’information qui permet de créditer un compte courant de fournisseur et de débiter un compte courant d’acheteur. L’économie réelle ne crée pas de liquidités, elle se contente de les utiliser. Sur la durée, les flux entrant et sortant sont égaux et les différences momentanées ne peuvent provenir que de stockages temporaires pour faire face aux à-coups, pour traiter les irrégularités de rythme entre production et consommation.

En fait, cette façon de présenter les choses revient à considérer l’ensemble des activités constituant l’économie réelle comme ce qu’on appelle une « boîte noire » en recherche. On ne cherche pas à savoir ce qui se passe à l’intérieur. Ce qui est intéressant, c’est de faire le bilan des entrées et des sorties d’un flux d’une nature donnée, faisant l’objet de l’étude. Par rapport à la finance, l’économie réelle est une boîte noire qui reçoit et restitue des liquidités mais qui n’en crée ni ne détruit aucune. C’est une noria qui véhicule de l’information.

Dans cette économie réelle, le besoin de liquidités supplémentaires résulte des évolutions des productions et des technologies (le progrès) qui, entre autres, conduit à des circuits de production de plus en plus fragmentés et à des investissements qui ne seront amortis qu’à terme. Elles nécessitent des transferts de propriété de plus en plus nombreux. Il existe donc une demande de la part des acheteurs pour disposer de plus de liquidités sur leur compte courant. Ils se tournent alors vers le système financier qui gère leur compte.

Si le rythme d’alimentation des comptes n’est pas adéquat, une régulation est effectuée par l’économie réelle grâce au mécanisme inflation/déflation. La déflation est préjudiciable car la pénurie de liquidités bloque les activités. Une économie saine requiert une tendance inflationniste. Voir le billet « Un temps pour chaque chose… »

http://www.zenon-elee.fr/article-un-temps-pour-chaque-chose-et-chaque-chose-en-son-temps-120764845.html

 

Parlons un peu de l’épargne. Toujours dans ce blog elle a aussi un sens très précis. Il s’agit des liquidités sortant de l’économie réelle et qui n’y sont pas réinjectées rapidement pour des achats de « richesses consommables » : produits de consommation rapide, équipements ou produits intermédiaires.

Avec cet éclairage des réalités, il devient manifeste que le surcroît de liquidités ne peut provenir que de l’économie financière. Entendons par là l’ensemble des activités de l’industrie financière, hormis celles qui permettent d’assurer le fonctionnement des comptes courants pour l’achat et la vente de richesses consommables et qui, en conséquence, font partie de l’économie réelle car  elles sont nécessaires à son fonctionnement. Ce sont en l’occurrence des services dédiés.

 

Les activités financières sont fournies pour une bonne part par les organismes financiers, mais elles sont aussi le fait des personnes, physiques ou morales, qui donnent des ordres de gestion de leurs comptes courants en dehors d’une finalité d’économie réelle. Elles font alors des « placements ».

 

L’industrie financière dispose de différents outils légaux pour augmenter le montant des comptes en banque, mais tous se ramènent à des crédits, donc à l’échange de liquidités contre des créances. Certains sont bien décrits comme tels et sont représentés par des créances en bonne et due forme, comme les obligations ou les bons du Trésor. D’autres le sont d’une manière moins apparente. Citons par exemple les actions. Elles sont des titres représentant le fait qu’une personne, physique ou morale, a fourni à une entreprise des liquidités pour constituer son capital social, charge à elle de les rembourser par des dividendes et par des activités permettant une amélioration du cours des dites actions.

A la pointe de la pyramide de titres imbriqués que manipule l’industrie financière, se situent de fait les créances sur le futur imposées par les organismes émetteurs (banques centrales) aux utilisateurs des liquidités qu’elles créent. Cette pratique, sous contrôle théorique de l’exécutif politique, est sont particulièrement sournoise car les débiteurs factuels ignorent à leur création ces dettes qu’ils auront à supporter.

 

Nous pouvons aussi considérer les activités financières, qui ne concernent pas directement l’économie réelle, comme une autre boîte noire qui communique avec les comptes courants par des flux de liquidités, autrement dit des par des échanges d’information ad hoc pour la tenue comptable en partie double de ces comptes.

Cette boîte noire financière fonctionne donc aussi en étant alimentée par une noria de liquidités. Les comptes courants servent de sas de communication entre les deux boîtes, économie réelle et économie financière.

 

L’économie financière pompe les liquidités que constitue l’épargne. C’est sa matière première. Pour pouvoir la pomper, il est nécessaire d’assurer globalement un rendement aux placements, donc de restituer aux comptes courants plus de liquidités qu’elle n’en prélève. C’est cet apport aux comptes courants qui permet le développement de l’économie réelle évoqué plus haut.

Nous avons donc ici un fonctionnement déséquilibré  de l’économie financière pour ce qui concerne les liquidités. Il faut que fonctionne un réservoir, à solde nominal négatif, pour équilibrer les comptabilités en partie double. Il est  constitué par l’accumulation d’actifs comptables sans rapports opérationnels avec l’économie réelle. Pour se constituer, il s’accroît par étages.( http://www.zenon-elee.fr/article-la-pyramide-inversee-116489095.html)

 

Dans un fonctionnement naturel de l’économie, la régulation du rapport entre pouvoirs d’achat et volume de liquidités en circuit se fait au sein de l’économie réelle grâce à l’inflation. L’industrie financière dont l’existence est liée au crédit et au pompage de l’épargne, favorise au maximum l’attribution de crédits. Le volume de liquidités en circulation facilite la constitution d’épargne. Elle se prémunit contre les risques grâce à tout un arsenal de produits dérivés qui permettent de les mutualiser entre spéculateurs et/ou de les reporter sur les épargnants et les consommateurs. Il existe un potentiel inépuisable de crédit constitué par des consommateurs, les budgets étatiques, et les investisseurs.

Normalement,  cet afflux de liquidités devrait créer une importante inflation régulatrice. Il n’en est rien car l’industrie de la finance la combat en affectant l’épargne placée à un gonflement permanent du montant nominal des actifs. Elle favorise les pratiques spéculatives qui consistent en l’achat et la revente de supports dont la valeur nominale est croissante grâce au fonctionnement de bourses dont elle contrôle, pour la plupart, le fonctionnement.

Elle le fait avec les encouragements de la généralité des acteurs de l’économie. Pour les détenteurs de patrimoine, l’inflation est, à juste titre, synonyme de catastrophe. Pour les titulaires de rentes de situation c’est aussi le cas, ainsi que pour les consommateurs (tout le monde). Pour les acteurs politiques c’est un  grave danger car elle fragilise ouvertement les effets aléatoires des promesses démagogiques.

Le résultat de ces pratiques est la constitution de bulles d’actifs artificiels, toujours plus volumineuses et fragiles, qui finissent par éclater au détriment des « encaisseurs de risques » qui jouent ce rôle à leur insu. Il se crée alors des crises financières qui bloquent la circulation des liquidités et détériorent de ce fait le fonctionnement de l’économie réelle.

 

Conclusion, il est illusoire de chercher des remèdes à la crise actuelle en se faisant le « porteur d’eau » complice de l’industrie financière. Or, c’est ce que font généralement les dirigeants politiques de tous bords et de tous pays. Mais il n’est pas plus efficace de vouloir être son « fossoyeur » sous peine de voir également l’ensemble de l’économie s’effondrer, car c’est elle qui, en tant que fournisseur de crédits bien à propos, permet de mettre en œuvre un « progrès ».  Il reste à la réguler : « Vaste programme ! » comme avait dit le Général de Gaulle en d’autres circonstances.

 

… à plus …

 

6 mai 2014 2 06 /05 /mai /2014 15:56

pib 3

  Petit précis de métrologie

 

Chez nous en particulier, les économistes officiels, ceux qui font l’opinion des décideurs politiques, n’argumentent que par le PIB. C’est un avatar de l’esprit, prétendument scientifique, qui anime les héritiers du fameux « siècle des lumières ».  

Un esprit vraiment scientifique est très attentif à la validité de ses constats, donc à la fiabilité des mesures dont il dispose. La mesure est affaire de métrologie. Or celle-ci a établi une vérité universelle, comme quoi  « les instruments de mesure ne doivent pas être modifiés par les résultats des mesures pour lesquelles ils sont utilisés ».

 

Il est fort dommage que les économistes en question ne connaissent pas, apparemment, ce principe. Il est pourtant simple à comprendre : si l’observation modifie le vision, et si la vision modifiée modifie l’observation, il se crée un cercle vicieux qui auto-illusionne l’observateur et conduit à un grand « n’importe quoi ». Quand les observateurs en question se trouvent être les navigateurs des pilotes qui conduisent le char de l’Etat, bonjour les dégâts !

La sortie de crise n’est pas pour demain ...

 

Le char de l’Etat fonctionne comme un piéton sur un terrain inconnu et accidenté, qui ne regarderait que le bout de son index tendu à l’horizontale, droit devant lui, pour guider ses pas. Le cassage de figure est assuré. Il ferait mieux de regarder où il met les pieds.

 

Pourquoi cette affirmation péremptoire ?

 

La raison en est très simple. Le PIB est calculé avec comme matière première la comptabilité des organismes. Dans un contexte d’économie mondialisée, ces comptabilités sont notablement influencées par les taux de change. Ceux-ci sont eux-mêmes influencés par les PIB nationaux, y compris le notre.

Le cercle vicieux est bouclé.

Nous sommes dans une situation où les politiques monétaires sont l’objet de multiples opérations d’adaptation à une conjoncture qui échappe au contrôle des contrôleurs que sont censés être nos gouvernants. Le déficit commercial de notre pays est croissant inexorablement et la dépendance des pouvoirs publics est renforcée par la recherche de financements extérieurs (déficit budgétaire, recherche d’investissements extérieurs, etc.). La sensibilité aux fluctuations des changes est maximale. Alors, quelle peut être la signification d’une variation de quelques fractions de pourcent, à peine des frémissements dans un sens ou dans l’autre ?

 

Au lieu de regarder le bout de leur index impératif, nos dirigeants feraient bien de regarder les réalités économiques pour trouver de bons indicateurs. Ils ne manquent pas mais ils sont dérangeants car ils débouchent sur des propositions de refonte complète de notre système socioéconomique.

Une telle remise à plat, pour porter du fruit, demanderait des années. C’est un timing qui outrepasse largement les échéances électorales. De plus, cela remettrait en face de leurs erreurs aussi bien les politiques que le monde syndical. Autrement dit, les résistances au changement seraient considérables. Pourtant, au lieu de personnages politiques ne portant attention qu’à leur statut, il nous faudrait des hommes (ou femmes) d’Etat, soucieux de l’ensemble de la collectivité nationale, quitte à passer la main comme le chancelier Schröder en son temps.

 

Pour trouver des indicateurs valables pour les réalités socioéconomiques, les propositions ne manquent pas :

  • Le taux de chômage effectif, en retirant des actifs les improductifs ( emplois  fictifs aidés, titulaires de rentes de situation, … ) qui ne fournissent aucune production répondant à des besoins prioritaires en regard des besoins « réels » de la population.

  • Le coût exorbitant des impôts et prélèvements divers :

  • La réalité des pouvoirs de consommation.

  • Les écarts sociaux (et leur variation en termes de revenus) entre le « top 1% » et la moyenne nationale.

  • La prolifération des incivilités qui perturbent tout le monde, en particulier les moins nantis.

  • Etc. ...

 

En fait, pour juger de la réalité des besoins il y existe un critère simple, c’est le caractère « marchand » de la production correspondante. La question à se poser est « le citoyen ordinaire est-il prêt à cotiser pour que  le service correspondant soit assuré ? ». C’est le cas de l’assurance vieillesse ou de l’assurance maladie. Encore faut-il que la qualité des prestations soit en regard avec les espérances.

Aux gouvernements ne correspond qu’un nombre limité de charges « régaliennes » à financer par l’impôt : l’établissement des lois, la justice, la sécurité, la défense.

Pour le reste, certaines productions étatiques peuvent être considérées comme marchandes car une concurrence privée existe : la formation, la santé, les transports. L’état joue alors un rôle de re-distributeur, afin que tout le monde y ait accès et pas seulement les bien nantis.

Pour le reste, qu’il s’agisse des œuvres prétendument « culturelles » des bobos germanopratins, de prolifération d’échelons administratifs pour fournir des sinécures aux copains, de financement des syndicats et des partis, etc., leur financement devrait être assuré par les cotisations des demandeurs.

 

Les illusionnistes sont bernés par leurs propres tours, les magiciens sont victimes de leurs propres sortilèges et le problème du PIB n’en est qu’un parmi d’autres. Le problème majeur est que, plus le temps passe, plus la situation s’aggrave et demandera plus d’efforts et plus de temps pour être redressée.

 

à plus …

 

24 octobre 2013 4 24 /10 /octobre /2013 11:27

temps 1  

  La chronologie a toujours raison, même dans les contes de fées. 

 

Nous avons sélectionné Cendrillon comme symbole de l’économie réelle, celle qui regroupe toutes les activités élémentaires permettant d’assurer les multiples consommations de l’espèce humaine. A ce titre et compte tenu des billets précédents, nous pouvons deviner qu’elle était contrainte par les deux autres personnages symboliques, fréquents dans les contes de fées, la marâtre politique, autoritaire et enfermée dans sa bulle peuplée de fantasmes de pouvoir et de célébrités discutables, et le lycanthrope (ou tout autre ogre vorace) spéculateur, exploiteur et jouisseur.

Nous avons perçu également que toutes ses activités, indépendamment des pressions de ses deux tuteurs indignes, n’avaient pas nécessairement une utilité incontestable et qu’elle perdait peut-être trop de temps à des occupations parasites.

Le sujet n’étant pas encore complètement épuisé (si j’ose le prétendre) nous allons regarder une troisième tyrannie, encore plus implacable car elle s’impose même aux deux autres  protagonistes, c’est celle de la chronologie, autrement dit celle des calendriers et des horloges. Les douze coups de minuit sonnent toujours trop tôt pour Cendrillon, au grand dam des carrosses et des parures d’apparat.  

 

En effet, pour produire, et ce d’autant plus que le système de production est plus complexe, il faut au préalable s’en être donné les moyens, et prendre tout le temps de dérouler les processus productifs. Il faut avoir mis en fonction des équipements, approvisionné des ressources et formé convenablement des opérateurs. Si la logistique d’approvisionnement se calcule en mois, l’investissement productif en équipements et en formation demande de s’en préoccuper des années d’avance. Et tout cela doit viser des besoins futurs dont certains sont à peine envisageables, au risque de se tromper lourdement et de perdre tout ce que l’on a investi.

 

Pendant toutes les phases préparatoires, celles qui précèdent la production finale, il faut assurer la consommation de tous ceux qui préparent les consommations futures (et de ceux qui produisent déjà pour le quotidien des producteurs et de tous les autres qui s’approvisionnent au râtelier commun). En pratique, cela veut dire qu’il faut engager des liquidités supplémentaires par rapport à celles qui alimentent la consommation actuelle, avec une prise de risque non négligeable, bien avant que les consommations prévues puissent s’effectuer.

 

En conséquence, avant le retour sur investissement, il faut augmenter le flux des liquidités tournant en circuit fermé dans le cycle production/consommation alors que la production consommable stagne encore. Cela peut se faire en recyclant l’épargne inutilisée ou en provoquant la création de liquidités. La valeur nominale des richesses consommées augmente alors que leur quantité ne bouge pas encore. C’est l’inflation « saine » qui accompagne la croissance (la courbe de Phillips).

Le phénomène peut être atténué par les gains de productivité. Si le volume de certaines richesses consommées s’accroît sans nécessiter des liquidités supplémentaires. Leur prix va alors baisser.

A contrario, si certaines ressources, richesses intermédiaires ou richesses finales se raréfient en raison à la fois des consommations finales en cours et de l’investissement dans des productions futures, leur prix va augmenter. C’est habituellement cette tendance qui l’emporte.

Dans les secteurs où les gains de productivité sont faibles, et c’est généralement le cas dans les productions de base, l’effet inflationniste joue à plein. Dans les secteurs innovants, celui des produits dont on se passait autrefois, les gains de productivités sont élevés et l’effet déflationniste se constate. Pour prendre un raccourci, disons que le prix des patates augmente alors que celui des smart-phones G4 baisse. Les classes sociales « d’en bas » se lamentent, les classes « d’en haut » se réjouissent, la fracture sociale se creuse, et les statisticiens macro-économistes, obnubilés par la comptabilité, ne comprennent pas ce qui se passe parce que les chiffres disent que l’inflation est contrôlée tant que la résultante des deux tendances combinées est modérée.

 

Il faut dire que l’inflation est un sujet très sensible. Les politiciens en place la redoutent parce qu’elle est source de mécontentement généralisé quant à leur conduite des affaires. Les spéculateurs l’ont en horreur car elle diminue la valeur « réelle » des liquidités, donc leur capacité effective d’échange, et la crédibilité des actifs comptables. Les consommateurs la craignent car elle réduit leur pouvoir d’achat réel.

Les trois partenaires se liguent factuellement pour la rogner et s’arrangent pour dénaturer la plupart des prétendus investissements < Investissement Carnaval >.

Les politiciens matraquent les entrepreneurs « réels » à coup de taxes et de prélèvements divers. Les financiers pompent l’épargne en alléchant les épargnants qui craignent pour leurs économies. Qui plus est, pour eux l’investissement productif est risqué car ils ignorent superbement les réalités productives réelles, avec les aléas qui les accompagnent. Les consommateurs cèdent aux sirènes des financiers et affectent leurs économies à des produits dérivés à rendement attractif (en endossant ainsi les risques pris sur les créances par les spéculateurs institutionnels), quitte à emprunter pas ailleurs à des coûts plus faibles pour des consommations. La résultante est une crise de financement pour les investissements utiles, quel que soit le volume des liquidités injectées dans la consommation en tant que panacée pour une mythique « croissance ». Au mieux, il se produit quelques frémissements sur le PIB comptable mais le mécontentement et le chômage progressent tandis que les consommations baissent et que la rigueur s’installe.

 

Quand bien même nos dirigeants factuels perchés dans leurs tours d’ivoire comprendraient-ils la réalité des processus qu’ils torpillent de droite et de gauche, quand bien même ils auraient une vision opérationnelle des fonctionnements réels, ils buteraient sur un autre problème.

S’inscrire dans une vision chronologique « réelle » impose une prospective sur les besoins, prospective à la fois qualitative et quantitative. Dans un monde aux ressources limitées c’est indispensable. Ce n’est pas avec des statistiques comptables sur le passé qu’ils peuvent avoir une vision valable pour un nombre respectable d’années futures. C’est encore plus manifeste quand ils sont incapables de raisonner au-delà des prochaines échéances électorales et des péripéties quotidiennes des rivalités claniques de leur microcosme.

Mais peut-on traiter valablement ce problème de prospective générale qui ne peut que s’inscrire dans une logique de besoins valable pour une génération ?

 

Nous pouvons au moins suggérer un préalable et un mode opératoire. Si d’aucuns ont mieux à proposer qu’ils ne se retiennent surtout pas de la faire.

Le préalable est à la fois la vision multidimensionnelle (déjà évoquée sur ce blog) et la prise en considération des besoins globaux, dans notre économie mondialisée incapable de revenir en arrière sans une régression désastreuse. C’est adopter une vision non pas égocentrée mais ouverte sur « les autres et leurs réalités », une vision altruiste.

Le mode opératoire est d’adopter les modèles qui font la preuve de leur efficacité. Il en est un qui fonctionne sur Terre depuis la nuit des temps. Il combine la porte ouverte à toutes les possibilités d’évolution et la sélection des avancées prometteuses. C’est par exemple de cette façon que s’est faite la sélection des espèces animales et végétales dans l’agriculture.

Transposée à notre problème, c’est d’abord faciliter l’entreprenariat avec quelques précautions préalables pour éviter les risques évidents. C’est ensuite bloquer rapidement les démarches nuisibles aux intérêts collectifs à grande échelle, à moyen et long terme.

Vous allez me dire qu’est-ce que signifie « nuisible » ? Je vous propose alors « nuisible à la dignité humaine de l’acteur et de tous ceux qui se trouvent impliqués dans les conséquences de l’entreprise en question ». C’est bien sûr une question de civilisation.

Il faut sans doute commencer par se civiliser pour trouver un sens commun à la vie humaine mais je passe alors la parole aux philosophes dont je ne suis pas.

 

En revenant vers le fabuliste soussigné, nous retrouvons à Cendrillon. Pour se soumettre au temps, elle s’est trouvée obligée de regarder à la fois le calendrier et l’horloge. Pour maîtriser ses délais d’approvisionnement, elle a du se mettre à la culture potagère et fruitière ainsi qu’à l’élevage des volailles. Elle s’est organisée avec ses homologues des châteaux voisins pour procéder à des échanges et elle s’est fait affecter un petit pécule pour pouvoir aller au marché, mais elle est très économe car ses persécuteurs sont très regardants. Elle planifie ses journées pour servir à la bonne heure le petit déjeuner, le déjeuner et le dîner, tout en vaquant à ses autres occupations inévitables. Ses petites mains (et ses petits pieds avec ou sans pantoufle) ne chôment pas

 

Comme elle est coquette, elle essaye de mettre un peu d’argent de côté pour pouvoir s’offrir un peigne et une brosse pour se coiffer mais ce n’est pas facile.

Ses tuteurs se plaignent tout le temps et quand elle a été prévenue trop tard de leurs exigences, qu’elle n’a pas pu les satisfaire, ils viennent taper dans sa caisse pour aller au restaurant.

Le lycanthrope vient y puiser aussi pour aller au casino jouer au poker. Quand il gagne, il rembourse avec un tout petit intérêt. Il a même réussi à lui soutirer ses petites économies à elle pour « les faire fructifier ». Quand il perd, il vient lui demander quelques faveurs qu’il rétribue avec des reconnaissances de dette en guise de remboursement.

La marâtre tape aussi dans la caisse pour donner des oboles aux quémandeurs qui font la tournée des châteaux et qui viennent sonner à sa porte, car elle espère bien qu’ils voteront pour elle aux prochaines municipales. Elle, elle ne rembourse jamais.

 

Pour renflouer sa caisse, Cendrillon vend ses recettes de cuisine mais c’est de plus en plus difficile parce que maintenant tout le monde les connaît. Elle vend aussi ses ustensiles en espérant pouvoir les remplacer un peu plus tard et, en attendant, elle essaie d’en emprunter. La aussi c’est de plus en plus difficile. Elle est arrivée à vendre cher son presse-purée à manivelle à une collègue chinoise, en la convaincant que la soupe moulinée était meilleure que sa soupe traditionnelle. Maintenant, elle s’en mord les doigts car ses maîtres trouvent qu’il y a trop de grumeaux dans la purée écrasée à la fourchette.

Elle se demande aussi comment elle va pouvoir payer le combustible pour ses fourneaux car son prix augmente continuellement.

Bref, sa vie n’est pas rose. Elle attend toujours sa marraine, la bonne fée, mais il semble que celle-ci est trop occupée pour voir le temps passer car elle n’est  toujours pas venue. En attendant, Cendrillon cultive des citrouilles : au moins, on peut en faire du potage et elle pourra peut-être en vendre aux sorcières pour Halloween.

 

à plus …

20 juin 2012 3 20 /06 /juin /2012 12:04

 

euro 

 

 

 

              ou l’addiction à une monnaie trop forte.

 

 

 

C’est un sujet tabou. Que je sache, il n’est jamais abordé dans les réunions du G20 car il dérange tous les princes qui nous gouvernent. L’assujetti ordinaire n’a pas les mêmes scrupules, alors, allons y.

 

Pour les petits curieux qui regardent autour d’eux, il existe un sujet d’étonnement sans réponse officielle. Comment se fait-il que, dans certains pays, nombreux, à compétences égales, à performances équivalentes et à conditions de travail comparables, les salariés soient payés nettement moins cher moins cher que chez nous ? Pour un pays donné, mettons le Maroc (qui n'est pas très loin), c’est inférieur à la moitié. Suivant les contrées et les professions, cela peut être un peu différent mais le phénomène est très fréquent. Pourtant, le niveau de vie y est tout à fait honorable (à conditions professionnelles comparables, bien sûr).

Evidemment, c’est parce que, chez eux, tous les produits et services de consommation courante sont aussi en proportion. Cela tient aux « taux de change ».

Cela signifie donc que les taux de change n’ont pas grand-chose à voir avec l’économie réelle, ne pensez-vous pas ?

 

 

Ce phénomène curieux s’installe de manière très insidieuse. A partir d’un contexte propice, plusieurs phénomènes se mettent en place et se développent de manière irréversible.

 

 

Ø      L’enclenchement

 

-      Situation de départ - Un pays, la France par exemple (mais d’autres sont tout autant concernés), réunit les conditions de fonctionnement d’une économie suffisamment solide (ressources, compétences, infrastructures, structures de production, de distribution et de gestion financières bien rodées, organisation politique stable, dirigeants plutôt honnêtes et compétents, …) – Dans d’autres pays, certaines des conditions ci-dessus, notoirement, ne sont pas remplies ce qui crée des inquiétudes quant à l’évolution de l’économie et la garantie chez eux du droit de propriété.

 

-      Les populations des différents pays ont intérêt à commercer ensemble de manière à ce que la répartition des activités de production soit optimisée en termes d’efficience globale. Dans une économie générale mondialisée, c’est ce qu’elles font à grande échelle. Il existe des échanges de produits et de services entre pays et des échanges de monnaies en conséquence.

 

-      En raison du commerce international, les vendeurs des autres pays vont recevoir  des euros (des francs précédemment), et nos représentants vont se voir proposer d’autres monnaies. Les détenteurs de liquidités essayent de maintenir leur pouvoir d’achat. Beaucoup de ces autres monnaies inspirent des inquiétudes à leurs possesseurs. Ils vont essayer de les éviter, pour thésauriser des monnaies plus solides, ou de les échanger contre des euros. Il va y avoir sur le marché des changes un déséquilibre des offres et des demandes. La cote de l’Euro va grimper. De ce fait nos biens durables vont aussi être surcotés par rapport à leurs équivalents ailleurs.

Si l’on peut parler d’objectivité dans ce domaine, le décalage des cotes a comme justification l’écart des risques concernant la propriété de richesses dans les différents pays.

 

-      L’évolution des cotes respectives des monnaies, toutes choses égales par ailleurs, va nécessiter que les quantités de produits exportés des pays à monnaie plus faible augmentent face à nos exportations pour maintenir l’équilibre du commerce. Leurs populations devront travailler plus pour consommer nos productions s’ils en ont besoin. A travail égal, qualitativement et quantitativement, les niveaux de vie seront supérieurs chez nous.

 

 

Ø      La  désindustrialisation

 

Plusieurs évolutions vont se produire :

 

-      Pour des produits équivalents, il sera plus intéressant, en raison des différences de prix de revient, de les acheter ailleurs que de les produire. Il y aura une pression factuelle des consommateurs sur les chaînes de distribution pour faire évoluer leurs approvisionnements dans ce sens.

Chez nous, les producteurs des produits concernés n’auront plus de clients et une désindustrialisation (au sens large incluant aussi des productions agricoles) va se produire. Cela va concerner au début tous les produits qui peuvent être fabriqués indifféremment dans tous les pays.

 

-      Nos équipementiers affectés par la désindustrialisation, bénéficiant de leur savoir-faire, vont chercher et trouver des clients dans d’autres pays, ce qui soutiendra l’équilibre commercial pendant quelques temps. De toutes les façons ils n’auront pas d’autres choix  pour subsister. C’est tout aussi vrai dans les pays dans la même situation que ceux de l’Euroland (USA, GB …).

La désindustrialisation va faire tache d’huile. De manière générale, toutes les productions de consommation courante, ne demandant pas de main d’œuvre très qualifiée ni expérimentée, ni des conditions structurelles particulières, vont tendre à émigrer, avec un chômage chez nous pour la main d’œuvre peu qualifiée.

 

-      Pour des raisons de coût de main d’œuvre (et d’autres citées plus loin), la fabrication d’équipements, la recherche technologique et le savoir-faire vont alors se développer dans d’autres pays, les BRICS entre autres.

 

-      Il ne subsistera chez nous que les productions de haut de gamme demandant un savoir-faire très spécifique, certaines productions de niches, les productions soutenues artificiellement par des subventions, ainsi que les productions de prestige, bénéficiant (tant que cela peut durer) de l’image de luxe attachée au pays.

Le manque de débouchés pour les produits locaux dans de nombreux secteurs de l’économie, combiné avec les habitudes anciennes et les inerties du système social et éducatif, va entretenir un chômage structurel.

 

-      Dans ce processus, nos avantages à base de savoir-faire spécifique disparaissent progressivement. Les secteurs réputés culturels et artistiques résistent mieux parce qu’ils bénéficient de structures bien rodées de promotion, et du prestige de la culture, auprès des nouveaux riches qui cherchent à se doter d’une image de respectabilité intellectuelle.

 

-      Malgré la désindustrialisation, la situation est ressentie comme confortable par la majorité de nos concitoyens (ceux qui ne souffrent pas réellement du chômage) pour plusieurs raisons : Les consommateurs ont à leur disposition des produits à plus faible coût, sans avoir à supporter les contraintes de leur production – Les objets monétaires euros (créances) trouvent facilement preneurs, l’industrie financière est prospère – Les entrepreneurs peuvent facilement entreprendre de manière capitalistique dans les autres pays – Les propriétaires disposent de richesses surévaluées, ils sont des « riches » – Les travailleurs venant des autres pays sont disposés à assurer les travaux pénibles ou déconsidérés.

L’inconvénient du chômage, par contre, nécessite la mise en place de dispositifs de prélèvement et de redistribution pour éviter trop de tensions sociales. Cette situation est supportable jusqu’à un certain niveau.

 

 

Ø      L’équilibre des comptes

 

Il s’agit d’équilibrer les échanges, il faut vendre quelque chose pour équilibrer nos achats de consommation.

 

-      Les créances trouvant facilement preneur. L’industrie financière qui en vit encourage le crédit. Tout le monde y recourt : Les instances publiques pour financer leurs générosités sans avoir à imposer trop de taxes impopulaires – Les consommateurs éblouis par les fantasmes d’une consommation sans limites – Les investisseurs pour leurs projets dans tous les pays – Les spéculateurs pour spéculer – Les organismes sociaux pour faire face à la croissance des effets de l’inactivité.

Des créances sous diverses formes, ou des produits financiers dérivés à base de créances sont donc vendus largement aux possesseurs étrangers d’euros.

 

-      Les propriétaires qui ont des besoins de liquidités et qui ne veulent pas s’engager dans des surendettements irraisonnés trouvent facilement preneurs pour leurs biens intéressants, à des prix élevés, auprès des très riches des autres pays. Cela concerne principalement deux natures de biens, les achats de prestige et les parts de sociétés (avec le savoir-faire, les équipements et les pouvoirs de décision que cela représente). C’est « la vente de bijoux de famille » !

Ce phénomène est masqué temporairement comme « investissement de capitaux étrangers » et les gogos se réjouissent de « l’attractivité du pays ».

 

-      Les propriétaires des autres pays  qui veulent spéculer ont accès à nos services bancaires, développée et bien organisée. Nous vendons des services financiers.

D’autres services sont aussi vendus, formation supérieure et connaissances technologiques, services d’ingénierie, ainsi que les équipements qui vont avec (tout au moins au début).

 

-      En contrepartie, nous achetons des produits et services tangibles qui disparaissent dans la consommation et dont il ne reste que les résidus polluants.

Les autres pays se trouvent donc alimentés en richesses durables, qu’elles soient cotées ou non, titres, parts de sociétés, équipements, savoir-faire, formation supérieure, brevets et licences.

 

-      Les comptes sont équilibrés, « Tout va très bien Madame la Marquise ! » … Il y a quand même un « tout petit rien », nous nous vidons d’une bonne partie de nos atouts concurrentiels et les autres pays disposent de créances qui ne demandent qu’à s’exercer à nos dépens. Tant que l’Euro reste très surcoté, cela freine le dépouillement progressif mais le moindre signe de faiblesse peut provoquer un hallali.

 

 

Ø      L’addiction

 

-      Pour les approvisionnements de consommation, nous devenons de plus en plus dépendants, d’autant que tous ont pris l’habitude de consommer largement sans s’investir dans des activités de production. Une addiction à la consommation est installée, conjointement à une habitude d’assistanat public et au recours culturel à « l’Etat Providence ».

La nécessité de produire pour consommer est complètement passée aux oubliettes par des élites nanties converties à l’hédonisme.

 

-      Pour maintenir nos capacités d’approvisionnements, nous n’avons que la ressource des activités financières, à base de crédit et de spéculation, afin de faire fructifier les rentrées d’euros.

 

-      Les biens durables prennent des valeurs de plus en plus élevées, ceux de nos concitoyens en premier lieu mais aussi ceux des riches étrangers.

Il se crée un écart de richesses grandissant entre, d’une part les privilégiés et les propriétaires qui voient leur patrimoine s’accroître mécaniquement en valeur, d’autre part les producteurs ou assistés qui dépensent tous leurs revenus, surtout s’ils font appel au crédit pour céder aux séductions ludiques de la société de consommation. Le mécontentement tend à devenir explosif.

 

-      Pour financer les dépenses publiques, des prélèvements importants sur les flux monétaires sont nécessaires (plus de la moitié du PIB).

Les flux relatifs aux activités financières et spéculatives sont considérables, mais celles-ci sont en grande partie mondialisées.  Dans de nombreux cas, faire apparaître l’accroissement d’une richesse à un endroit ou à un autre du globe est une simple question de jeux d’écritures. Pour conserver sur le domaine national la matérialisation comptable d’un accroissement de richesse, il faut limiter les prélèvements. Les taxes sur les revenus financiers et sur les plus-values doivent rester très mesurées. Néanmoins l’évasion fiscale est élevée et les paradis fiscaux se portent bien.

Les flux monétaires relatifs à la consommation locale et à la production qui subsiste sont eux bien localisés. Ils sont donc ponctionnés (TVA, cotisations sociales). Les coûts sont accrus d’autant. La compétitivité diminue et la désindustrialisation s’accélère.

Le recours au crédit arrange tout le monde …, tant qu’il peut durer.

 

-      Cette situation de monnaie forte (chez nous et ailleurs) et de recours au crédit facile est encouragée par les BRICS qui tirent des bienfaits substantiels de la situation. Ils n’ont aucune difficulté à maintenir des écarts de change favorables à leurs intérêts étant donné nos aveuglements. Les possédants de tous les pays soutiennent cette addiction qui conduit à une survalorisation permanente de leurs avoirs en euros.

 

L’addiction pathologique s’installe à partir du moment où la balance commerciale devient déficitaire et où la balance des comptes ne reste équilibrée que grâce à une augmentation conventionnelle, à base spéculative, de la valeur des richesses durables intransportables ailleurs. Le déficit des productions est compensé par une vente à tendance hémorragique de celles-ci à l’étranger.

 

L’accroissement de l’endettement et la croissance conventionnelle continue des richesses durables sont-ils irréversibles ? En raison de l’aveuglement populaire (souvent entretenu par démagogie) et de l’addiction généralisée à la consommation matérielle, on peut le penser. La seule solution est une combinaison délicate entre une rigueur sélective du côté des consommations et une inflation contrôlée pour permettre un atterrissage en douceur. Cela impose un rééquilibrage des revenus pour répartir les chocs.  C’est tellement délicat et cela demande tellement de consensus international que c’est probablement utopique, mais « point n’est besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer ».

 

Monsieur Calderon raille Monsieur Hollande qui fait le choix de fermer les yeux sur les réalités. C’est paradoxal. Il devrait lui aussi porter des lunettes car, bien que la GB ait du pétrole, que la City se porte bien, et que la jet-set affectionne Londres, la foule ordinaire renâcle aussi chez lui.

 

Je n’en dirai pas plus car « il ne faut pas parler de corde dans la maison d’un pendu » dit la sagesse populaire.

 

      à plus …

 

PS - Le Quatar vient d'acheter chez nous quatre grands hôtels de luxe ...

 

 

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  • Ahuri par certains comportements, allergique au prêt-à-penser et narquois à l'égard du politiquement correct.

Pour en savoir plus, se reporter à la page "Le masque d'Esope";
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